Série B typique de la société Dark Castle, Le vaisseau de l’angoisse n’est pourtant pas un remake, mais une œuvre originale sympathique plombée par des personnages caricaturaux. A voir d’un œil distrait.
Synopsis : Construit en 1954, le prestigieux paquebot “Antonia Graza” était l’orgueil de l’Italie. Jusqu’à cette nuit tragique de 1962 où la mort s’abattit brutalement sur le navire, fauchant en quelques instants tous ses occupants. Quarante ans plus tard, Sean Murphy, le capitaine du remorqueur Arctic Warrior, et Maureen Epps, son chef d’équipe, sont contactés par Jack Ferriman, un pilote canadien qui a repéré dans la mer de Béring l’épave du paquebot disparu. Murphy, Epps et leurs hommes n’hésitent pas une seule minute. Ils se sentent prêts à affronter tous les dangers pour réparer l’épave, la ramener à bon port… et la revendre à bon prix. Des phénomènes étranges ne vont pas tarder à se produire.
Un Shining sur les flots
Critique : La société de production Dark Castle Entertainment a été initialement créée pour mettre sur pied des remakes contemporains des séries B dégoupillée par William Castle dans les années 50-60. Le but était de conquérir un nouveau public avec les concepts ingénieux de cet illustre héritier des forains. Ainsi, le studio a produit La maison de l’horreur (Malone, 1999) et 13 Fantômes (Beck, 2001). Toutefois, devant les résultats assez peu concluants au box-office, la société décide de se lancer dans la création d’œuvres originales qui reprendraient toutefois un style quelque peu old school.
Les producteurs engagent donc les scénaristes Mark Hanlon et John Pogue (The Skulls, société secrète, 2000) afin de créer une sorte de Shining sur paquebot. Consciencieux, les auteurs ont bien intégré des éléments issus du film de Kubrick, comme cette présence permanente de fantômes, ainsi que celui d’une petite fille habillée de manière similaire à celle du film de 1980. Malheureusement, Le vaisseau de l’angoisse ne parvient jamais à égaler son prestigieux aîné dont il singe seulement les aspects les plus effrayants.
Une écriture paresseuse qui sacrifie les personnages
Le principal défaut du long-métrage vient d’une écriture des personnages à la truelle, terriblement symptomatique des dérives du Hollywood des années 90 et du début des années 2000. De peur de s’aliéner une partie du grand public, les producteurs ont cru bon d’ajouter une bonne dose d’humour par le biais de personnages cool. Ainsi, le duo de crétins formé par Karl Urban et Ron Eldard nous donne souvent des envies de meurtres tant ils nous irritent. Chaque protagoniste est défini par un seul et unique trait de caractère, favorisant ainsi les clichés.
Autre gros point négatif, Julianna Margulies n’a absolument pas la stature pour être une héroïne à la Ripley et ne provoque jamais l’empathie du spectateur. Finalement, seul le vétéran Gabriel Byrne tire son épingle du jeu, même s’il balade son regard un peu absent tout au long d’un film que l’on imagine purement alimentaire.
Les superbes décors et le recours au gore sauvent un peu les meubles
Le réalisateur Steve Beck, qui a fait quelques petits progrès depuis le déplorable 13 fantômes (2001), livre une réalisation correcte, mais qui privilégie un peu trop les jump scares. Il parvient toutefois à créer une vague ambiance angoissante grâce à la mise en valeur d’un décor souvent splendide. Le bateau en question est effectivement très charismatique, aussi bien à l’intérieur que vu de l’extérieur où il fait penser aux toiles peintes du Polonais Beksinski.
Autre élément de satisfaction, les scènes de meurtre sont généralement bien gore, même si cela reste malheureusement réalisé grâce à des effets numériques qui ont tendance à trop lisser le résultat final. On aime particulièrement la première séquence choc du massacre collectif, ainsi que le flashback explicatif, lui aussi bien sanglant. Entre-temps, le script se traîne un peu et l’ensemble n’est ni désagréable, ni enthousiasmant.
Une série B dispensable
Signalons enfin un goût discutable en matière d’illustration sonore, avec une musique alternativement grandiloquente quand elle se veut symphonique ou ringarde lorsqu’elle est destinée à promouvoir le groupe du moment (ici Mudvayne et son neo metal qui a bien mal vieilli).
Décevant par rapport à son potentiel, Le vaisseau de l’angoisse constitue aujourd’hui une petite série B qui s’apparente davantage à un téléfilm de luxe, tout de même sympathique. Le résultat au box-office ne fut guère enthousiasmant, même si le film est tout de même rentré dans ses frais, notamment grâce à la vidéo. En France, ils furent 376 932 spectateurs à faire le déplacement, soit un résultat légèrement supérieur à celui de 13 fantômes, mais bien moindre que celui de La maison de l’horreur.
Les sorties de la semaine du 1er janvier 2003
Biographies+
Steve Beck, Gabriel Byrne, Julianna Margulies, Ron Eldard, Karl Urban, Desmond Harrington, Isaiah Washington, Emily Browning