Le photographe est une romance drôlement douce au cœur d’une Inde encore et toujours tiraillée entre modernité et traditions.
Synopsis : Raphi, modeste photographe, fait la rencontre d’une muse improbable, Miloni, jeune femme issue de la classe moyenne de Bombay. Quand la grand-mère du garçon débarque, en pressant son petit-fils de se marier, Miloni accepte de se faire passer pour la petite amie de Rafi. Peu à peu, ce qui n’était jusque-là qu’un jeu se confond avec la réalité…
Par le réalisateur de The Lunchbox
Critique : Réalisateur et cinéaste d’origine indienne, Ritesh Batra n’a que peu d’attirance pour le Bollywood, ce style cinématographique très répandu en Inde et qui se caractérise par la production intensive de mélos peuplés de héros superbes et de décors somptueux sur fond de comédie musicale kitchissime. Après plusieurs courts métrages, il connaît un succès mondial avec The lunchbox, qui ne se contente pas de relater une délicate histoire d’amour épistolaire mais dresse aussi un portrait de la vie quotidienne à Bombay. Après s’être éloigné du continent qui l’a vu naître avec Nos âmes la nuit interprété par Jane Fonda et Robert Redford, diffusé uniquement sur Netflix, puis un an plus tard A l’heure des souvenirs avec Jim Broadbent, Charlotte Rampling et Michelle Dockery, il revient prendre la mesure des différences sociales au cœur de sa ville natale.
Rafi, un villageois qui doit trouver un moyen de rembourser les dettes que son père a laissées, s’est proclamé photographe. Dans cette grande ville où se pressent touristes décontractés et familles endimanchées, il prend des images des passants qu’il tente de leur vendre. C’est ainsi qu’un jour, il photographie Miloni, une étudiante modèle issue de la bourgeoisie traditionnelle qui vit encore chez ses parents et doit s’en remettre à eux pour tous ses choix, y compris celui d’une carrière et d’un futur mari, mais qui rêve cependant d’émancipation. Dans un pays aux castes imperméables, ces deux-là n’auraient jamais dû avoir la chance de s’adresser la parole. Mais le jeune homme, pour répondre à l’injonction de sa grand-mère qui le pousse à se marier, utilise les photos de Miloni pour élaborer un mensonge autour d’une éventuelle idylle. Pour chacun d’entre eux, commence la découverte d’un autre monde et l’occasion d’un nouveau départ.
Le photographe, une bulle de tendresse et de sérénité
Entrecroiser le destin de deux personnages que tout oppose reste assurément le jeu (car il y prend manifestement un réel plaisir) favori de Ritesh Batra. C’est aussi la meilleure base d’une comédie romantique. Certes l’intrigue est prévisible. Mais le récit avançant par touches délicates, entre fausse naïveté et réalité sociale, transporte vite le spectateur dans une bulle de tendresse et de sérénité que certains ne manqueront sans doute pas de qualifier de languissante. Réunissant sensibilité et légèreté, les dialogues n’en oublient pas moins de diffuser une bonne dose d’humour, coupant court à tout risque de mièvrerie. Les scènes entre l’énergique grand-mère, garante des traditions et la timide jeune femme, avide de modernité, ne se contentent pas de nous révéler l’ampleur du malentendu entre les différentes couches de la population mais nous réservent aussi les moments les plus récréatifs de cette histoire d’amour exotique à laquelle les deux comédiens apportent chaleureusement leurs talents respectifs. Un film qui n’a d’autre ambition que de procurer quelques moments de bonheur et qui y parvient pleinement.
Critique : Claudine Levanneur
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