La poupée de Satan : la critique du film et le test blu-ray (1969)

Epouvante-Horreur, Thriller | 1h29min
Note de la rédaction :
4/10
4
La poupée de Satan, la jaquette du blu-ray

Note des spectateurs :

Nanar improbable ou objet cinématographique à la lisière de l’abstrait, La poupée de Satan ne fera guère l’unanimité. Il s’agit d’une rareté à réserver uniquement aux fans de bis transalpin hardcore.

Synopsis : A la mort de son oncle, Elizabeth Balljanon, accompagnée de Jack, son fiancé, journaliste, et d’un couple d’amis, se rend dans le sud de la France pour la lecture du testament. Unique héritière, Elizabeth se retrouve propriétaire du château des Balljanon et des terres environnantes. Mais une malédiction ancestrale semble planer sur la famille et, chaque nuit, la jeune femme est en proie à de terribles cauchemars dans lesquels un homme masqué la torture dans les catacombes…

Un inédit qui ravira les amateurs de curiosité

Critique : Sorti de nulle part, La poupée de Satan – au titre mensonger puisqu’aucun diable ne pointe le bout de sa fourche – est une petite série B italienne comme on en produisait au kilomètre à la fin des années 60. Terrible échec commercial en Italie, le long-métrage est rapidement tombé dans l’oubli puisqu’il n’a même pas bénéficié d’une exploitation à l’étranger. Ainsi, en France, il n’a même pas été exploité en VHS et il a fallu donc attendre cette année 2019 pour que l’éditeur spécialisé du Chat qui fume exhume la chose. On est toujours ravis de découvrir de telles raretés dans de si bonnes conditions, même si il faut reconnaître la médiocrité d’ensemble de cette œuvre mineure, destinée uniquement aux amoureux fous du cinéma bis transalpin.

La poupée de Satan, intérieur du digipack blu-ray du Chat qui fume

© 1969 Rewind Films. © 2019 Le Chat qui Fume / Conception graphique : Frédéric Domont. Tous droits réservés.

A la tête de cette pure bande d’exploitation, on trouve un nom mystérieux, un certain Ferruccio Casapinta dont on pouvait penser qu’il s’agissait d’un pseudo. En réalité, le monsieur existe bel et bien, mais ne semble pas avoir fait grand-chose sur le tournage. La plupart des sources s’accordent à dire que le réel maître d’œuvre est le directeur de la photographie Francesco Attenni dont le travail sur l’image est assez remarquable. Il faut toutefois apprécier les éclairages bariolés à la Mario Bava pour goûter son travail sur La poupée de Satan.

La poupée de Satan est un patchwork d’influences mal digérées

Incroyable patchwork d’influences diverses, le film n’est jamais à une incohérence près. Proche du mouvement gothique par la localisation dans un château avec crypte et passages souterrains, le film ressemble aussi à un giallo à la Mario Bava. Il appartient également au sous-genre du film de machination type Les diaboliques (Clouzot, 1955), largement repris en Italie par Umberto Lenzi. Anticipant parfois la dérive érotique qui allait bouleverser le cinéma d’exploitation rital des années 70, le métrage ne cherche jamais à faire le tri dans ses multiples influences et nous livre tout en vrac, sans souci de cohérence narrative.

Un montage chaotique et des faux raccords à foison

Il faut donc beaucoup de discernement pour arriver à suivre cette intrigue alambiquée dont la révélation finale pourrait aussi bien appartenir à la saga Mission : impossible. Ce sacré bordel est également accentué par un montage assez cryptique où un personnage déclare qu’il va aller interroger un témoin, alors que la scène n’arrive que trente minutes plus tard. De même, lorsque le dérangeant Mr. Shinton est assassiné, il faut attendre un bon quart d’heure avant qu’un protagoniste se demande où il est passé.

Ces problèmes de continuité se retrouvent également au niveau des raccords. Ainsi, une scène débute en plein jour – mais avec une bande sonore mettant en avant des bruits nocturnes à base de cris de chouette – pour se terminer d’un seul coup en pleine nuit. Un plan nous montre un paysage calme et estival, alors que le suivant révèle en arrière-plan des personnages un vent terrible. Et ainsi de suite…

Un nanar ou un objet post-moderne ?

Ajoutons à cela une interprétation médiocre de l’ensemble du casting, peu aidée il est vrai par une postsynchronisation catastrophique. Les acteurs sont globalement peu expressifs, tandis que les figurants sont déplorables de statisme – mention spéciale lors de la scène du dancing, aussi peu festive que possible. Enfin, les quelques séquences de bagarre sont tellement outrées qu’elles déclenchent nécessairement l’hilarité.

Nanar absolu, le long-métrage n’en reste pas moins agréable à découvrir de par son ambiance typique du cinéma italien de l’époque. On apprécie également la musique de Franco Potenza qui mêle des influences multiples, allant de la pop au jazz en passant par l’utilisation de sons étranges. Il crée ainsi une ambiance psychédélique qui s’accorde parfaitement au spectacle. On peut d’ailleurs voir La poupée de Satan de deux manières : soit comme un horrible nanar – ce qu’il est, objectivement – soit comme un exercice de free jazz délirant à la limite de l’art abstrait. Choisissez votre camp.

Le test du blu-ray :

La poupée de Satan, la jaquette du blu-ray

© 1969 Rewind Films. © 2019 Le Chat qui Fume / Conception graphique : Frédéric Domont. Tous droits réservés.

Acheter le combo DVD / Blu-ray sur le site de l’éditeur

Compléments & packaging : 3,5/5

Comme toujours avec l’éditeur, le film bénéficie d’un packaging luxueux, avec un beau fourreau et une jaquette superbe, ainsi qu’un digipack en trois volets illustrés. Le tout contient le DVD et le blu-ray.

A film rare, suppléments un peu en berne, mais c’est notre ami Francis Barbier qui s’y colle durant 30min passionnantes. Grand connaisseur du cinéma d’exploitation italien, Francis Barbier replace le métrage dans son contexte, développe les influences du film et parvient même à l’analyser avec pertinence, tout en ne mentant pas sur la marchandise. Il n’est pas là pour nous dire qu’il s’agit du meilleur film du genre, mais bien pour analyser avec objectivité un objet étrange, foutraque, mais finalement sympathique.

Enfin, l’éditeur propose la piste musicale isolée, conjointement aux bruits d’ambiance.

L’image : 4,5/5

Si l’on omet quelques plans plus flous, la copie proposée est de toute beauté. Les couleurs sont splendides et participent au plaisir ressenti durant le visionnage. On apprécie également la belle stabilité de l’ensemble grâce à une compression impeccable. La définition est irréprochable comme le prouvent les nombreux plans en extérieur, avec une sacrée profondeur de champ.

Le son : 3/5

Le film n’étant jamais sorti en France, l’éditeur nous fournit une unique piste italienne en DTS HD Master Audio 2.0. Cela commence mal avec un générique abîmé sur le plan sonore. Quelques craquements et du souffle viennent troubler le générique de début, avant que la situation soit entièrement rétablie par la suite. Le reste est tout à fait acceptable, dans les limites du format sonore de l’époque et d’une postsynchronisation catastrophique.

Critique du film et test blu-ray : Virgile Dumez

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