La morsure du crotale hésite entre le surnaturel d’un segment de La Quatrième Dimension et une adaptation d’une nouvelle de Stephen King, mais échoue à susciter tout intérêt, faute d’ambiance et de style qui lui sont propres.
L’argument : Afin de sauver la vie de sa petite fille, mordue par un crotale, une mère célibataire accepte l’aide d’une mystérieuse inconnue. La jeune mère va découvrir que cette main tendue n’est pas sans condition. En effet, elle va devoir prendre la vie d’un étranger dans la ville de Tulia au Texas.
Critique : Après le petit film apocalyptique sans effets spéciaux ni suspense These final hours, Zak Hilditch a beaucoup galéré. Les critiques étaient un peu molles dans leur enthousiasme, et c’est en vidéo et surtout SVOD que le film s’est bâti une carrière. Avec le temps, Netflix, toujours à la recherche d’artisans sans trop de style propre, est venu taper à sa porte pour la réalisation d’une adaptation de Stephen King. 1922. Le film a été un franc succès qui s’est fait parallèlement à celui de Ça au cinéma et de Jessie, autre téléfilm proposé par Netflix, avec un grand succès. Le revival du romancier de Shining et Carrie était alors total.
La morsure du crotale rate sa cible
Netflix a donc embauché le cinéaste australien pour un nouveau film d’épouvante, qui se situe dans la lignée étrange des scénarios “algorithmés” de la plateforme. Du surnaturel, de l’étrange, un lieu paumé pour un enjeu scénaristique ultra limité… On nage dans un territoire connu qui n’inspire aucune gloire, tant tout semble convenu. Une jeune mère de famille pactise sans le savoir avec le malin à la suite d’un accident de la route dans le désert qui précipite sa fille dans les crocs d’un crotale. Pour sauver celle-ci, elle devra trouver secours auprès d’une étrange rebouteuse du désert qui va lui demander paiement sous différentes formes, une fois sa fille sauvée. Elle devra tuer un inconnu d’ici la fin de la journée pour que ça fille ne périsse pas des blessures malignes.
Serpent à sornette
L’héroïne de cette course contre la montre est une actrice de seconds rôles, Carmen Ejogo (Les animaux fantastiques), qui ne parvient toujours à percer en tête d’affiche, et à livré un jeu convenable dans un remake de The Game, au croisement d’un épisode de The Twilight Zone et d’une mauvaise adaptation de Stephen King (on citera le récent Dans les autres herbes, autres exclusivité Netflix dans lequel on retrouve une ambiance d’arrière-pays chelou identique).
Du décor trop connu aux personnages stéréotypés pour lesquels on manque d’empathie (elle choisit finalement pour victime un homme qui maltraite sa femme, ce qui laisse peu de place au suspense), en passant par des CGI assez indignes, La morsure du crotale fait office de téléfilm d’un bout à l’autre de sa petite diffusion sur la plateforme du géant américain qui ne laissera de trace qu’auprès d’un public jeune peu aguerri au cinéma fantastique. Bref, un téléfilm tout juste regardable dans le métro, sur son smartphone, qui nous éloigne un peu plus des attentes de ce qu’est un vrai film de cinéma.
Critique : Frédéric Mignard