Knives and Skin : la critique du film (2019)

Drame, Fantastique | 1h52min
Note de la rédaction :
7/10
7
Knives and Skin de Jennifer Reeder, l'affiche

  • Réalisateur : Jennifer Reeder
  • Acteurs : Ty Olwin, Marika Engelhardt, Kate Arrington, Raven Whitley
  • Date de sortie: 20 Nov 2019
  • Nationalité : Américain
  • Scénariste : Jennifer Reeder
  • Compositeur : Nick Zinner
  • Distributeur : UFO Distribution
  • Editeur vidéo : UFO Distribution
  • Date de sortie vidéo : Inconnue
  • Box-office France : 9 369 entrées (3 semaines)
  • Classification : Tous publics, avec avertissement ("Certaines scènes de ce film sont susceptibles de troubler un jeune public")
  • Festivals : Festival du film américain de Deauville / Festival de Tribeca / Berlin / Etrange Festival
Note des spectateurs :

Fugue dans une Amérique au croisement entre Twin Peaks et Donnie Darko, Knives and Skin est surtout une version féministe du cinéma punk de Gregg Araki des années 90. 

Synopsis : Suite à un rendez-vous nocturne, Carolyn Harper ne réapparaît pas chez elle dans sa petite ville bien tranquille de l’Illinois. Sa mère, qui dirige la chorale du lycée, est dévastée. Mais ses appels à l’aide ne sont entendus que par trois adolescentes et leurs familles, touchées par l’indifférence de la communauté – comme si cette jeune fille n’avait jamais compté. Une solidarité nouvelle va naître entre elles et les aider à surmonter le malaise que cette disparition révèle.

Raven Whitley dans Knives and skin

Copyrights : Newcity’s Chicago Film Project, IFC Midnight – Photo proposée par UFO Distribution.

Critique : En réalisant Knives and Skin, Jennifer Reeder relate un conte lugubre pour jeunes filles nubiles qui s’égare du droit chemin. Dans une Amérique repliée sur elle-même,  celle des petits bourgs que l’on aimerait penser sans histoire, la pression masculine est celle du prédateur (le petit ami manipulateur obsédé par la récompense sexuelle, le jeune prof qui profite de son autorité et de son statut auprès d’une lycéenne) et les parents comptent les erreurs d’une existence, enracinés dans une dépression ambiante que la disparition d’une jeune fille, version édulcorée de Laura Palmer, va cristalliser.

Qu’est-il arrivé à Carolyn Harper ?

La réalisatrice qui a plus de 13 courts métrages dans le moteur et des longs rebelles (White Trash en 1995 auscultait l’autre visage de l’Amérique blanche) ne s’est pas affranchie de l’indépendance de son œuvre qui est comme un manifeste à son féminisme. Elle aime se souvenir de ses années de rebelles, alors adolescentes dans l’Ohio, et l’on retrouve cette rébellion dans la jeunesse qu’elle filme et dont le rapport aux uns (adultes) et aux autres (adolescents) rend toujours la constellation mentale complexe, confuse, et donc onirique.

Marika Engelhardt dans Knives and skin

Marika Engelhardt dans Knives and skin

Les fulgurances de la musique électronique éthérée de Nick Zinner, le guitariste des Yeah Yeah Yeahs, à qui l’on doit la musique démente de Mad Max: Fury Road, s’accompagne dans l’étrangeté de réinterprétation chorale et mélancolique de titres des années 80 (des Go-Gos, de New Order…), qui pare l’image d’une ambiance subjuguante. Evidemment, il est impossible de ne pas penser à la tristesse latente d’un Donnie Darko, dont on retrouve le même cadre sylvestre de petite ville qui semble être bâtie autour de l’énergie de son lycée. Le tube Mad World des Tears for Fears avait été retravaillée alors par Gary Jules pour engorger les images d’une force évocatrice d’une époque, d’un âge, d’une initiation dépressive à la vie dans sa complexité qui est celle des adultes environnants.

Knives and Skin, un conte d’initiation aux allure de cauchemar ouaté

Reeder essaie avec beaucoup d’idées d’instituer un cadre (celui de Twin Peaks), de poser des personnages étranges (notamment celui d’un clown triste), voire de tirer le récit vers un fantastique métaphorique dont la seule raison d’être serait de satisfaire un point de vue féministe, qui est celui de toute une œuvre. C’est toute la force du film et de son courage, mais également sa limite. La non-résolution de certains éléments du récit peut frustrer et laisser le sentiment d’assister à la projection d’un ersatz en moins frappé et donc moins frappant des œuvres de Lynch et Richard Kelly. En fait, de par la rigueur du budget et le jeu un peu fragile des acteurs, c’est au cinéma de Gregg Araki que le cinéma de Jennifer Reeder nous renvoie. Son ton authentiquent indépendant et ses fulgurances visuelles, l’importance notamment de l’éclairage et des lumières, renforcent finalement le charme de son œuvre, onirique, aux allures de cauchemar américains ouaté, qui nous berce plus qu’elle nous parle.

 

 

Critique : Frédéric Mignard

SORTIES DE LA SEMAINE DU 20 NOVEMBRE 2019

Knives and Skin de Jennifer Reeder, l'affiche

Copyrights ; UFO Distribution – Affiche : William Laboury

Le site de son distributeur

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Knives and Skin de Jennifer Reeder, l'affiche

Bande-annonce de Knives and skin

Drame, Fantastique

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