Kedi, des chats et des hommes, documentaire félin à succès, était le film de la fin d’année 2017. Une oeuvre à caresser sans modération…
Synopsis : Depuis des siècles, des centaines de milliers de chats vagabondent dans les rues d’Istanbul. Sans maîtres, ils vivent entre deux mondes, mi sauvages, mi domestiqués – et apportent joie et raison d’être aux habitants. KEDI raconte l’histoire de sept d’entre eux.
Critique : Véritable phénomène du documentaire en 2017, Kedi, des chats et des hommes peut s’enorgueillir d’avoir empoché plus de 2.8M$ au box-office américain, le prix du Meilleur Premier Documentaire de l’année aux Critics Choix Documentary Awards, un récompense à Toronto ; et surtout, il s’est vu octroyer une distribution en salles un peu partout dans le monde entier, avec des cartons impressionnants en Australie ou en Allemagne. Plus que remarquable pour une œuvre en provenance d’un pays non habitué à l’exportation, la Turquie, qui, de surcroît, suit dans leur quotidien une dizaine de chats aux silhouettes assez quelconques.
Distribué en France par Epicentre, boîte indépendante peu habituée aux documentaires animaliers, connue pour son exigence, qui a agi sur un coup de cœur, Kedi, des chats et des hommes se veut comme un cadeau de fin d’année à l’attention des enfants, que l’on sait adeptes des poilus, mais surtout aux millions de nos compatriotes fascinés par les allures royales de cet animal domestique, mais non domestiqué, insondable, et donc hors du commun. La jeune réalisatrice, Ceyda Torun, révèle l’importance culturelle de l’animal, au-delà de nos sociétés occidentales, faisant des petits félins qu’elle suit, partie intégrante du folklore d’Istanbul qu’ils peuplent inlassablement depuis des millénaires.
© Oscillope Laboratories, Epicentre Films. Tous droits réservés.
Le point fort de ce métrage relativement court (moins d’1h20), c’est bien l’exotisme du cadre, une majestueuse cité de ruelles et de petits commerces, relatée avec bienveillance, au-delà de la peinture de carte postale. Au gré de restaurants, des toits, le long de quais, l’interaction est belle, plus que mignonne, car rustique et naturaliste…
Le décor urbain est paisible, peut-être kitsch dans la musique, en tout cas loin des remous géo-politiques récents qui, à nos yeux, ont beaucoup fait perdre de valeur au pays, dont on pense a priori davantage à sa relation contestable à un régime hyper présidentiel peu avenant qu’à celle que la nation peut entretenir avec les petits mammifères.
© Oscillope Laboratories, Epicentre Films. Tous droits réservés.
Contrairement aux documentaires épiques de la BBC ou ceux de Jacques Cluzaud et Jacques Perrin, Kedi, des chats et des hommes excelle dans sa sobriété, sa narration humaine pudique, ses images d’un quotidien ordinaire, ou rien ne vient jamais chercher à épater les regards dans la recherche de l’insolite ou de la révélation inédite. Ceyda Torun préfère marquer la ville de l’empreinte du chat, comme une présence indissociable d’une vie de quartier équilibrée. Le caractère des chats suivis, jusque dans le mâle alpha qui domine la rue, n’a lui-même aucune tendance à l’excentricité comique ou à une pugnacité excessive, même quand l’animal s’en va traquer le rat dans les fissures du béton.
Tout en touche, tout en simplicité, Kedi, des chats et des hommes tisse le plus beau qui puisse exister entre l’homme et le petit félin de gouttière, un inconscient du collectif et de l’interdépendance que l’on pourrait associer à l’âme même d’une culture ou d’une ville. Le documentaire est donc un conte réaliste des plus charmants que l’on apprécie énormément pour son authenticité.
Avec 2 835 000$ au box-office américain, Kedi a été un gros succès outre-Atlantique.
Sorties de la semaine du 27 décembre 2017
© Oscillope Laboratories, Epicentre Films. Tous droits réservés.
Disponible en DVD
Les mots clés :
Les chats au cinéma, Documentaire écolo, Les animaux au cinéma, Cinéma turc