Il Mio Corpo : la critique du film (2020)

Documentaire | 1h20min
Note de la rédaction :
8/10
8
Il Mio Corpo affiche du documentaire (2020)

  • Réalisateur : Michele Pennetta
  • Date de sortie: 26 Mai 2021
  • Nationalité : Suisse, Italien
  • Titre original : Il Mio Corpo
  • Titres alternatifs : -
  • Année de production : 2019
  • Scénariste(s) : Arthur Brugger, Michele Pennetta, Pietro Passarini, Christian Tarabini
  • Directeur de la photographie : Paolo Ferrari
  • Compositeur : Nathalie Rebholz
  • Société(s) de production : Close Up Films, Kino Produzioni, Rai Cinema
  • Distributeur (1ère sortie) : Nour Films
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs - DCP / Son : 5.1 - Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : Sélection Festival de Cannes, programmation aCid 2020
  • Illustrateur / Création graphique : Inconnu
  • Crédits : Close Up Films, Kino Produzioni, Rai Cinema, Nour Films
Note des spectateurs :

Entre documentaire et fiction, Il Mio Corpo se pare d’une beauté brute pour s’emparer, sans une once de complaisance, du sort des laissés-pour-compte d’ici ou d’ailleurs.

Synopsis : Sous le soleil de Sicile, Oscar récupère de la ferraille avec son père. A l’autre bout de la ville, Stanley le Nigérian vivote grâce aux petits travaux donnés par le prêtre de la paroisse.

Tous deux ont le même désir, celui d’une vie meilleure.

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Critique : L’intérêt qu’il porte à son pays (et plus particulièrement à la Sicile où il pose sa caméra) et à l’actualité incite le réalisateur et coscénariste Michele Pennetta à se lancer dans une trilogie autour de personnages marginaux, invisibles aux yeux de tous. Après A iucata en 2013, Pescatori di corpi en 2016, Il mio corpo en est le troisième volet.

Il Mio Corpo, l’un des jalons de l’ACID 2020

De cette grande île jetée en pleine mer Méditerranée qu’est la Sicile, on connaît avant tout les plages, le soleil et les monuments historiques qui attirent des milliers de visiteurs chaque année. Jusque dans les années 80, sa plus grande richesse provenait pourtant de l’exploitation des mines de soufre qui faisaient d’elle la région la plus prospère d’Italie, juste après Turin. Aujourd’hui abandonnées, elles servent de décharges et ce coin d’Europe qui abrite aussi l’un des plus grands centres de migrants fait figure de parent pauvre, abandonnant ses habitants, quels qu’ils soient, à leur sort.

Il Mio Corpo de Michele Pennetta, photo

© Close Up Films

Dans un décor desséché de Far-West, une mise en scène toute de contrastes, entre lumière et misère, met en parallèle le destin de deux compagnons d’infortune (Oscar, l’adolescent italien et Stanley, le migrant nigérian), aux univers radicalement différents et qui n’ont en commun que leur détermination à s’extirper de leurs difficiles conditions de vie.

Une réalité crue, sans sentimentalisme

 A l’heure où la plupart de ses camarades européens vont à l’école, Oscar ramasse de la ferraille avec Marco, son père, un homme quitté par sa femme et qui tente de canaliser sa violence naturelle, par respect pour ses enfants. La découverte d’une statue de la Vierge miraculeusement extraite des déchets, quelques virées en vélo sur des routes désertes brûlées par le soleil agrémentent le quotidien austère de ce gamin lucide et courageux qui rêve d’un autre avenir. De l’autre côté de l’île, Stanley survit sur ce bout de terre promise devenue prison à ciel ouvert. Arrivé à l’âge de 16 ans, il a pu bénéficier du statut de mineur non accompagné. Désormais, il est livré à lui-même. Heureusement, son titre de séjour provisoire l’autorise à effectuer quelques travaux ménagers ou agricoles. Maîtrisant parfaitement la langue du pays, il n’envisage pas de nouveau voyage vers l’inconnu. En revanche, il s’inquiète pour son ami qui, faute de parvenir à décrocher, lui aussi, cette indispensable autorisation de séjour, risque d’être expulsé. Pourtant, au milieu de ces vies cabossées, la beauté est partout. Celle des paysages secs et arides que le réalisateur d’Il Mio Corpo a choisi d’éclairer de lumière naturellement chaudes, celle des visages qui expriment plus volontiers leurs doutes et leurs espoirs par des gestes que par des mots, celle de ces corps qui, rompus à des tâches physiquement éprouvantes, semblent sculptés dans le marbre des statues mythologiques. Une beauté qui ne cherche toutefois ni à séduire, ni à faire oublier la dureté de ces existences confisquées. Dans sa recherche perpétuelle d’une réalité crue, Michele Pennetta rejette, de manière tout à fait assumée, le moindre signe de sentimentalisme, n’hésitant pas à entraîner dans une froideur déconcertante un sujet qui aurait mérité un brin d’empathie.

Si l’écoute finale du Stabat Mater de Pergolèse chanté par des voix d’enfants ne laisse pas indifférent, l’aspect volontairement contemplatif et finalement onirique de la narration abandonnera au bord de cette route pavée de bonnes intentions quelques spectateurs surpris ou désarçonnés.

Critique de Claudine Levanneur

Sorties de la semaine du 26 mai 2021

 

Il Mio Corpo affiche du documentaire (2020)

© Close Up Films

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