Godzilla vs. Destroyah : la critique du film (1995)

Science-Fiction, Catastrophe, Action | 1h43min
Note de la rédaction :
7/10
7
Godzilla vs Destroyah : affiche japonaise

Note des spectateurs :

Le dernier Godzilla de l’ère Heisei s’avère être l’un des meilleurs volets de la saga tout entière grâce à des effets spéciaux efficaces et un script sérieux qui délaisse le spectacle familial au profit d’un hommage sincère envers le premier film. Une réussite.

Synopsis : Le film se déroule en 1996, après la mort de Space Godzilla. Pendant que le cœur nucléaire de Godzilla rentre en fusion, menaçant d’exploser et d’anéantir la Terre à tout moment, un parasite mutant apparaît et attaque la population.

Une fin de cycle enthousiasmante

Critique : Depuis sa première apparition en 1954 dans Godzilla d’Ishiro Honda, le célèbre monstre d’origine nucléaire a eu le droit à une trentaine de suites réparties en trois ères : Shöwa (1954-1975), Heisei (1984-1995) et Millenium (1999-2004).

Godzilla vs Destroyah qui nous intéresse ici a donc été tourné en 1995 et constitue le dernier volet de l’ère Hensei après deux déceptions commerciales au Japon, à savoir celles de Godzilla vs. Mechagodzilla 2 (1993) et de Godzilla vs Space Godzilla (1994). La société Toho pense qu’il est donc temps de clore ce cycle et propose au réalisateur Takao Okawara, déjà responsable de plusieurs épisodes précédents, de boucler la série une bonne fois pour toutes en organisant la disparition du monstre le plus iconique du Japon.

Un hommage sincère au premier film de la saga

Afin de bien insister sur le fait qu’il s’agit du chapitre final, les auteurs ne cessent de faire des références au film de 1954, notamment par la présence à l’écran de l’actrice Momoko Kôchi qui était déjà à l’affiche du tout premier volet, mais aussi par le biais de photographies des acteurs de l’époque dont l’excellent Takashi Shimura (1905-1982). Tous ces signes indiquent bien la volonté des auteurs de mettre un terme à la saga tout en lui rendant un hommage appuyé et en essayant de la sublimer à travers un épisode exceptionnel. Et force est d’admettre qu’après un certain nombre d’itérations plutôt modestes, voire franchement ratées, Godzilla vs Destroyah a de la gueule.

Toujours doté d’effets mécaniques, d’acteurs déguisés dans des costumes en latex et d’un lot impressionnant de maquettes, le métrage s’avère globalement satisfaisant en matière d’effets spéciaux. Il faut d’abord patienter une vingtaine de minutes durant lesquelles le spectateur a droit aux inévitables bavardages scientifiques afin d’essayer d’expliquer l’impossible avant que la naissance du monstre Destroyah vienne troubler la quiétude générale.

Une ambiance horrifique qui n’exclut pas la poésie

Assez proche du film d’horreur, la genèse de ce nouvel ennemi charismatique et quasiment indestructible (comme l’hydre de Lerne, il se dédouble quand on tente de le détruire) donne lieu à plusieurs séquences à suspense particulièrement efficaces, tandis que le cinéaste n’hésite pas à faire couler le sang. S’éloignant progressivement du spectacle familial, l’ensemble s’oriente ensuite vers un combat traditionnel au kaiju eiga, opposant Godzilla et Godzilla Junior (pas ridicule du tout, contrairement à certains épisodes) à Destroyah. Dès lors, Tokyo devient un champ de bataille qui donne lieu à des destructions impressionnantes de maquettes. Certes, les jeunes spectateurs pourront trouver ces effets spéciaux sommaires, mais ils dégagent ici une certaine poésie que n’atteindra jamais le numérique du pauvre. Cela est d’ailleurs souligné par de jolis éclairages qui savent mettre en valeur les monstres.

Le meilleur épisode des années 90

Bien entendu, dans ce grand déballage de latex, les personnages humains apparaissent comme des parents pauvres d’un script très léger, mais les vedettes ne sont-elles pas les bébêtes géantes ? Ici, elles sont assurément charismatiques, portées par un design convaincant. D’ailleurs, le cinéaste parvient à nous émouvoir dans cette lutte finale qui marque résolument la fin d’une ère. Finalement, la saga sera réactivée en 1999 par le même cinéaste afin de répondre à la version américaine décevante de Roland Emmerich, initiant alors la troisième ère judicieusement appelée Millenium. Sorti uniquement en vidéo sur notre territoire, Godzilla vs Destroyah est considéré par les fans comme l’un des meilleurs épisodes de la saga toute entière et l’on souscrit pleinement à cette évaluation. Il s’agit en tout cas d’une bonne porte d’entrée dans l’univers caoutchouteux cher aux maniaques de maquettes.

Tous les Godzilla sur CinéDweller

Critique de Virgile Dumez

© 1995 Toho / Toho Eiga. Tous droits réservés.

x