Give Me Liberty : la critique du film (2019)

Comédie | 1h51min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche de Give Me Liberty

  • Réalisateur : Kirill Mikhanovsky
  • Acteurs : Chris Galust, Lauren “Lolo” Spencer, Maxim Stoyanov, Darya Ekamasova
  • Date de sortie: 25 Avr 2024
  • Nationalité : Américain
  • Scénario : Kirill Mikhanovsky, Alice Austen
  • Distributeur : Wild Bunch Distribution
  • Éditeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office nord-américain :
  • Box-office France / Paris-périphérie :
  • Festival : Festival de Cannes, Quinzaine des Réalisateurs 2019 Festival de Sundance 2019 Festival de Jérusalem 2019
Note des spectateurs :

Give Me Liberty est un petit bijou du cinéma indépendant américain, hymne au brassage culturel, et merveille de narration décalée.

Une comédie généreuse prônant le rapprochement des communautés

Il s’agit du second long métrage de Kirill Mikhanovsky, né en Russie, révélé à la Semaine de la Critique 2006 avec Sonhos de Peixe : ce premier film tourné dans un village de pêcheurs brésilien avec des non-professionnels annonçait la démarche semi-documentaire de Gabriel et la montagne, réalisé par Fellipe Barbosa, et coécrit par Mikhanovsky (Semaine de la Critique 2017). Give Me Liberty poursuit cette voie et se présente comme un récit a priori autobiographique, puisque le cinéaste avait été lui-même conducteur de véhicule sanitaire au début des années 90, peu après son arrivée sur le sol américain.

En dépit de son pitch sur la journée de stress d’un conducteur qui subit la pression du temps exercé par sa hiérarchie, le film ne doit pas être perçu comme une critique de l’uberisation des emplois et de la marchandisation des services sociaux, médicaux ou de transport, comme ont pu l’être des œuvres aussi diverses que Arythmie de Boris Khlebnikov, Moi Daniel Blake de Ken Loach, ou La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu. Give Me Liberty est avant tout une comédie généreuse, prônant le rapprochement des communautés, mettant en lumière le sort des laissés-pour-compte, et mêlant comique de situation, digressions mélancoliques et ton décalé, avec en filigrane une réflexion subtile sur ce qu’il reste de l’american dream.

Dans Give Me Liberty la galère commune soude les styles de vie

Lauren 'Lolo' Spencer et Chris Galust dans Give Me Liberty

Copyright Wild Bunch Distribution

« Je suis obsédé par cette question, parce que cela m’agace prodigieusement d’entendre que le rêve américain est mort. Ceux qui sont profondément heureux de proclamer sa mort, au fond, s’en moquent et n’y comprennent rien. Car qu’est-ce que le rêve américain ? On ne parle pas de politique dans ce film. Mais ce qui me plaît, c’est que certaines questions politiques soient évoquées sans l’être frontalement. J’aime parler des choses de manière indirecte. Et c’est formidable que cette question soit présente. À mes yeux, le rêve américain ne vous attend pas, ce sont ceux qui viennent en Amérique qui l’emportent avec eux », a ainsi déclaré Kirill Mikhanovsky dans le dossier de presse.

Chris Galust dans Give Me Liberty

Copyright Wild Bunch Distribution

Sans mièvrerie ni démagogie, le scénario (coécrit par Alice Austen, dramaturge à succès) valorise une belle galerie de faux losers et aigris et d’authentiques vecteurs d’humanité, des vieux russes prêts à tout pour rendre un dernier hommage à une amie, jusqu’à cette handicapée se rendant à un concours de danse, en passant par un jeune baratineur dont on ne sait s’il est pétri de bienveillance ou malintentionné. Et si le dialogue est parfois difficile entre jeunes et anciens, valides et mutilés, Russes et Afro-américains, la galère commune soude les styles de vie et l’irritabilité fait place à la complicité, à l’instar des comportements adoptés dans d’autres métrages, dont le cultissime Bagdad Café de Percy Adlon.

Une mise en scène audacieuse et de surprenants débutants

Mais loin d’adopter une tournure consensuelle, Kirill Mikhanovsky opte pour une mise en scène en liberté (on songe au filmage d’un Cassavetes), privilégiant les plans-séquences et les ellipses à une linéarité rassurante, avec un montage qui pourra déconcerter les amateurs d’un cinéma indépendant sage et convenu.

Et l’on ne peut-être qu’être bluffé quand on songe que les trois principaux rôles sont tenus par des débutants non-professionnels assurant comme des pros : Chris Galust, aux faux airs de LeonardoDiCaprio, sans les tics Actors Studio ; Lauren ‘Lolo’ Spencer, mixte de CCH Pounder et Whoopi Goldberg ; et Maxim Stoyanov, dont l’abattage rappelle celui d’un Jeff Goldblum. En dépit d’une ou deux scènes faisant la part belle à l’hystérie et l’excès, Give Me Liberty est une bien jolie comédie qui a conquis les publics du Festival de Sundance et de la Quinzaine des Réalisateurs et mérite un succès en salles.

Critique de Gérard Crespo

Les sorties de la semaine du 24 juillet 2019

Affiche de Give Me Liberty

Copyright Wild Bunch Distribution

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