Chala une enfance cubaine d’Ernesto Daranas est l’un gros succès du cinéma art et essai des années 2010. Sa carrière, démarrée en mars 2016, durera plus d’un an et retentira comme l’un des plus gros succès de l’histoire du distributeur Bodega.
Synopsis : A la Havane, Chala, 11 ans, vit seul avec une mère incapable de s’occuper de lui en raison de ses addictions. Livré à lui-même, il trouve en Carmela, son institutrice sexagénaire une figure maternelle bienveillante. Mais lorsque celle-ci s’absente pour raison de santé, sa remplaçante en profite pour le signaler aux services sociaux qui décident de l’envoyer dans une maison de redressement pour jeunes délinquants.
Le film : Depuis ses débuts dans la distribution en 2002, Bodega Films est connu pour des amateurs de petits films alternatifs promis dans la douleur à des petits circuits art et essai. Ce sont souvent des oeuvres issues du cinéma latin, mais pas seulement. De 2002 à juin 2025, ce sont près de 110 films qui ont été distribués par cette société parisienne.
Sur ces 23 ans d’activité, seulement trois de ses films dépasseront les 100 000 entrées France, le road-movie argentin Les Acacias, en 2012 (100 000) et, l’année suivante, Alabama Monroe, film belge phénomène de Felix Van Groeningen qui sera le plus gros titre de leur carrière, avec 197 413 spectateurs en 2013.
Chala une enfance cubaine est la deuxième fiction d’Ernesto Daranas, après un premier long en 2008 sur la prostitution et le proxénétisme à Cuba (Los Dioses rotos). Il est distribué en mars 2016, bardé de prix dans des festivals internationaux et plébiscité par la critique globalement enthousiaste. Aussi, le public fond dès la première semaine, grâce à une belle combinaison dans 55 salles (28 532 entrées). Sans marketing puissant, sans vedettes ou festivals internationaux de poids pour illustrer l’affiche(les festivals de Bogota, de Palm Springs, de Pau ou les Reflets du cinéma ibérique de Lyon, ce n’est pas vraiment Cannes, Venise ou Berlin), l’œuvre poursuit un parcours idéal, avec encore 7 550 retardataires en semaine 5 !
Ce récit réaliste et lumineux autour d’un gamin des rues, tendre envers sa mère dont il va assumer la tête du foyer, devient un must-see pour les groupes scolaires, permettant à cette épopée en culottes courtes une Havane de débrouille, de parcourir un voyage de plus de 65 semaines à travers la France. Chala une enfance cubaine parviendra à comptabiliser les 100 000 spectateurs au terme de sa 63e semaine, en juin 2017.
Ce récit universel qui évoque des destinées gamines de littérature dès le 19e siècle britannique ou français, picaresque comme il faut, sensible et optimiste, est devenu avec le temps un vrai souvenir de cinéma pour les collégiens des années 2010, qui a permis une ouverture culturelle sur une cinématographie méconnue de la population française, au-delà des clichés des brochures touristiques.
Le film sera édité à deux reprises en DVD, en 2016 puis en 2021, notamment pour les centres culturels, toujours en quête de pépites alternatives.
Visuel : Dark Star. © Bodega Films