Cars, Quatre roues : la critique du film (2006)

Animation, Comédie | 1h36min
Note de la rédaction :
6/10
6
Cars Quatre Roues, affiche originale

  • Réalisateur : John Lasseter
  • Date de sortie: 14 Juin 2006
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Cars
  • Distributeur : Buena Vista International
  • Editeur vidéo : Disney - Pixar
  • Date de sortie vidéo : 14 décembre 2006
  • Box-office France / Paris 2 068 442 entrées / 390 245 entrées
  • Box-office USA : 244 000 000 $
  • Récompenses : Annie Awards 2007 du Meilleur Film d'animation, Goilden Globes du Meilleur film d'animation
Note des spectateurs :

Le premier Cars de Pixar est une belle machine de route, fière de ses époustouflantes qualités visuelles et de son intrigue sur quatre roues, classique mais émouvante. Le film de la reconquête pour Disney, à la recherche des valeurs familiales conservatrices qui allaient remettre la firme au centre du l’échiquier, demeure toutefois une œuvre très enfantine pour un public essentiellement américain.

Synopsis : Lightning McQueen, une splendide voiture de course toute neuve promise au succès, découvre que dans la vie, ce n’est pas de franchir la ligne d’arrivée qui compte, mais le parcours que l’on a suivi. Parti pour participer à la prestigieuse Piston Cup, il atterrit suite à une déviation dans la petite ville tranquille de Radiator Springs, sur la Route 66.

McQueen va apprendre à connaître Sally (une élégante Porsche 2002), Doc Hudson (une Hudson Hornet 1951 au passé mystérieux), et Mater (une dépanneuse rouillée mais à qui on peut faire confiance). Ils vont l’aider à découvrir qu’il y a des choses plus importantes que les trophées, la gloire et les sponsors…

 

Le premier Cars de Pixar souligne la crise artistique de Disney

 

Critique : 2006. De l’embouteillage dans l’animation en images de synthèse, avec la rivalité chez tous les studios traditionnels qui développent leur département animé. Alors que le marché est inondé par des productions cannibales, généralement assez laides, Disney paie les frais de la médiocrité de ses derniers flops (Chicken Little, La ferme se rebelle, The Wild). L’ancien géant est tout juste bon à aligner des sequels de ses succès en DTV.

Toutefois, dans sa longue course aux rachats, en janvier 2006, la firme qui brillait dix ans plus tôt avec Aladdin, La Belle et la Bête ou Tarzan, annonce racheter le studio Pixar, dont elle distribuait jusqu’alors les films d’animation, depuis le premier Toy Story (une révolution technologique qui ringardisa l’animation traditionnelle). Pixar, alors en pole position dans ce secteur très lucratif (les six premiers longs métrages ont rapporté 1 457 440 923 dollars, seulement dans les salles américaines !), allait toutefois vivre artistiquement leur première sortie de route, du moins en France, avec une production à destination du public gamin ou en tout cas, dans sa thématique, essentiellement américaine.

 

John Lasseter à la rescousse

 

Force est d’admettre qu’au niveau de l’animation 3-D, le bolide Cars laisse ses concurrents d’époque sur le bas-côté. La fluidité des images y est épatante et l’extrême précision dans la reconstitution des textures est impressionnante de pointillisme. Un délice visuel de chaque instant, même si, a priori, le design des véhicules, plutôt enfantin, n’est pas des plus attirants pour l’audience adulte.

Les qualités scénaristiques ne sont pas en reste. C’est qu’il y en a dans le moteur de John Lasseter, le “mogul” du studio Pixar, papa des deux Toy story, qui, avec le rachat de Pixar, devient directeur créatif de Pixar et Disney. Il est l’homme qui sauvera le studio du chaos interne.

 

Comme toujours, c’est drôle (la scène des tracteurs bovins risque de rester dans les annales), rythmé et riche de plusieurs niveaux de lecture pour rendre le spectacle attrayant à toutes les générations de spectateurs. L’universalité au cinéma, c’est bankable ! Surtout quand, comme ici, la trame touche un public du terroir, déjà exclu par une société moderne galopant vers le cynisme de la mondialisation. La manne peut alors être mirobolante.

 

La nostalgie d’une Amérique avant la mondialisation

 

Cars baigne dans la nostalgie, celle d’une Amérique mythique traversée par la Route 66, abandonnée depuis pour des autoroutes plus pratiques, au détriment de petites villes bâties le long de cette fameuse route. Forcément pas très attirant pour le large public hexagonal qui préférera Ratatouille.

Le postulat de départ – confronter un jeune blanc-bec de la ville, clinquant et superficiel, aux autochtones de l’un de ces bleds paumés – n’est pas très original. Le jeune gaillard apprend les vraies valeurs de la vie, auprès de gens humbles (appelez les ploucs ou, pour reprendre le vocabulaire yankee, rednecks) avec lesquels il n’a initialement aucun atome crochu. On a déjà vu cela des dizaines de fois.

 

Cars de Pixar prône un retour aux valeurs morales

 

Le film confirme en tout cas la volonté de Disney de vouloir redorer son blason en prônant un retour aux bonnes vieilles valeurs morales et religieuses (Le monde de Narnia) pour contrer les attaques virulentes qu’avait subi le groupe durant les premières années de la décennie 2000.

Mais faut-il faire la fine bouche face à un message aussi passéiste alors qu’on évoquait déjà les dangers représentés par les énergies fossiles ? Cela serait, effectivement se priver d’un joli divertissement aux atouts de séduction puissants, mais en pleine crise du carburant, un film à la gloire de l’automobile (l’une des plus grandes passions de John Lasseter, qui a grandi dedans), ça a quelque chose de quasi subversif qui rend le spectacle encore plus ironique.

 

Un succès international hétérogène

 

Le succès américain fut colossal en son temps, avec 244 000 000 $, alors que la France freinait un peu l’ascension fulgurante du studio Pixar, avec seulement 2 068 442  quatre-roues sur les chemins des salles.

Le film apporta toutefois des ressources conséquentes à la major américaine via le marché vidéo en pleine expansion et surtout les produits dérivés, précipitant la mise en chantier de deux suites, en 2011 et 2017, de piètre qualité pour celle de 2011, dans tous les cas, totalement inutiles.

Treize ans après sa sortie, Cars demeurent dans la tête des adultes qui n’ont jamais connu ce film que comme adulte, la franchise la moins intéressantes de ceux qui ont livré des merveilles comme Monstres et Compagnie ou Vice-Versa.

 

Critique : Frédéric Mignard

Les Films Pixar

 

 

Cars Quatre Roues, affiche originale
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