Calamity est un western d’animation coloré et pétillant qui, entre féminisme et lutte des classes, nous entraîne dans un voyage trépidant au cœur des plaines de l’Ouest américain et de ses paysages monumentaux.
Synopsis : 1863, Etats-Unis d’Amérique.
Dans un convoi qui progresse vers l’Ouest avec l’espoir d’une vie meilleure, le père de Martha Jane se blesse. C’est elle qui doit conduire le chariot familial et soigner les chevaux. L’apprentissage est rude et pourtant Martha Jane ne s’est jamais sentie aussi libre. Et comme c’est plus pratique pour faire du cheval, elle n’hésite pas à passer un pantalon. C’est l’audace de trop pour Abraham, le chef du convoi. Accusée de vol, Martha est obligée de fuir. Habillée en garçon, à la recherche des preuves de son innocence, elle découvre un monde en construction où sa personnalité unique va s’affirmer. Une aventure pleine de dangers et riche en rencontres qui, étape par étape, révélera la mythique Calamity Jane.
Un auteur habitué des éloges à Annecy
Critique : En 2015, Tout en haut du monde de Rémy Chayé reçoit le prix du public au festival d’animation d’Annecy. Délaissant l’univers de l’Arctique de son premier long, le cinéaste se lance à l’assaut des grandes plaines du Far-West et prouve, avec Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, qu’il n’a rien perdu de son sens du rythme et de son goût pour les décors aux tons éclatants. Cela lui vaut le Cristal du long-métrage au Festival oneline d’Annecy 2020.
Les informations sur la jeunesse de celle qui allait devenir la légendaire Calamity Jane sont rares. Sandra Tosello, Fabrice de Costil et Rémy Chayé, auteurs du scénario, dressent donc librement le portrait de cette adolescente, qui très tôt orpheline et livrée à elle-même, affirme vite son indépendance et fait voler en éclats, avec quelques décennies d’avance, les codes hommes/femmes.
Esprit rebelle
Au cœur de ces majestueuses mais dangereuses Montagnes Rocheuses se déplace une quarantaine de chariots, transportant des familles en quête d’une vie meilleure quelque part vers l’Oregon. Une communauté sur roues à laquelle appartient la famille Cannary, l’une des plus misérables, dont le père maladroit et les enfants turbulents font tâche dans ce monde régi par la bienséance et les bonnes manières.
Le chef du convoi, Abraham Jacobson, ne cesse de les rappeler à l’ordre tandis que son fils Ethan, un garçon brutal et imbu de lui-même, prend un malin plaisir à s’opposer à cette gamine courageuse et à la forte personnalité qu’est Martha Jane. En effet, à tout juste 11 ans, elle seconde son père et s’occupe de ses frères et sœurs depuis le récent décès de leur mère.
Dans un premier temps, Calamity ne conteste pas sa condition et accepte, comme toutes les autres jeunes filles du convoi, de se consacrer aux tâches ménagères. Mais face à l’intolérance et à l’injustice, elle prend la décision de s’échapper de cet univers étouffant et crée son propre mode de vie, entre affranchissement et découvertes.
Calamity, l’art du trait et du message
Alors que l’image et le son, l’animation et la musique rivalisent de perfection pour transmettre au plus près les émotions de la jeune héroïne, le spectateur ne perd pas une miette du parcours semé d’embûches de cet esprit fantasque mais attachant vers une vie d’adulte libre. Une galerie de personnages, aussi complexes qu’émouvants, accompagne cet habile décryptage d’une société des apparences d’une modernité cuisante, heureusement pimentée de quelques éléments subversifs, parmi lesquels l’impétueuse et élégante Mme Moustache (à qui Alexandra Lamy prête sa voix) qui avec Martha Jane (la voix de Salomé Boulven) porte haut et fort le message féministe et écologique du film.
Un enchantement
Rémy Chayé reprend la technique graphique qui avait fait toute la beauté de son précédent film. Des personnages sans traits de contour s’immergent dans des paysages immenses d’où s’échappent sans contraintes une nature luxuriante ainsi que des animaux et des hommes en perpétuelle action. La musique de Florencia Di Concilio, composée de Bluegrass (banjo, guitare, mandoline, violon et contrebasse) et de symphonie, agrémente d’une touche de lyrisme cette quête universelle d’émancipation qui, à coup sûr, séduira les petits et les grands amateurs d’étendues vierges et de liberté.
Critique de Claudine Levanneur