Burning Casablanca est un cocktail décapant de rock’n’roll incendiaire à base de poésie urbaine et magie, sur fond de paysages époustouflants.
Synopsis : Dans une Casablanca déjantée, la passion brûlante de Larsen le rocker et de Rajae l’Amazone des rues met le feu à un Maroc inattendu peuplé de Calamity Jane berbères, de concerts de métal, de serpents venimeux et de flics tortionnaires. Un trauma enfoui commun les rapproche : le rock n’roll les unit, la voix d’or de Rajae et la guitare en peau de serpent de Larsen. Peut-être leur seul espoir réside-t-il dans une chanson, celle qu’ils rêvent et écrivent à deux : Zanka Contact.
Critique : Casablanca et l’incandescente rockeuse Khansa Batma, dont la personnalité trempée ne devrait laisser personne indifférent, sont les vedettes incontestées de ce road movie tout feu, tout flamme. Burning Casablanca est un verbiage décapant mitraillé par une “Belle de jour “décomplexée, des paysages éclaboussés d’un soleil éclatant suivis de scènes de western à la sauce couscous, des montagnes arides et des routes poussiéreuses empruntées par des personnages pas forcément toujours recommandables, le tout arrosé d’airs de rock, de métal et de musique traditionnelle.
Voilà le cadre qu’Ismaël El Iraki, qui ne cache rien de son admiration pour Tarantino et Sergio Leone, offre à ce couple hétéroclite composé d’une prostituée et d’un musicien raté qui, emberlificotés depuis longtemps dans des traumatismes inavoués, trouveront dans cette aventure impossible une forme de libération.
Un film audacieux à la croisée des influences
Dans cette mégalopole africaine qu’est Casablanca, grouillante de mélanges de cultures et de croyances, assourdie d’argot, d’injures, de métaphores où se mêlent violence et rires, Rajae (Khansa Batma) se lance dans une diatribe aussi audacieuse que provocatrice, dénonçant sans filtre le sort peu envieux que son pays réserve encore trop souvent aux femmes et les blessures qui en découlent.
Un peu plus loin quelque part en Europe, Larsen (Ahmed Hammoud) un chanteur qui a connu son heure de gloire il y a bien longtemps, cherche à rembourser des dettes contractées au jeu. Il n’a d’autres solutions que de vendre les droits de son catalogue et retourne à Casablanca, sa ville natale. Même s’il s’y sent désormais étranger, il en apprécie l’éternel esprit rebelle, qui, sublimé par un mélange détonnant de musiques, constitue le cœur battant du film.
Burning Casablanca, un road movie puissamment rock
A travers ce premier film, le réalisateur Ismaël El Iraki dévoile son talent à filmer des concerts, tout aussi bien que les chants solitaires, quand il ne nous envoûte pas avec les performances vocales et les tonalités rock orientales de la magistrale Khansa Batma.
A mi-chemin entre thriller et comédie musicale, film d’aventures et drame, ce long-métrage inclassable s’engouffre en deuxième partie dans une escapade mouvementée où, sur fond de campagne désertique, des personnages déjantés nourrissent ce récit ironiquement contestataire. Une mise en scène endiablée, des costumes insensés et d’incessantes ruptures de rythme en forme de montagnes russes donnent une insatiable énergie à cette histoire d’amour à nulle autre pareille.
Face à cette surenchère d’images et de situations jetées dans un joyeux désordre, il arrive pourtant que l’on s’égare. A coup sûr, cette épopée extravagante de plus de deux heures, lestée de quelques plans, aurait gagné en intensité. Cependant, la justesse des comédiens et le choix des styles musicaux conférent à ce western noir en terre marocaine, d’une belle sensibilité, de bien belles notes d’originalité dont on s’imprègne volontiers, entre amusement et curiosité.