Black Water : Abyss est une suite un peu avare en moments sanglants et en attaques animales, tout en ménageant tout de même un certain suspense. Dispensable.
Synopsis : Un groupe d’amis explore des grottes isolées au plus profond des forêts du nord de l’Australie lorsqu’une tempête tropicale éclate. Les eaux montent et les emprisonnent sous la surface. Bientôt, des crocodiles tueurs émergent de l’obscurité…
Une suite opportuniste d’un bon film de croco des années 2000
Critique : Pur film de producteur, Black Water : Abyss a été conçu par Neal Kingston et Michael Robertson afin de répondre à la demande grandissante des fans de Black Water (Traucki, Nerlich, 2007) qui souhaitaient voir un jour une suite de ce petit film culte d’excellente tenue. Pour cela, ils ont demandé à un duo de scénaristes de reprendre le style de l’œuvre originale. John Ridley et Sarah Smith se sont donc largement inspirés du long-métrage initial, tout en déplaçant l’action dans un espace confiné, sous la terre. Ce n’est qu’une fois le script achevé que le réalisateur Andrew Traucki (également auteur de The Reef) a été approché, lui qui n’avait plus rien tourné depuis l’échec de The Jungle en 2013.
Hésitant, mais finalement séduit par la perspective d’un nouveau succès programmé, Andrew Traucki revient donc une fois de plus au genre qui l’a fait connaître, à savoir le survival, épicé d’agression animale. Cette fois-ci, au lieu d’investir un marécage, il envoie ses personnages au fond d’une grotte inexplorée pour une longue séance de spéléologie. Après une présentation assez sommaire des deux couples d’amis et de leur pote fantasque, Traucki nous plonge très rapidement dans les tréfonds de la terre. Il imagine ensuite le déclenchement d’une tempête à la surface qui fait déborder les cours d’eau. Dès lors, la grotte se remplit inexorablement d’eau et libère également les crocodiles qui sont protégés dans cette zone reculée de la forêt australienne.
Deux couples, un guide et un crocodile : plusieurs possibilités
Toujours habile pour créer de bons moments de tension et susciter la peur envers une créature vorace, Andrew Traucki parvient au départ à emporter l’adhésion grâce à des situations qui paraissent plutôt crédibles. Malheureusement, il ne parvient pas à tenir la distance sur la totalité du long-métrage. Effectivement, on a parfois l’impression que les scénaristes ont multiplié les occasions de plonger les personnages dans l’eau afin qu’ils affrontent le crocodile.
Au bout de la dixième scène identique, le spectateur commence à ressentir une certaine lassitude, d’autant que l’animal est finalement peu présent à l’écran, contrairement à celui du premier Black Water. On peut également trouver rebutante l’idée de nous enfermer durant la quasi-totalité du film dans un lieu sombre et à peine éclairé. N’est pas Neil Marshall (The Descent) qui veut.
Du suspense, mais des péripéties pas toujours crédibles
Andrew Traucki finit même par se tirer une balle dans le pied lors d’une dernière séquence en plein jour qui est plutôt absurde. Ainsi, les scénaristes plongent à nouveau les survivants du cauchemar souterrain dans l’eau de manière artificielle et peu crédible, uniquement pour les confronter une dernière fois au croco hostile. Cette séquence voulue comme spectaculaire permet de mieux voir l’animal carnassier, mais elle n’a finalement aucune autre fonction narrative.
On ne peut guère se reposer sur les personnages qui sont tous dessinés à gros traits. Les scénaristes ont bien essayé d’ajouter une trame sentimentale à base de tromperie, mais cela ne sert encore une fois pas à grand-chose. Finalement, on retiendra de cette suite parfaitement dispensable quelques bonnes séquences de suspense et de frousse. On peut également saluer la bonne performance de l’actrice Jessica McNamee, très à l’aise dans la peur et la détermination à survivre. Les autres comédiens ne sont pas mauvais, mais présentent bien moins d’intérêt, tous étant surtout des routiers des séries télévisées.
Un DTV regardable, mais dispensable
Comme les autres films du réalisateur, Black Water : Abyss n’a pas atteint les salles françaises, mais a eu le droit à une exploitation en VOD, puis à une sortie DVD et blu-ray par les soins de TF1 Vidéo. Pas désagréable à suivre, mais tout à fait dispensable par rapport à l’original qui était nettement plus motivant, Black Water : Abyss n’apporte rien de neuf au survival et encore moins au film de crocodile.
Critique de Virgile Dumez