Parmi les premiers longs métrages produit au Mali, Baara de Souleymane Cissé a dû attendre plus de 6 ans avant de sortir en France. Une œuvre importante devenue trop rare, malgré une édition DVD en 2004, chez Pathé.
Synopsis : Un jeune malien quitte sa campagne et fait l’apprentissage du monde urbain et du travail en usine les problèmes de la condition ouvrière analysés avec lucidité par un représentant du jeune cinéma africain.
DVD de Baara (Le travail)- Copyrights : © Sisé Filimu Les Films Cissé, Gerick
Le film : Dans Baara, Souleymane Cissé s’intéressait à l’évolution de la société malienne des années 70, et plus particulièrement au monde du travail. Audacieux dans le contexte rurale du Mali de l’époque.
Après la violence faite aux femmes dans le révoltant La jeune fille (1976), il auscultait l’émergence d’une classe ouvrière dans un système politique corrompu où le droit humain était forcément bafoué. Ce film des Dardenne avec des décennies d’avance, dans un contexte africain forcément inattendu, est pionnière et enrichie par le regard de Cissé qui avait tout de même étudié à Moscou ; il s’était enrichi de son expérience sur une terre communiste pour trouver le recul nécessaire pour s’immiscer dans la violence d’un monde ouvrier et le rapport vertical à la direction, qui se mettait en place.
En 1978, à Locarno, Baara repartira avec deux prix ; à Nantes, au Festival des 3 Continents, en 1979, on l’élevait d’une Montgolfière d’or.
Pourtant, il faudra six ans pour que Cissé puisse voir son film être distribué dans les cinémas français. C’est très dû au succès de son film suivant, Le Vent. L’histoire d’amour féministe et générationnelle, en 1982, sélectionnée en section parallèle à Cannes, lui a permis de voir cette injustice corrigée, avec une collaboration, le temps de deux films, avec le distributeur Gerick qui a contribué à faire découvrir en France des œuvres de Satyajit Ray ou Mikio Naruse.
Baara trouve sa place à Paris dans 3 cinémas la semaine du 17 octobre 1984. Ainsi, on peut le découvrir au Studio de la harpe, au Gaîté Rochechouart et à l’Olympic Entrepôt. Il finit sa carrière parisienne à l’Olympic Luxembourg en 5e semaine, à 468 spectateurs hebdo, pour un total de 12 964 spectateurs exigeants, en quête d’alternative au cinéma occidental.
Trois ans plus tard, le grand Souleymane Cissé battra tous ses records avec Yeelen la Lumière, puisque ce dernier bénéficiera d’une vraie sortie nationale via le distributeur puissant AMLF qui atteindra plus de 341 000 spectateurs en France, et notamment beaucoup de scolaires à qui ce conte initiatique lumineux avait tout pour plaire. Cissé le combattant obtiendrait même le Prix du Jury au Festival de Cannes, cette année-là.
A quand une réédition DVD ou une sortie en VOD ?
Les sorties de la semaine du 17 octobre 1984
Copyrights : © Sisé Filimu, Les Films Cissé, Gerick