Souleymane Cissé est l’un des maîtres du cinéma africain, un habitué du festival de Cannes qui a fait le XXe, avec poésie et humanité. Un grand.
Souleymane Cissé est un réalisateur malien, né à Bamako. Il apprend à manier la caméra en Union Soviétique, puisqu’il fait ses études à Moscou, à l’Institut des hautes études supérieures de la Cinématographie, grâce à l’obtention d’une bourse. Il en ressort diplômé en 1969. Quand il rentre au Mali, il travaille un premier temps comme documentariste pour le gouvernement. Puis, en 1975, il se lance dans la fiction et réalise un premier long métrage, La jeune fille. Ce film controversé évoque le sujet du viol, celui d’une jeune fille muette. La coproduction française lui vaut des ennuis avec le gouvernement et il se retrouve emprisonné.
Il réalise par la suit Baara en 1978, film qui évoque la condition ouvrière au Mali. Il s’agira de son deuxième long métrage à sortir en France, en 1984, après Le Vent, en 1983, qui est présenté à Cannes en 1982, dans la section Un Certain Regard. Diffusés dans des circuits art et essai, les 2 longs sont distribués par Gerick Distribution .
En 1983, Souleymane Cissé était également membre du jury du Festival de Cannes, faisant suite à l’accueil chaleureux du Vent en 1982.
Cet auteur très populaire en France est primé à Cannes pour Yeleen en 1987, qui remporte le Prix du Jury. Avec plus de 340 000 entrées France, Yeelen la lumière devient l’un des plus gros succès du cinéma africain sur notre territoire.
En 1995, Souleymane Cissé retrouve une fois de plus le succès avec Waati qui est vu par 65 000 spectateurs. Le drame puissant est d’ailleurs sélectionné au Festival de Cannes, la même année. Dans celui-ci, Souleymane Cissé dénonce l’apartheid et le racisme anti-noir en Afrique du Sud.
La situation politique au Mali l’insécurité et les conflits internes ne permettent pas au cinéaste de réaliser les œuvres qu’il souhaiterait. Néanmoins, il propose en 2009 Dis moi qui tu es (Min yé) qui évoque les contradictions de la bourgeoisie malienne contemporaine. Le film est proposé dans les cinémas français en 2011.
En 2013, il effectue un hommage à son ami disparu, dans O. Sembène. Enfin, en 2015, il présente au Festival de Cannes, O Ka (Notre maison) qui sort en salle le 6 septembre 2017. L’œuvre est engagée, mais l’écho en France est minime.
Le cinéma de Souleymane Cissé est caractérisé par un engagement social et humain sans faille, un mysticisme et des valeurs politiques qui l’ont placé parmi les pionniers d’un cinéma africain en guerre contre les injustices. Cela lui a permis d’être élevé au rang de Commandeur de l’Ordre National du Mali et de Commandeur des Arts et des Lettres de la République française.
En 2022 Souleiman Cissé fait l’objet d’un documentaire réalisé par sa Fatou Cissé, Hommage d’une fille à son père est une fois de plus présenté à Cannes, mais dans la section Cannes Classics.