Avant l’effondrement, coréalisé par la romancière Alice Zeniter, présente des personnages attachants noyés dans un scénario dont on peine à suivre le cheminement.

 Synopsis : Dans un Paris caniculaire, Tristan, directeur de campagne d’une candidate aux législatives, reçoit un courrier anonyme contenant un test de grossesse positif. Parce qu’il est peut-être atteint d’une maladie génétique mortelle et incurable, il devient obsédé par l’idée de retrouver la femme qui lui a envoyé ce test. Mais a-t-il affaire à une blague morbide, une vengeance froide, un appel à l’aide ou à une manœuvre politique ? Tristan décide de mener l’enquête, au péril de sa vie professionnelle et affective.

Avant l’effondrement et la polysémie des titres

 Critique : Mais de quel effondrement s’agit-il ? De celui de Tristan menacé par un test de grossesse mystérieux, stressé par son implication politique aux prochaines élections législatives, perturbé par la sénilité de son père ? Ou peut-être de manière plus globale de la catastrophe écologique et sociale qui guette ?

 Bâti à quatre mains par Benoît Volnais (alias Benoît Zeniter), assistant réalisateur, et Alice Zeniter, metteuse en scène (Une fille sans histoire) et romancière remarquée (Prix Goncourt des Lycéens 2017 pour son quatrième roman L’Art de perdre), hésitant entre pamphlet politique, drame et comédie romantique matinée d’un zeste de science-fiction, le scénario d’Avant l’effondrement se charge d’une dimension littéraire et théâtrale et crée une distanciation peu propice à la limpidité de ce qui s’annonçait comme l’observation acérée de la difficulté de vivre dans un monde de plus en plus incertain.

Le chaos climato-graphique, c’est maintenant

Autocentré et désemparé, Tristan (Niels Schneider) devient, bien malgré lui, le pivot central d’une machine infernale qui le happe tout entier pour mieux le rejeter vers une réalité dont il dessine maladroitement les contours. On le découvre dégoulinant de transpiration dans ce Paris accablé de chaleur aux allures d’apocalypse. En plus de cette météo délirante, il doit composer avec l’enthousiasme débordant de Naïma (Myriem Akheddiou), à la tête d’un parti politique de Gauche dont il tient les rênes, sans oublier qu’il doit se rendre auprès de son vieux père dont les jours sont comptés. C’est au milieu de ce chaos psychologique qu’arrive ce mystérieux test de grossesse dont il aimerait connaître l’origine d’abord par curiosité mais aussi et surtout parce qu’il se sait potentiellement porteur d’une maladie incurable et mortelle qu’il pourrait transmettre.

M’effondre

Aidée par Fanny (Ariane Labed), sa colocataire et amie, une jeune femme vive et déterminée, il fait l’inventaire de ses dernières aventures sexuelles, ouvrant nombre de chapitres qui en disent long sur sa personnalité et son rapport au monde tout en nous renseignant sur les états d’âme et la force de domination de cet aréopage féminin qui le cerne. Puis mettant de côté les méandres émotionnels des différents personnages, les auteurs choisissent de se consacrer aux thèmes actuels qui agitent notre société. Ils nous régalent alors d’un morceau de bravoure où Pablo (Souheila Yacoub), l’ex de Tristan désormais à l’abri du besoin et du monde, confortablement installée au fin fond d’une campagne écolo-bobo, et Fanny, professeure de littérature, politiquement engagée dans un profond changement de société, s’affrontent dans un duel aussi argumenté que belliqueux qui aurait pu s’apparenter, il y a 50 ans, à un combat de coqs et devient aujourd’hui, grâce à la magie du féminisme, un combat d’ardentes gallinettes.

Pourtant, cette rupture de ton, si brillante soit-elle, ajoutée à une multitude de thèmes abordés de manière emphatique, jette dans la confusion un récit dont on perd peu à peu le fil et l’on n’en sort, certes, pas effondrés mais à coup sûr désorientés.

Critique de Claudine Levanneur

Les sorties de la semaine du 19 avril 2023

Affiche d’Avant l’effondrement (2023) : Le Cercle Noir pour Fidelio – Copyrights : Elzévir Films. Tous droits réservés.

Biographies + :

Alice Zeniter, Niels Schneider, Ariane Labed, Myriem Akheddiou, Souheila Yacoub,