Réalisateur, scénariste, acteur et monteur brésilien né au Mozambique, Ruy Guerra a connu un parcours tortueux avant de devenir cinéaste. Il est né dans une famille de colons portugais présents au Mozambique, encore colonisé lorsqu’il voit le jour en 1931. Il est d’abord élevé en Afrique, puis continue des études à Lisbonne au Portugal. Toutefois, pour mieux apprendre le cinéma, il entre à l’IDHEC à Paris et devient assez rapidement l’assistant de réalisateurs comme Jean Delannoy sur Chiens perdus sans collier (1955).
Ruy Guerra, fondateur du Cinema Novo brésilien
Pourtant, Ruy Guerra préfère partir pour le Brésil et va ainsi s’y installer durablement au point d’en prendre la nationalité. Là, il développe avec plusieurs amis des projets de rénovation et de modernisation du cinéma local que l’on appellera le Cinema Novo. Il en devient l’un des principaux artisans avec son premier long-métrage intitulé La plage du désir (1962) qui se moque de la jeunesse de l’époque, puis il enchaîne avec Les fusils (1964) qui marque par sa description sans fard de l’exploitation du petit peuple par l’élite.
Ensuite, Ruy Guerra tourne Tendres chasseurs (1969) avec Sterling Hayden qui séduit encore par son ton désabusé. Il revient au Brésil pour Les dieux et les morts (1970), mais connaît ensuite une période plus difficile, ne parvenant pas à monter ses projets. Durant cette période d’incertitude, il fait l’acteur pour Werner Herzog en incarnant l’ennemi de Klaus Kinski dans Aguirre, la colère de Dieu (1972). Les années suivantes, Ruy Guerra part au Mozambique où il tente de faire naître une industrie du cinéma locale. Il réalise alors le drame A Queda (1978), le documentaire Mueda, mémoire et massacre (1979), avant d’adapter Gabriel García Márquez dans Erendira (1983) qui mélange fantastique et réalité sociale.
Une carrière en dents de scie
En 1986, on lui doit une comédie musicale intitulée Ópera do Malandro qui sort en salles en France, puis poursuit son exploration de l’œuvre de Garcia Marquez avec Fable de la belle Colombine (1988) qui est également distribué en France de manière confidentielle en 1990. Ruy Guerra revient au Cinema novo avec Kuarup (1989), mais les années 90 constituent une fois de plus une parenthèse difficile où il ne tourne que pour la télévision.
Le cinéaste désormais célébré remet un pied sur les plateaux avec le drame Estorvo (2000), le thriller Portugal S.A. (2004), et le polar étrange O Veneno da Madrugada (2005). Il reste à nouveau éloigné des écrans pendant dix ans et revient finalement avec Quase Memória (2016) et le drame Aos Pedaços (2020). On notera que le réalisateur est aussi son propre scénariste, ce qui en fait un auteur complet qui a eu son heure de gloire entre les années 60-80, mais qui est un peu trop oublié de nos jours. Son œuvre reste en grande partie à découvrir par les cinéphiles curieux.
