Formé au Conservatoire dans le cours de Raphaël Duflos, Fernand Ledoux entre à la Comédie-Française en 1921, et y est sociétaire de 1931 à 1942 et de 1950 à 1954. Comédien et metteur en scène, il collabore hors Comédie-Française avec Jean-Louis Barrault, Pierre Dux ou Jean Meyer, et enseigne au Conservatoire de 1958 à 1967.
Un monstre sacré du théâtre et un acteur solide à l’écran
Fernand Ledoux mène en parallèle une riche carrière au cinéma, de 1918 à 1982. Son jeu, sobre et nuancé, le rapproche d’un Charles Vanel et il n’a jamais cédé aux sirènes du cabotinage. Aussi à l’aise dans les personnages de crapule que dans des compositions d’homme intègre, il est à l’affiche de plusieurs classiques, souvent dans des seconds rôles, avec quelques œuvres en vedette dans les années 40.
Le cinéma muet le voit collaborer avec Jacques Feyder et Marcel L’Herbier, mais c’est dans les années 30 que le public le remarque. Figure royale dans Mayerling (1936) d’Anatole Litvak, il a un rôle plus important dans La bête humaine (1938) de Jean Renoir, où il campe le chef de gare marié à Simone Simon.
Mari jaloux dans Volpone (1940) de Maurice Tourneur, il est le témoin des amours de Danielle Darrieux dans Premier rendez-vous (1941) de Henri Decoin et, la même année, celui des tourments de Jean Gabin dans Remorques de Jean Grémillon. Son interprétation du classieux baron Hugues dans Les visiteurs du soir (1942) de Marcel Carné confirme son immense talent et Fernand Ledoux se voit un temps proposer des premiers rôles. Il incarne ainsi le rôle-titre de Goupi-Mains-Rouges (1943), drame paysan de Jacques Becker, ou le cabaretier du méconnu Pattes blanches (1949) de Jean Grémillon, aux côtés de Suzy Delair.
Fernand Ledoux, une carrière d’une belle longévité
Cette décennie des années 40 le voit aussi endosser les habits de maire dans L’assassinat du père Noël (1941) de Christian-Jaque et Untel père et fils (1943) de Julien Duvivier, de professeur dans Éternel conflit (1948) de Georges Lampin, ou de financier dans Le mystère Barton (1949) de Charles Spaak.
Fernand Ledoux tourne une quinzaine de films dans les années 50, mais les bons rôles se font plus rares. Tout au plus peut-on citer le père de Gérard Philipe dans Les aventures de Till l’espiègle (1956), Monseigneur Myriel dans Les Misérables version Le Chanois (1958), ou le père de Romy Schneider dans Christine (1958) de Pierre Gaspard-Huit.
On le voit encore dans une vingtaine de longs métrages par la suite, mais ses personnages sont de plus en plus secondaires. Il demeure excellent en médecin légiste dans La vérité (1960) de Henri-Georges Clouzot, docteur Charcot dans Freud, passions secrètes (1962) de John Huston, procureur dans Le procès (1962) d’Orson Welles, roi rouge dans Peau d’âne (1970) de Jacques Demy, ou médecin dans Alice ou La dernière fugue (1977) de Claude Chabrol. Son dernier rôle à l’écran est dans Les Misérables version Hossein (1982). Fernand Ledoux a par ailleurs été actif à la télévision, tournant avec Claude Santelli, Marcel Cravenne et Maurice Failevic.