Réalisateur, scénariste, acteur et producteur britannique, Don Sharp est né en 1921 à Hobart, en Australie. Il y poursuit sa scolarité et découvre très jeune le théâtre par le biais de l’école. Le métier d’acteur le séduit de prime abord. Pourtant, sa vocation a été interrompue par la Seconde Guerre mondiale où il a été enrôlé dans les forces aériennes australiennes et transféré dès 1941 à Singapour. Là, il mène notamment des activités d’acteur pour la radio locale, mais sa santé chancelante l’oblige à revenir en Australie, et plus précisément à l’hôpital de Melbourne.
Un acteur australien qui devient un cinéaste britannique
Après la guerre, il reprend ses activités de comédien de théâtre, effectuant des tournées internationales, y compris au Japon pour divertir les troupes d’occupation du pays. Toutefois, dès 1948, il choisit de s’exiler en Grande-Bretagne car il souhaite faire du cinéma, or l’industrie est au point mort en Australie en cette fin des années 40. Là, il prendra la nationalité britannique et s’installera jusqu’à sa mort.
Il débute sa carrière en tant qu’acteur et scénariste sur le film Ha’penny Breeze (Frank Worth, 1950), avant d’être revu dans La femme du planteur (Ken Annakin, 1952) et La mer cruelle (Charles Frend, 1953). Pourtant, assez rapidement, il se forme pour pouvoir passer derrière la caméra et il obtient sa première occasion avec le moyen métrage Un avion a disparu (1955). Parallèlement, il va continuer à mener une carrière de scénariste, avant de véritablement pouvoir vivre de ses réalisations.
Pour faire ses armes, Don Sharp tourne le film musical Le disque d’or (1958) et plusieurs films destinés à un public familial, souvent sans grand intérêt. Dès lors, il se tourne pendant quelques années vers la télévision pour laquelle il réalise des épisodes de séries. Cette formation supplémentaire lui permet d’être enfin repéré par la compagnie Hammer Films qui lui propose de réaliser Le baiser du vampire (1963) qui est un beau succès, à la fois critique et public.
Une carrière dans le cinéma populaire
La carrière de Don Sharp est lancée et il poursuit sur sa lancée avec le film d’aventures Les pirates du diable (1964). Pourtant, il intègre la Lippert Films pour y tourner Witchcraft (1964) et surtout La malédiction de la mouche (1965), troisième opus de la saga de La mouche noire (Kurt Neumann, 1958). Tout de suite après, il aborde l’univers de Sax Rohmer avec le peu inspiré Le masque de Fu Manchu (1965) qui ne vaut que pour la prestation de Christopher Lee. Toutefois, le métrage a connu un succès suffisant pour qu’il en tourne la suite intitulée Les 13 fiancées de Fu Manchu (1966).
De retour à la Hammer, Don Sharp est plus inspiré avec un intéressant Raspoutine, le moine fou (1966), fantaisie historique toujours menée par le grand Christopher Lee. Devenu un faiseur de l’industrie britannique, le cinéaste n’échappe pas à la mode de l’eurospy avec Opération Marrakech (1966), de piètre réputation. Vers la fin des années 60, Don Sharp refait un tour par la petite lucarne avec quelques épisodes de la série à succès Chapeau melon et bottes de cuir.
Il loue ensuite ses services à des petites compagnies indépendantes et parvient à signer plusieurs films corrects comme Psychomania (1973), Callan (1974) et Le manoir des fantasmes (1974). En 1978, il signe un remake éponyme des 39 marches d’Alfred Hitchcock et s’implique dans le film d’aventures Le Secret de la banquise (1979).
Une décennie 80 passée à la télévision
Mais le début des années 80 signe la fin du cinéma commercial britannique et l’homme loue ses services à la télévision où il réalise de nombreux téléfilms et autres séries. Don Sharp prend sa retraite en 1989 et décède en 2011 à l’âge respectable de 90 ans. Il restera comme un petit artisan au sein de l’industrie britannique, sans grande personnalité.