Note des spectateurs :

Mort de Ruggero Deodato, réalisateur de Cannibal Holocaust. Il était l’un des réalisateurs de cinéma de genre italiens les plus importants du XXe siècle.

Aux côtés de Lucio Fulci ou Joe d’Amato, Ruggero Deodato avait promu dans les années 70 et 80 un cinéma d’exploitation gore, sans limite, cruel et réaliste, dont le paroxysme sera Cannibal Holocaust en 1980. Considéré comme le premier found-footage de l’histoire, ce faux documentaire hyper-réaliste  est un phénomène de société qui devance de 20 ans Le projet Blair Witch. Il vaudra à son auteur des accusations de meurtre, puisque certains seront persuadés à la sortie de ce film d’aventures sociologique au titre notoire, que les acteurs avaient bel et bien été massacrés pendant un tournage sans limite – les tueries d’animaux perpétuées étaient, elles, bien réelles et demeureront une source d’embarras pour l’auteur.

Ruggero Deodato dans l’enfer de l’exploitation

Avec une carrière de 25 ans, entre 1968 et 1993, le cinéaste avait parcouru différents genres avant de se spécialiser dans l’horreur. Péplums, films d’aventures exotiques, film catastrophe, polars, il avait d’ailleurs tourné un autre film de cannibales (Le dernier monde cannibale, en 1977)… il tournait là où le succès du moment était, avec une certaine verve, des films inégaux mais qui portaient le sceau de leurs époques.

Dans les années 80, ultime décennie de faste pour le cinéma italien, on le retrouve dans le rape & revenge (La maison au fond du parc), le slasher (Body Count), la production Cannon à bon marché et à grosses recettes (Les Barbarians), le giallo (The Washing Machine en fait tourné au début des années 90), le postnuke (Atlantis Interceptor)…

Amazonia, la jungle blanche, l'affiche

© 1984 Racing Pictures. Tous droits réservés.

Deodato s’était, dans les années 2000 et 2010, converti en un cinéaste rentier qui avait retrouvé une aura auprès du public qui découvrait son œuvre en DVD, puis en Blu-ray, après des années 90 très difficiles pour les réalisateurs italiens poussés vers la télévision.

De festivals (je l’ai interviewé à Gérardmer) en conventions, il était partout, participant volontiers à des bonus pour des documentaires le concernant (l’excellent long métrage Deodato Holocaust, présent discrètement en France sur un bonus blu-ray du film Jezebel chez Le Chat qui Fume), et plus récemment une interview exclusive pour l’édition 4K de Cannibal Holocaust (88 Films), bardée de bonus, absolument immanquable après toutes les éditions françaises très décevantes.

Mort de Ruggero Deodato

En 2022, Deodato était au centre, avec Sergio Martino, d’un documentaire The Last of us, en cours de production, et avait réalisé un ultime film en 2016, Ballad in Blood, en anglais.

Le cinéaste est mort le 29 décembre 2022, à l’âge de 83 ans. Un mythe s’éteint, fermant une page d’un cinéma italien légendaire à ne pas mettre sous tous les yeux.

En 2021, une réédition enrichie de l’ouvrage somme Cannibal Holocaust and the Savage Cinelma of Ruggero Deodato est proposée. Un must qui revient en photos et en affiches sur toute sa carrière jusqu’à son ultime effort cinématographique.

Pour en savoir plus sur Ruggero Deodato, n’hésitez pas à consulter notre biographie et filmographie de l’auteur ci-jointe.

 

Frédéric Mignard

Ils nous ont quittés en 2022

Les Prédateurs du Futur, jaquette Pulse vidéo

Copyrights : 2021 Pulse Vidéo

Mort de Ruggero Deodato – Article par Frédéric Mignard