Note des spectateurs :

Retour sur la trilogie d’Hal Hartley, l’un des événements de septembre 2019.

Plus grand cinéaste américain indépendant du début des années 90, chantre d’une vibe Sundance authentique et pure, avant la récupération par Weinstein & cie, successeur brillant de Jim Jarmusch dans la catégorie des meilleures révélation du cinéma underground, Hal Hartley revient en salles en France, avec trois de ses longs métrages, sous l’intitulé de The Long Island Trilogy.

Les trois films, tournés autour de 1990, sont des bijoux d’humeur à la vague nouvelle, d’une poésie des regards et des musiques home-made par le cinéaste en personne

On citera tout d’abord son premier long The Unbelievable Truth (chef-d’œuvre de sensibilité, dans son genre jeune et fauché, avec l’actrice Adrienne Shelly (Caravan city) en tête d’affiche, depuis morte assassinée brutalement, alors qu’elle démarrait une carrière de réalisatrice. On retrouve également Robert-Robocop 3– Burke, et le bien-connu Bill Sage.

The Unbelievable Truth, avec Robert Burke et Adrienne Shelly
Copyrights : True Fiction Pictures

Trust Me, le plus grand film d’Hal Hartley

Le second film est le plus grand film de son cinéaste, un succès du cinéma étudiant des années 90, une histoire d’amour lunaire, décalée et grinçante, dont la géométrie déraille pour livrer l’un des sommets de l’indie movie américain de tous les temps. Il est à la carrière de Hal Hartley ce que Down by law fut à Jarmush. Immense. Le couple insaisissable, joué par Adrienne Shelly et Martin Donovan nous donne envie de croire à l’amour, avec un goût certain pour le nihilisme imbibé de francophilie.

Martin Donovan et Adrienne Shelly, scène finale de Trust me de Hal Hartley
Martin Donovan et Adrienne Shelly, scène finale de Trust me de Hal Hartley – Copyrights : True Fiction Pictures

Trajectoires cassées, chorégraphies absurdes et humeurs planantes

Le troisième long, Simple men, fort du succès en salle de Trust me (qui ne s’appelle que Trust au passage, aux USA) est plus mâture. On y retrouve les trajectoires cassées qu’affectionne le cinéaste, les chorégraphies surréalistes et le goût pour les humeurs qui planent : le film est le plus abouti des trois, mais pas forcément le plus attachant. Le succès fut conséquent dans son circuit, et révéla la présence singulière d’Elina Lowensohn, ancienne muse de Hal Hartley, avec lequel elle tourna cinq fois ; elle est depuis devenue l’icône de Bertrand Mandico en France.

Elina Löwensohn dans Simple Men
Elina Löwensohn dans Simple Men Copyrights : True Fiction Pictures

Ces trois œuvres ressortiront en salle en France, le 25 septembre dans des versions restaurées en 2K, grâce au soutien du distributeur Camélia, jamais le dernier quand il s’agit de raviver les passions avec l’excellence des auteurs injustement oubliés.

Dans le cas d’Hal Hartley, il faut lui faire une ovation

Frédéric Mignard

Trilogie Hal Hartley par les Films du Camélia
© Les Films du Camélia