Wet Season : la critique du film (2020)

Drame | 1h43min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche de Wet Season d'Anthony Chen

  • Réalisateur : Anthony Chen
  • Acteurs : Yann Yann Yeo, Koh Jia Ler, Yang Shi Bin, Christopher Ming-Shun Lee
  • Date de sortie: 19 Fév 2020
  • Nationalité : Singapourien, Taïwanais
  • Scénario : Anthony Chen
  • Distributeur : Epicentre Fillms
  • Éditeur vidéo : Epicentre Films Editions
  • Date de sortie vidéo : 22 septembre 2020
  • Box-office France 12 171 entrées
  • Festivals : Le Caire 2019 - Entrevues Film Festival 2019 - Five Flavours Asian Film Festival 2019 - Golden Horse Film Festival 2019 - Göteborg 2019 - Macao 2019 - Pingyao 2019 - São Paulo 2019 - Thessaloniki 2019 - To Ten Chinese Films Festival 2020 - Turin 2019 - Toronto 2019
  • Classification : Tous publics
  • Crédit visuels : Copyright Epicentre Films - Giraffe Pictures
Note des spectateurs :

Wet Season confirme le talent d’Anthony Chen. Entre romance subtile et critique sociale incisive, ce récit intimiste est bien servi par l’interprétation de Yann Yann Yeo et du  jeune Koh Jia Ler.

Synopsis : Des trombes d’eau s’abattent sur Singapour. C’est la mousson. Les nuages s’amoncellent aussi dans le cœur de Ling, professeur de chinois dans un lycée de garçons. Sa vie professionnelle est peu épanouissante et son mari, avec qui elle tente depuis plusieurs années d’avoir un enfant, de plus en plus fuyant. Une amitié inattendue avec l’un de ses élèves va briser sa solitude et l’aider à prendre sa vie en main.

La confusion des sentiments

Critique : Anthony Chen avait été révélé en 2013 avec Ilo Ilo, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs et Caméra d’or du Festival de Cannes. Ce jeune réalisateur de Singapour avait charmé par le récit d’un enfant attaché à la jeune domestique philippine embauchée par ses parents. On retrouve dans Wet Season ce même intimisme, et la dénonciation implicite du traitement infligé aux immigrés par les autorités de Singapour. Certes, Ling appartient à la classe moyenne supérieure, de par son statut de professeure et son mariage avec un cadre singapourien. Mais en tant que Malaisienne, elle n’est que partiellement intégrée, et le chinois, qu’elle enseigne, est ici considéré comme une langue secondaire : c’est l’anglais (des affaires surtout) qui est la discipline linguistique privilégiée par les établissements scolaires et universitaires.

Si le phénomène ne concerne pas que Singapour, le cinéaste pointe du doigt l’insistance avec laquelle son entourage (directeur, collègues, élèves) lui rappelle que son enseignement n’est pas des plus importants. Anthony Chen dénonce ici une uniformisation culturelle peu portée sur l’ouverture d’esprit. Mais Wet Season n’est pas un simple pamphlet, ni un semi-documentaire sur la population asiatique immigrée de Singapour, cette dimension n’étant qu’un des aspects d’une œuvre touchante, privilégiant les non-dits et l’intériorisation des sentiments, à commencer par ceux de Ling à qui le spectateur s’attache très vite. Sa vie sociale se résume à des allers-retours entre son travail et son domicile, où elle s’occupe d’un beau-père invalide. Son époux la néglige, au point de ne pas l’accompagner à l’hôpital lorsqu’elle subit des tests pour envisager une insémination artificielle.

Wet Season ou la confirmation du talent d’un jeune cinéaste

Koh Jia Ler et Yann Yann Yeo dans Wet Season d'Anthony Chen

Copyright Epicentre Films

La relation qu’elle noue avec son jeune élève Wei Lun, oscillant entre l’amitié et la protection maternelle, prend soudain une autre tournure lorsque le jeune homme éprouve plus que de l’admiration pour celle qui le fait vraiment progresser dans une discipline qu’il souhaite approfondir afin, dit-il, de travailler plus tard avec des clients chinois. Wet Season abordé avec tact, sans outrances dramatiques ni lourdeurs psychologiques, un sujet naguère traité par André Cayatte dans Mourir d’aimer (1971) ou Jean-Claude Brisseau dans Noce blanche (1989). Mais on peut aussi le rapprocher des récits d’initiation aussi divers que Le Blé en herbe (1954) de Claude Autant-Lara, d’après Colette, ou Un été 42 (1971) de Robert Mulligan, même si Anthony Chen choisit un traitement plus elliptique et moins délibérément romanesque.

Le recours aux éléments naturels est utilisé avec subtilité, mais sans surcharge symbolique : « À Singapour, il n’y a pas de saisons : c’est un pays tropical, il fait chaud et ensoleillé toute l’année. Sauf pendant la mousson où il pleut quasiment sans interruption pendant six ou huit semaines. La pluie était présente dès l’écriture. Elle correspond pour moi au paysage émotionnel intérieur de Ling », a ainsi précisé Anthony Chen, qui a préféré l’effet sonore exercé par la pluie à une musique qui aurait pu faire glisser le film sur la pente du sentimentalisme. Il faut enfin souligner la grâce des deux interprètes que le cinéaste avait déjà dirigés dans Ilo Ilo : Yann Yann Yeo joue avec délicatesse une femme partagée entre le combat et la résignation ; elle est bien épaulée par le jeune Koh Jia Ler au jeu à la fois naturel et expressif.

Critique de Gérard Crespo

Sorties de la semaine du 19 février 2020

Affiche de Wet Season d'Anthony Chen

Copyright Epicentre Films

Le DVD :

Pas de sortie haute-définition pour ce titre distribué peu avant l’épidémie de la COVID. Epicentre sort un DVD incluant une poignée de supplément.

Wet Season, dvd

© Epicentre Films

  • Rencontre avec le réalisateur
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  • Bio-filmographie du réalisateur

Au total, 31 minutes de bonus. Disponible également en VOD

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