Samouni Road : la critique du film et le test DVD (2018)

Documentaire, Animation | 2h08min
Note de la rédaction :
7/10
7
Samouni Road affiche

  • Réalisateur : Stefano Savona
  • Date de sortie: 07 Nov 2018
  • Titre original : La strada dei Samouni
  • Nationalité : Italien, Français
  • Distributeur : Jour2fête
  • Éditeur vidéo : Jour2fête
  • Sortie vidéo : Le 2 avril 2019
  • Box-office France / Paris-périphérie : 9 324 entrées / 3 458 entrées
Note des spectateurs :

Mêlant images documentaires et animation, Samouni Road témoigne de la violence des combats dans la bande de Gaza, tout en suivant le quotidien des civils, premières victimes du conflit israélo-palestinien.

Synopsis : Dans la périphérie rurale de la ville de Gaza, la famille Samouni s’apprête à célébrer un mariage. C’est la première fête depuis la dernière guerre. Amal, Fouad, leurs frères et leurs cousins ont perdu leurs parents, leurs maisons et leurs oliviers. Le quartier où ils habitent est en reconstruction. Ils replantent des arbres et labourent les champs, mais une tâche plus difficile encore incombe à ces jeunes survivants : reconstruire leur propre mémoire. Au fil de leurs souvenirs, Samouni Road dresse un portrait de cette famille avant, pendant et après l’événement qui a changé leur vie à jamais.

Gaza au quotidien

Critique : Archéologue devenu réalisateur de documentaires, l’Italien Stefano Savona s’est déjà fait remarquer par son excellent Tahrir, place de la Libération, sorti en janvier 2012, où il saisissait l’effervescence du printemps arabe. Il nous revient plusieurs années après avec ce nouveau projet original qui s’attache à suivre le quotidien d’une famille palestinienne de Gaza après les bombardements de 2009 (opération Plomb Durci). Les images documentaires ont d’ailleurs été tournées juste après les bombardements, puis un an tout juste après le conflit, soit en 2010.

Pourtant, le film ne sort sur les écrans qu’à la fin 2018 car le réalisateur a voulu reconstituer l’opération militaire à l’aide d’un film d’animation d’une quarantaine de minutes. Avec la technique artisanale utilisée, il a fallu finalement plus de sept ans pour venir à bout du projet.

Document entrecoupé de passages animés

Cela en valait toutefois la peine puisque les seules images documentaires, même foncièrement émouvantes, ne peuvent en aucun cas atteindre le degré de puissance d’un dessin-animé qui fait appel à l’imaginaire et à la poésie. Si Stefano Savona précise que la reconstitution animée est basée sur une documentation sérieuse venue des deux camps, elle introduit toutefois une part de fiction non négligeable dans un dispositif documentaire se voulant le reflet pur de la réalité. De quoi poser une fois de plus le statut de l’image filmé et de son rapport avec le réel.

Le cinéaste n’a pas pour but de se livrer à une réflexion métaphysique sur le support filmique, mais bien de rendre hommage à une famille palestinienne lambda et non politisée, pourtant victime de la guerre sévissant à Gaza entre 2008 et 2009. Il a donc recours à tous les artifices de montage et d’animation pour nous immerger dans leur quotidien, marqué par la perte d’une grande partie de leur famille.

Un point de vue pro-palestinien

Indéniablement favorable à la cause palestinienne, le long-métrage précise toutefois que certains militaires israéliens ont refusé d’obéir aux ordres de leurs supérieurs. De même, le rôle du Hamas reste ambigu puisque chaque victime vient s’ajouter à la longue liste des martyrs de la cause palestinienne. Si les membres de la famille ne semblent pas gagnés par le désir de vengeance, on ne peut pas en dire autant du fils aîné d’une dizaine d’années qui déclare vouloir rejoindre ses proches en se sacrifiant pour la cause. Glaçant.

Comme toujours avec ce type de documentaires, le spectateur occidental trouvera la situation ubuesque, la violence des uns engendrant celle des autres dans une spirale infernale.

Samouni Road est donc un documentaire puissant grâce à ses séquences animées. Il souffre toutefois d’un déséquilibre du point de vue, en ne présentant jamais la situation sous tous les angles possibles, mais en prenant résolument parti. Enfin, le cinéaste ne s’est pas résolu à couper des passages qui pouvaient rester sur le sol de la table de montage. Plus de deux heures pour un documentaire intimiste, c’est tout de même bien long, d’autant que des moments en creux pouvaient être écartés.

Pas de quoi bouder cette expérience immersive intéressante, témoignage poignant d’un conflit toujours plus absurde.

Le test DVD :

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Samouni Road jaquette DVD

© 2018 Dugong Production – Picofilms – Alter Ego Production – Rai Cinéma – Arte France Cinema. © 2019 Jour2fête. Tous droits réservés.

Compléments : 3/5

On commence par un entretien de 20min avec le réalisateur Stefano Savona qui s’exprime dans un français très clair. Il nous raconte l’origine du projet, et surtout les différentes étapes d’un long-métrage qui a mis presque dix ans à voir le jour. Il explique aussi les techniques d’animation utilisées pour apporter un point de vue différent sur l’histoire de cette famille attachante. Enfin, un court document de 4min nous montre les étapes de l’animation, cette fois sans explication.

L’image : 3/5

Si les images animées en noir et blanc sont resplendissantes, on ne peut pas en dire autant des images documentaires qui ont assez peu de qualités cinématographiques. Captation brute d’une réalité peu reluisante, Samouni Road ne bénéficie pas d’une esthétique élaborée. La copie SD manque également de précision dans son rendu.

Le son : 5/5

La piste originale sous-titrée en 5.1 est une bien belle surprise tant les effets sonores se répartissent harmonieusement sur les différentes enceintes. Le caisson de basses est régulièrement sollicité lors des bombardements. Ce sont les passages animés qui bénéficient essentiellement de cette dynamique sonore imparable.

Critique du film et test DVD : Virgile Dumez

Samouni Road affiche

© 2018 Dugong Production – Picofilms – Alter Ego Production – Rai Cinéma – Arte France Cinema – Jour2fête. Tous droits réservés.

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