Oleg : la critique du film (2019)

Drame, Drame social | 1h48min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche du film Oleg, de Juris Kursietis

  • Réalisateur : Juris Kursietis
  • Acteurs : Valentin Novopolskij, Dawid Ogrodnik, Anna Prochniak
  • Date de sortie: 30 Oct 2019
  • Nationalités : Letton, Belge, Lituanien, Français
  • Titre original : Oleg
  • Scénaristes : Juris Kursietis, Liga Celma-Kursiete, Kaspars Odins
  • Distributeur : Arizona Distrib.
  • Éditeur vidéo : Inconnu
  • Date de sortie vidéo : Inconnue
  • Box-office France / Paris-périphérie : A venir
  • Classification : Tous publics, avec avertissements : "Le climat et certaines scènes du film sont de nature à impressionner un public sensible" (CNC)
  • Festivals : Festival de Cannes (Quinzaine des Réalisateurs, 2019), Festival de la Rochelle (2019)
Note des spectateurs :

Oleg est une oeuvre âpre qui rappelle que l’esclavage existe toujours, à deux pas de chez nous, en plein cœur de l’Europe.

Synopsis : Oleg est garçon boucher. Il quitte la Lettonie pour Bruxelles où il espère travailler contre un salaire décent. Trahi par un collègue, son expérience tourne court. Oleg est alors recueilli par un criminel polonais avant de tomber sous son emprise mafieuse.

Critique : Depuis quelques années, le cinéma se nourrit avidement de l’indignité des conditions d’accueil indignes réservées à ceux qui fuient misère et conflits d’Afrique ou d’ailleurs. S’inspirant largement de faits réels, le réalisateur letton Juris Kursietis pose sa caméra au cœur de Bruxelles, capitale européenne idéalisée et multiculturelle, pour rappeler que si l’Europe s’émeut régulièrement des disparités entre Européens de l’Ouest et de l’Est, elle se garde bien de dénoncer un système économique souterrain qui profite à tout le monde, même s’il doit broyer, au passage, quelques individus au statut indéfini. En effet, Oleg est un non-citoyen. S’il n’est plus russe depuis la fin de l’ère soviétique, il n’est pas non plus letton, la Lettonie n’ayant pas souhaité accorder sa nationalité aux ex-citoyens soviétiques, le condamnant ainsi à une éternelle clandestinité.

Oleg et le drame méconnu de la non-citoyenneté

Des images d’un paysage recouvert d’un manteau neigeux immaculé sur lequel est couché un jeune homme légèrement vêtu distillent une sérénité totale. Alors qu’il se remémore la prédiction de l’agneau sacrificiel que lui racontait sa grand-mère, la glace se fissure sous son poids et l’expédie dans une eau bleutée qui se transforme en prison naturelle. Un tableau à l’esthétique parfaite pour annoncer l’imminence d’une aventure à la fois effroyable et captivante qui va nous mener aux portes d’un enfer insoupçonné.

Photo de Oleg, de Juris Kursietis

© Production Tasse Film (Lettonie), Iota Productions (Belgique), In Scripts (Lituanie), Arizona Production (France)

Une aventure effroyable aux portes de l’enfer

Oleg (Valentin Novopolskij) a quitté son village letton et la tendresse de sa grand-mère dans l’espoir de trouver un travail mieux rémunéré pour payer ses dettes. Si les premiers temps semblent lui donner raison, le pire ne tarde pas à le happer dans un enchaînement infernal. Une accusation mensongère portée par un collègue sans scrupules lui fait perdre son travail. Sans identité, frappé d’une interdiction totale de travail en Belgique, il n’a d’autre choix que de confier son destin à un Polonais qui se présente comme son sauveur, lui offrant passeport et hébergement sans en préciser les conditions. Car Andrezj est un mafieux tranquillement installé au cœur de la Belgique. Il dirige son cheptel d’esclaves modernes sans que ni la police ni les hautes instances du gouvernement ne l’inquiètent. La main-d’œuvre corvéable à merci, c’est l’assurance de meilleurs profits pour les usines du coin.

Peinture claustrophobe de l’esclavage moderne

Le format carré de l’image et une caméra mobile placée au plus près du visage du personnage principal participent activement à créer une ambiance claustrophobe encore renforcée par les nuances aux tons glacialement bleutés de la superbe photographie de Bogumil Godfrejow. L’allure juvénile et résignée de Valentin Novopolskij, charismatique clé de voûte du récit, en butte à l’assurance malveillante sans cesse renouvelée de son bourreau (Dawid Odgrodnik d’un naturel étonnant) propage, chez le spectateur, coincé entre empathie et douleur, un irrésistible frisson mêlé d’horreur et d’incrédulité. Quelques scènes de spiritualité et de musique sacrée ou l’ébauche d’un amour, voué à l’échec dans un monde où les idéaux humanistes ne résistent pas longtemps face aux différences de statuts sociaux, lui accordent quelques rares instants de répit, sans rien apporter d’essentiel à l’intrigue. Car ainsi que le scande une voix off, « c’est une histoire pleine de dangers » et, à l’image de cette lente chute dans les eaux sombres et glacées, la descente aux enfers est inexorable.

 Avant tout chronique au réalisme implacable sur la perte d’identité et la manipulation psychologique, Oleg égratigne, sans tapage mais avec fermeté, une Europe humainement et économiquement terrifiante.

Critique : Claudine Levanneur 

Les sorties de la semaine du 30 octobre 2019

Affiche du film Oleg, de Juris Kursietis

© Production Tasse Film (Lettonie), Iota Productions (Belgique), In Scripts (Lituanie), Arizona Production (France)

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