Los Fuertes : la critique du film (2022)

Drame, Romance, LGBT | 1h38min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
Affiche de Los Fuertes d' Omar Zúñiga

  • Réalisateur : Omar Zúñiga Hidalgo
  • Acteurs : Samuel González, Antonio Altamirano, Marcela Salinas
  • Date de sortie: 04 Mai 2022
  • Année de production : 2019
  • Nationalité : Chilien
  • Titre original : Los Fuertes
  • Titres alternatifs : The Strong Ones (International)
  • Scénaristes : Omar Zúñiga Hidalgo
  • Directeur de la photographie : Nicolás Ibieta
  • Monteurs : Catalina Marín Duarte, Omar Zúñiga Hidalgo
  • Compositeur : Sokio
  • Producteurs : José Luis Rivas, Omar Zúñiga Hidalgo
  • Sociétés de production : Cinestación, Terranova Producciones
  • Distributeur : Optimale Distribution
  • Editeur vidéo : Optimale Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 2022
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord américain / monde : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.90 : 1 / Couleur / 5.1
  • Festivals et récompenses : Sélection Officielle Festival du film international de San Sebastien, Prix du Jury Festival du film LGTB Image Out Rochester, Prix du Jury Festival du film LGTB Outshine, Prix du Jury Festival du film LGTB QFLIX Philadelphie, Prix du Jury et Prix du Public Festival du film LGTB Out Fest Los Angeles, Prix du Jury Festival du film LGTB Out On Film Atlanta, Prix du Public Image+Nation Festival du film LGBT Montréal, Sélection Officielle Inside Out Toronto, Sélection Officielle Chéries Chéris Festival du film LGBTQ+++ de Paris
  • Illustrateur / Création graphique : © Optimale. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Optimale Distribution. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Los Fuertes est une romance gay au tempo d’un cinéma d’auteur exigeant. Des acteurs forts et des images somptueuses.

Synopsis : Lucas se rend chez sa sœur dans un village reculé du Sud du Chili avant de s’en aller vivre au Canada. Là, face à l’océan et au milieu de la brume, il rencontre Antonio, maître d’équipage sur un bateau de pêche local. Quand une relation amoureuse intense surgit entre eux, ils se retrouvent obligés d’affronter leur réalité et de briser leur solitude, en apprenant à faire confiance aux gens qui les entourent. Alors que les vagues frappent la baie, leur force et leur indépendance deviennent inébranlables face à la marée.

Juste un film homo?

Critique : Avec son duo d’amoureux homo sur son affiche, Los Fuertes apparaît comme un énième romance entre hommes. On y image les regards appuyés, la fébrilité des peaux lors des premiers contacts, l’insistance sur les rapports charnels… Evidemment, chère à l’universalité, la thématique n’a pas de frontière et offre des plus-values territoriales (ici le Chili) pour arpenter les terres rugueuse des discriminations et des solitudes, et tenter d’insuffler une identité exotique au discours.

Ces films généralement naturalistes reflètent le parcours personnel de leurs auteurs et la volonté d’empoigner lors de leur jeunesse la vitalité hormonale de l’homme.

Los Fuertes, oeuvre puissamment naturaliste

Souvent les formules sont éculées, mais parfois, les cinéastes parviennent à aller au-delà des clichés inhérents au genre. Los Fuertes, même s’il ne parvient pas à se défausser des tics ataviques du cinéma gay rustique, accomplit une vraie belle peinture sociale qui ne concède rien à la facilité.

Lorgnant du côté d’un cinéma d’auteur exigeant, la peinture est de tout plan, dans un décor qui fait partie intégrante des personnages. La beauté de la photo, nullement suresthétisante, mais captivante pour mieux façonner les repères psychologiques des personnages, est finalement plus forte que celle des corps. Si les ébats ont bien lieu pour définir la passion des deux protagonistes, c’est bien le cadre et une direction d’acteur impeccables qui vont ancrer la romance dans le réalisme d’un Chili des oppositions binaires : celui des classes sociales qui se heurtent, les bourgeois et les humbles, des environnements urbains et rustres antinomiques, des gays qui s’assument ou non…

Los Fuertes, photo

© 2022 Optimale Distribution, Cinestación

Pour un bingo au Chili

Omar Zúñiga Hidalgo, pour son premier long métrage, retrouve les deux acteurs qui avaient déjà entretenu cette intensité de jeu, lors de son court métrage récompensé aux Teddy Awards en 2015. Après cet exercice de 30 minutes qui peut s’apparenter à une répétition, Los Fuertes devient alors l’aboutissement  d’un projet personnel maturé, où l’on ressent la confiance de chacun des membres de l’équipe. Le cinéaste-peintre déploie une palette d’émotions dans la simplicité dans sa mise en scène de la rencontre entre deux hommes à l’arrière-plan social opposé comme le pointe le choix judicieux des vêtements des deux personnages que rien ne devait rassembler si ce n’est une attirance magnétique et un amour jamais exprimé à voix haute, mais qui imprègne les yeux. Le suspense autour du devenir de leur relation sera prégnant jusqu’à la scène finale particulièrement pertinente.

Aux antipodes du monde

Ces deux êtres aux familles différentes, qui répondent aux contingences familiales avec leurs propres caractères, cherchent à s’accomplir par l’ouverture. Celle au monde pour le jeune homme qui a les moyens de s’offrir une nouveau départ à l’autre bout du globe, au Canada, et une échappatoire par la mer et l’indépendance professionnelle pour le second. Ce dernier apparaît comme le personnage le plus passionnant dans tout ce qu’il a à nous transmettre dans sa sociologie : le rapport au père mort, la fidélité à la famille, à la terre… Mais les autres psychologies ne sont pas délaissées, y compris celle de la sœur à qui le jeune homme de la ville vient rendre visite en début de film.

Le lettré et le rustre se complètent à merveille dans l’intelligence d’une réalisation qui ne cherche pas les dialogues superflus, et économise les actions pour mieux capter l’importance des instants.

Seule la mer

Œuvre sur le courage, celui des grandes décisions de vie, de la défense des convictions, de son patrimoine et de son histoire, Los fuertes évite les métaphores trop lourdes. Toutefois, il y recourt dans des reproductions historiques auxquelles se soumet l’un des protagonistes lors de son temps libre. L’idée de la reconstitution du champ de bataille, qui sert de leitmotiv dans la narration, parvient à dire beaucoup sur la richesse bouillonnante de l’être, en conviant à l’interprétation.

Au final, Los Fuertes évite de nous assommer de conventions et s’identifie dans son intensité au cinéma d’auteur exaltant. Dans le genre, il n’a pas tout à fait la puissance de Seule la terre de Francis Lee (2017), mais au moins il s’y apparente de près, et c’est déjà beaucoup. La place en salle que le distributeur Optimale lui a accordée est donc largement justifiée, avant une exploitation plus canonique en vidéo physique et sur les plateformes en SVOD.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 4 mai 2022

Affiche de Los Fuertes d' Omar Zúñiga

© 2022 Optimale Distribution, Cinestación

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Omar Zúñiga Hidalgo, Samuel González, Antonio Altamirano, Marcela Salinas

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