Joli récit d’apprentissage, Le royaume de Kensuké apprend aux enfants le respect de la nature et des autres cultures à l’aide d’une histoire poétique, joliment rehaussée par une séduisante animation en 2D. A découvrir !
Synopsis : L’incroyable histoire de Michael, 11 ans, parti faire un tour du monde à la voile avec ses parents, avant qu’une terrible tempête ne le propulse par-dessus bord avec sa chienne Stella. Échoués sur une île déserte, comment survivre ? Un mystérieux inconnu vient alors à leur secours en leur offrant à boire et à manger. C’est Kensuké, un ancien soldat japonais vivant seul sur l’île avec ses amis les orangs-outans depuis la guerre.
L’adaptation d’un auteur culte au Royaume-Uni
Critique : L’écrivain britannique Michael Morpurgo est une véritable institution dans son pays grâce à une grosse centaine d’ouvrages destinés à la jeunesse. Parmi ses créations les plus connues à l’étranger, on compte notamment son récit animalier Cheval de guerre dont Steven Spielberg a tiré un film en 2011. Toutefois, c’est Le royaume de Kensuké publié en 1999 qui a attiré l’attention des productrices Camilla Deakin et Ruth Fielding, fondatrices du studio d’animation britannique Lupus Films.
Pour adapter cette histoire, elles ont fait appel au scénariste Frank Cottrell-Boyce (qui a de nombreux films de Michael Winterbottom à son actif), par ailleurs également auteur pour la jeunesse. Ce dernier parvient à trouver un parfait équilibre dans cette histoire qui sera quasiment dépourvue de dialogues. Mais pour rendre l’ensemble efficace et attrayant, il fallait l’apport d’artistes doués. Ainsi, le vieux routier Neil Boyle est associé au plus jeune Kirk Hendry pour mettre en images ce joli conte initiatique.
Le royaume de Kensuké ou le charme de l’animation en 2D
Le défi des compères était de revenir à une forme plus traditionnelle du dessin animé en réalisant tous les personnages à la main et en 2D. En ce qui concerne les environnements et autres paysages, un recours aux effets 3D a bien été nécessaire, le challenge étant que les deux styles se mêlent harmonieusement pour mieux s’effacer face à la puissance du récit. Grâce à l’apport extraordinaire de plus de 200 artistes durant deux ans et demi, Le royaume de Kensuké déploie ses charmes visuels, le tout pour la modique somme de 10 945 388 €, ce qui est négligeable quand on compare cela aux budgets astronomiques nécessaires pour tourner les gros blockbusters animés des studios hollywoodiens.
©️ 2023 Melusine Productions – Lupus Films – Jigsaw Films – Le Pacte. Tous droits réservés.
Certes, le récit d’apprentissage s’avère d’un classicisme absolu, mais il parvient à toucher son cœur de cible, tout en séduisant aussi les adultes accompagnateurs. Cela débute par la description d’une petite famille britannique à bord d’un bateau de plaisance où le petit Michael se distingue par une tendance à désobéir à ses parents. Ainsi, le gamin de 11 ans est parvenu à faire embarquer sa chienne Stella à l’insu des autres et cet élément perturbateur est à l’origine du drame qui intervient au bout d’une dizaine de minutes. Effectivement, lors d’une tempête, le gosse est emporté par-dessus bord avec sa chienne par une grande vague.
De l’art de la survie en milieu hostile
Commence alors une histoire proche de celle de Robinson Crusoé puisque Michael est rejeté sur une île quasiment déserte en compagnie de sa chienne bien-aimée. Dès lors, le petit homme va devoir apprendre à survivre par ses propres moyens. Dans son malheur, il croise pourtant un étrange personnage, un ancien soldat japonais qui n’a jamais quitté cette île isolée depuis la Seconde Guerre mondiale et le traumatisme éprouvé par la destruction de sa ville de Nagasaki. Après une période compliquée où les deux êtres se jaugent, ils finissent par aller au-delà de leurs incompréhensions – ils ne parlent pas la même langue – pour créer un microcosme familial en totale harmonie avec l’environnement.
Afin de donner un peu plus de poids au discours écologique, les auteurs font intervenir de méchants braconniers qui viennent s’emparer d’animaux sauvages pour les revendre à bon prix. Ainsi, les cinéastes suscitent chez les plus jeunes un dégoût bienvenu envers la chasse et tous ceux qui ne respectent pas la vie animale. Il s’agit assurément d’un message pacifiste à partager avec le plus grand nombre et que nous validons à 100 %. Ainsi, la mort d’un orang-outang sous les coups de fusils des braconniers risque bien de marquer pour longtemps les jeunes spectateurs, même si la scène se déroule hors champ afin de ne pas traumatiser les plus fragiles.
Un récit initiatique porteur de valeurs altruistes et humanistes
Modèle du film pédagogique qui entend dénoncer toute forme de guerre et de violence au profit du respect – envers les animaux, mais aussi envers les autres cultures, ici japonaise – Le royaume de Kensuké bénéficie d’une jolie animation qui parvient à faire oublier le peu de dialogues qu’il contient. Universel dans son message, le film d’animation suscite de fortes émotions puisqu’il évoque le passage de l’enfance à l’âge adulte, ce moment important où l’on passe d’une vision autocentrée de la vie à l’ouverture vers l’autre, mais aussi à la conscience d’appartenir à un ensemble bien plus grand que soi.
A cela, le métrage ajoute de beaux sentiments comme l’attachement à ses parents, à ses amis et à ses animaux de compagnie. Tout ceci est réalisé avec un réel sens de la poésie, faisant du Royaume de Kensuké un très joli film d’animation à conseiller à tous les parents adeptes de messages positifs à destination de leur progéniture.
©️ 2023 Melusine Productions – Lupus Films – Jigsaw Films – Le Pacte. Tous droits réservés.
Présenté en compétition officielle au Festival d’animation d’Annecy en 2023, Le royaume de Kensuké est reparti bredouille. Son distributeur Le Pacte l’a sorti judicieusement pour les vacances de février 2024. Pour sa première semaine débutée le mercredi 7 février 2024, Le royaume de Kensuké a été présenté dans 332 salles pour un score de 72 554 entrées, se plaçant ainsi à la 10ème place du box-office français. Encouragé par ces premiers résultats, le distributeur injecte de nouveaux écrans, profitant des vacances pour passer à 541 salles pour un résultat très stable de 63 688 bambins de plus.
Une belle carrière sur la durée, preuve d’un bon bouche à oreille
Les deux semaines suivantes sont décisives pour le dessin animé puisque les différentes zones de vacances se croisent. Le film passe à 668 cinémas et peut donc compter sur un renfort de 90 056 retardataires. Le métrage britannique dépasse déjà les 200 000 spectateurs. Le Pacte enfonce le clou en semaine 4 avec encore plus de copies et 751 sites le programmant. Le joli conte se maintient plutôt bien avec encore 73 739 têtes blondes et cette fois 300 000 Robinson à son compteur.
Si la fin des vacances semble sonner l’heure de la retraite, Le royaume de Kensuké ne déclare aucunement forfait et va continuer une très longue carrière, souvent relégué aux séances matinales pour dépasser les 400 000 entrées en semaine 15. Increvable, le film est toujours présent lors des vacances de Pâques et il tient même à l’affiche de quelques cinémas jusqu’au début du mois de juillet. Son total de 420 918 entrées en fait donc un beau succès, essentiellement provincial si on le compare à des chiffres parisiens plus faibles.
Pour ceux qui n’ont pas pu découvrir l’œuvre en salles, Le Pacte vient tout juste de la sortir en support physique DVD et blu-ray. Il s’agit assurément d’une belle pioche !
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 7 février 2024
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©️ 2023 Melusine Productions – Lupus Films – Jigsaw Films – Le Pacte. Tous droits réservés.
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Mots clés
Cinéma britannique, Festival d’Annecy 2023, Les îles au cinéma, Films pour enfants avec des animaux, Les chiens au cinéma, Les singes au cinéma
