Parmi les premières productions Empire, Swordkill Le guerrier fantôme n’a guère d’atout dans sa besace. Avec ses acteurs-endives et sa réalisation statique, le long-métrage fait pitié.
Synopsis : Dans le Japon troublé du XVIème siècle, le samouraï Yoshimitsu, guerrier d’élite chargé de protéger la compagne de son daimyo, est précipité dans une cascade d’eau glacée à la suite d’un combat désespéré. Par miracle son corps est figé et conservé dans la glace durant plusieurs siècles, avant qu’une équipe de spécialistes américains en cryologie et biologie, ne réussisse à l’extraire de son incroyable léthargie. Hélas, ce dernier leur fausse compagnie et se retrouve complètement déboussolé au milieu de la jungle urbaine de l’Amérique des années 80.
L’une des premières productions de la firme de Charles Band, Empire Pictures
Critique : En 1983, le producteur indépendant américain Charles Band fonde sa compagnie Empire International Pictures. Son but est de conquérir le marché de la série B dans les domaines de l’horreur et du fantastique. Son catalogue propose alors ses propres réalisations (comme L’alchimiste en 1983). Mais dès 1984, la compagnie passe à la vitesse supérieure en apposant sa marque sur quatre films dont Ghoulies (Bercovici), Future Cop, Metalstorm, la tempête d’acier (tous deux de Charles Band) et enfin Ghost Warrior (unique réalisation du scénariste J. Larry Carroll).
Ce dernier film a été écrit par Tim Curnen qui avait déjà bossé dans le bis avec Jim Wynorski sur Mutant (1982). L’idée de départ n’est pas plus stupide qu’une autre. En fait, elle reprend l’hypothèse développée dans le Hibernatus de Molinaro avec De Funès, à savoir le retour à la vie d’un homme resté congelé pendant plusieurs siècles. Ici, non seulement le choc est temporel, mais également culturel puisque celui qui revient à la vie est un samouraï japonais ranimé par un groupe de scientifiques américains.
Toutefois, comme le succès du moment est un certain E.T. de Steven Spielberg, les petits malins d’Empire ont cru bon d’ajouter une traque du samouraï dans une forêt par des scientifiques et industriels peu scrupuleux. Aidé par une jeune scientifique plus vertueuse, le Japonais va être confronté à la cruauté du monde moderne, finalement pas si éloigné des vicissitudes du sien.
L’unique réalisation du scénariste J. Larry Carroll fait peine à voir
Si les idées amorcées auraient pu être intéressantes, elles ne sont jamais développées par un scénariste qui se contente d’aligner des clichés et autres platitudes. Pire, l’apprenti-réalisateur semble absolument incapable d’insuffler la moindre vie à ses plans. Ainsi, les acteurs sont désespérément statiques et aucun n’arrive à être vraiment naturel. Finalement, le seul qui parvient à tirer son épingle du jeu est Hiroshi Fujioka, resté célèbre pour avoir été le premier interprète de la série nippone Kamen Rider (1971-1973). Sans en faire trop, l’acteur parvient à rester digne en samouraï imperturbable. On ne peut pas en dire autant des autres comédiens, tous plus fades et insipides les uns que les autres.
Swordkill est terriblement statique, seulement sauvé par sa photographie
Dès lors, dépourvu de la moindre tension et de la moindre idée cinématographique, le spectacle s’avère terriblement ennuyeux. Pire, le long-métrage paraît interminable alors même qu’il ne dure que 81 minutes. Un exploit en quelque sorte. De ce naufrage quasiment intégral, on ne sauvera que quelques beaux éclairages du suédois Mac Ahlberg. Ce dernier a débuté comme réalisateur de films coquins dans son pays d’origine, avant d’être embauché par Charles Band pour éclairer la plupart des productions Empire. On peut le considérer comme l’un des artisans les plus importants dans la conception esthétique des productions maison. Kitsch et fondée sur des couleurs criardes, sa photographie est ici plus subtile et participe au charme visuel qui se dégage d’un film pourtant très médiocre.
Sorti uniquement dans quelques salles de province françaises en 1986, Le guerrier fantôme est surtout connu chez nous sous le titre Swordkill, le retour du samouraï à cause de sa VHS éditée par Vestron. A noter que le film est aussi trouvable en DVD sous une jaquette mensongère titrée La légende des samouraïs, mais mettant en haut de l’affiche un certain Sonny Chiba qui, bien entendu, n’apparaît absolument pas dans le film. Un blu-ray est disponible chez 101 Films, chez nos voisins d’Outre-Manche.
Critique de Virgile Dumez