Dressage est un étonnant brûlot anticapitaliste par le rebelle du porno Jack Tyler. Le scénario est travaillé pour sonder le parfum capiteux du pouvoir.
Synopsis* : Aurélie, une vingtaine d’année, qui a quitté son job de pâtissière et son petit ami pour suivre une formation en gestion financière. Elle intègre alors un grand bureau de conseil en placement incarné et dirigé par Hélène, une femme glaçante, dominatrice et sûre d’elle. Etonnée par le CV d’Aurélie, Hélène la recrute à l’essai… Mais Aurélie nourrit un projet secret en intégrant cette entreprise puisque Hélène était auparavant DRH d’une multinationale ayant repris une entreprise familiale où la mère d’Aurélie travaillait. (MyCanal*)
Dressage, entre thriller économique et métaphore sur le pouvoir
Le film : On ne refait pas Jack Tyler. Le réalisateur de Sex apocalypse et de L’éloge de la chair poursuit une carrière singulière où le script et les dialogues prennent parfois le dessus sur la représentation masturbatoire que le cinéma dit pornographique est supposé avoir.
En mettant en scène les mécaniques du pouvoir et du sentiment destructeur de domination qu’il procure, l’auteur (n’a-t-il pas déjà écrit un livre?) réalise une œuvre chorale où les strates sociales se positionnent en intrigues parallèles qui se croisent dans des lieux souterrains et alternatifs et où les rôles changent dans le vertige des sens. La sexualité explicite devient objet signifiant d’une œuvre tordue, mais maline.
L’ivresse du pouvoir
La métaphore centrale de l’oppression du peuple par des élites froides qui gèrent leurs entreprises à la baguette via la pratique sexuelle du BD SM (bondage et discipline, domination et soumission, sadomasochisme), mène Dressage à un rebondissement étonnant et à une chute qui aurait pu, toutefois, être davantage accentuée, tant les éléments étaient là pour rendre le final aussi intense que le reste du film. Trop courte, cette scène finale, avec sa pointe d’ironie et humour, clôt Dressage sur le duo Mya Lorenn et Doryann Marguet, et démontre une volonté de scénarisation, de construction, et de montage de la part de Tyler, qui se permet même de joindre des références discrètes à des films non X, comme le fameux Glamour de François Merlet (1984) dont UGC avait inondé les écrans sans trop de succès.
L’atmosphère opaque et la musique souvent pesante confèrent à cette production atypique un caractère d’œuvre à part entière où le défaut central demeure le déploiement systématique des acteurs à la mode qui auraient pu rendre, pour ceux qui recherchent purement la carnation de ce cinéma, l’exercice routinier. Mais Jack Tyler est trop malin et à partir d’acteurs bien connus, il met en scène la sophistication sans préjugé où tout le monde joue à être autre chose que des porn stars.
Dressage confirme que le cinéma à caractère pornographique pourrait bien être un genre comme un autre, loin des saynètes que les exploitants de la chair ont essayé de proposer lors du rabaissement du cinéma X, lors des années 90 et 2000.
Article : Il est libre MaX
Diffusion le 3 décembre 2020, sur Canal + – Interdit aux moins de 18 ans
- Studio : Saphir Production
- Avec : Lorenzo Viota, Ania Kinski, Mya Lorenn, Lucy Heart,, Doryann Marguet, Joss Lescaf, Rico Simmons, Michael Cheritto
- Interdit aux moins de 18 ans.
- Film à caractère pornographique