De Rockstar à tueur : le cas Cantat est un discours à charge contre l’icone de Noir désir, à partir de documents vidéo inédits et troublants qui essaient de relancer le débat sur le meurtrier de Marie Trintignant.
Synopsis : Eté 2003: la France assiste en direct à l’arrestation de Bertrand Cantat, icône charismatique du rock français et leader du groupe Noir Désir, après une violente dispute avec sa compagne, l’actrice Marie Trintignant, qui la laisse entre la vie et la mort. Rapidement, l’affaire divise l’opinion française: certains y voient un accident tragique quand d’autres dénoncent la brutalité impardonnable des coups portés. Depuis, l’affaire n’a cessé de rebondir, avec le mystérieux suicide de Krisztina Rády, épouse de Bertrand Cantat, et de nouvelles révélations sur le comportement du chanteur.
Notre avis : Maladroitement présenté en mini-série de trois documentaires quand l’ensemble de 2h00 aurait mérité le format d’un long métrage, De Rockstar à tueur : le cas Cantat est un pur documentaire Netflix, au traitement sensationnaliste propre aux divertissements de la plateforme dont on reconnaît le goût du fait divers douloureux et des crimes mythiques qui ont fait les curiosités et les révoltes des téléspectateurs.
L’équipe de De Rockstar à tueur : le cas Cantat mérite sûrement mieux que cette forme tant elle est facile et pesante, allant à l’encontre du travail d’investigation des journalistes, souvent probant, qui a le mérite de relancer les débats sur le chanteur de Noir Désir.
Pour mémoire, celui-ci a été reconnu coupable de meurtre de l’actrice Marie Trintignant, commis sans intention directe, en juillet 2003.
Une société entière qui passe à côté de la réalité d’un drame
La fille de Jean-Louis et Nadine Trintignant, alors en tournage en Lituanie, avait été frappée à mort par son compagnon d’époque le chanteur anti-système et idole de la Gauche rock, Bertrand Cantat.
Sa mort, explicitée dans le film, a été un massacre à bout de poing qui avait nourri la frénésie médiatique en 2003, au début de l’ère de l’internet, quand les réseaux sociaux n’existaient pas encore. La société passait pourtant à côté de la réalité du drame.
La vingtaine de coups de poing, d’abord niée par l’artiste qui essaie de faire passer l’atrocité pour un accident lors du premier interrogatoire, devient la preuve manifeste d’un carnage sur un être humain qui nous indispose encore. Le leadeur du groupe Universal écope de huit ans de prison et n’en fera pas la moitié à la suite d’une remise en liberté conditionnelle sur laquelle chacun à le droit d’avoir son avis.
De Rockstar à tueur : le cas Cantat a le mérite de redonner de la matière à réflexion quant aux témoignages qui ont été apportés à la faveur de l’accusé lors de son procès, en évoquant notamment la disparition trouble de son ancienne compagne et mère de ses enfants, qui s’est suicidée en 2010, soit trois ans après la libération du meurtrier de Marie Trintignant. Et si la justice n’avait pas pu aller jusqu’au bout des choses ? La question est posée et, au lendemain de la lame de fond #MeToo, les féministes ont décidé de faire du chanteur un symbole de leurs luttes, notamment lors des apparitions sur scène d’un artiste qui a refusé de rester dans l’ombre, provoquant des débats éthiques qui sont allés au-delà des parents de la disparue, puisque ce sont les femmes qui se sont indignées, se sentant outragées.
De Rockstar à tueur : Rencontre du troisième type, du type meurtrier
Le documentaire, fort des témoignages, notamment de la comédienne Lio, amie proche de la victime, juge à posteriori une époque où le terme féminicide n’existait pas encore et où l’on parlait de crime passionnel, en se basant sur la réalité du mot “passion” et non sur sa vulgarisation récréative contemporaine. Les scènes d’interrogatoires et de procès inédites donnent à montrer un homme qui pleure et qui ment, qui se défend ou manipule, mais en tout cas ne laisse pas indifférent.
La réaction phénoménale qu’a suscité le documentaire depuis sa diffusion sur Netflix démontre très certainement la nécessité de repenser le cas Cantat sans fermer la porte sur une pluralité des issues. Après le procès juridique, De Rockstar à tueur : le cas Cantat est un réquisitoire journalistique qui donne froid dans le dos, mais qui ne peut nous demander de trancher.
Il n’est pas sûr que le téléspectateur soit capable de se soustraire aisément de ce bains d’émotions violentes. Aussi, avec du recul, on se refusera de se faire juge. Toutefois, si on continue à penser qu’il est bien difficile de dire qui est vraiment le cas Bertrand Cantat à l’issue de cette production, une chose est certaine, il paraît être d’un type peu recommandable qui ne regagnera pas notre confiance.
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