Belle d’amour est historiquement le premier film de Rocco Siffredi, jeune acteur italien alors vivant en France, engagé par Marc Dorcel. Sa rencontre avec Michel Ricaud est explosive.
Synopsis officiel : Le premier film porno de Rocco Siffredi. Ce film hors du commun relate de façon magistrale les fantasmes d’une superbe bourgeoise pourtant fidèle et réservée.
Critique : Parmi les classiques du cinéma X des années 80 que propose la plateforme Dorcel Vision, on retrouve Belle d’amour, remake pornographique du classique de Luis Buñuel. Le film a les caractéristiques de la société VMD, une image léchée, qui se plie aux fantasmes d’une bourgeoisie oisive, et dont le type de format vidéo a considérablement vieilli avec le temps. Le luxe et l’obsession des classes sociales favorisées perverties est de tous les instants. Marc Dorcel est dans son élément.
Belle d’amour, remake osé de Belle de Jour
Belle d’amour porte aussi la patte de Michel Ricaud, réalisateur star des années 80 qui allait notamment beaucoup officier chez l’éditeur. Le monsieur osait les perversions les plus étranges, et dans cette histoire de femme bien sous tous rapports qui exprime un besoin vital à offrir son corps aux clients d’une maison close, les déviances sont au rendez-vous, avec des scènes de latex ou de fantasme nécrophile que seuls les amateurs apprécieront.
Véritable film à dialogue, avec intrigue et une guest star, Richard Allan qui, pour une fois, jamais ne trempe dans les scènes très osées, Belle d’amour déplait en 2020. Les dialogues autour de la femme objet y sont abjects et, à l’avilissement subi par les protagonistes féminines ne peuvent guère laisser indifférent. Des générations semblent être passées depuis la sortie de cette production à succès de la fin des années 80, destinées exclusivement au marché de la vidéo, pour corriger ce type d’abus. Le contexte féministe contemporain ne laissera plus aucune légitimité à une misogynie du verbe qui heurte les oreilles.
Rocco Siffredi bouffe l’écran
En fait, pour trouver l’intérêt de cette production Michel Ricaud, il faut aller chercher du côté d’un premier rôle, celui de Ricco Siffredi. Dans un casting féminin sans conséquence et de vieilles gloires du X comme André Kay, on est surpris par la force magnétique du jeune Rocco, tout droit sorti de son Italie rurale. L’acteur ne joue pas, mais semble dévorer ses partenaires, avec une vocation toute trouvée pour ses obsessions et ses besoins qu’il a toujours décrits comme excessifs.
Belle d’amour, un film sur l’histoire et l’évolution du X
Siffredi jeune et athlétique, charismatique à chaque instant, vole la vedette du film et semble parti pour survivre au temps. Ricaud, conscient de sa cinégénie qui ne passe pas forcément par la taille de son membre, y voit une véritable star qu’il va surexploiter dans la dernière demi-heure de ce long film de 2h00, dont l’autre intérêt réside dans son caractère historique et sa valeur en tant qu’avatar luxueux d’une production vidéo en évolution.
Siffredi s’amusera encore dans le X avant de faire du mannequinat et revenir en grande forme ; Ricaud poursuivra sa course effréné dans le porno, remportant deux Hot d’Or, avant de décéder tragiquement en 93, et Marc Dorcel réussira à devenir l’une des entités du cinéma de charme les plus puissantes en Europe.
Tel sera l’enseignement de ce conte étrange et malaisant.
Article par Il est libre MaX
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