Réalisateur, scénariste et acteur français, Stéphane Brizé est né dans un milieu très modeste et il passe d’abord un DUT d’électronique à l’université de Rennes. Finalement, il est engagé à France 3 Rennes, ce qui le pousse à s’orienter vers l’audiovisuel. Ensuite, il monte à Paris où il prend des cours d’art dramatique. Non seulement, il commence à mettre en scène des pièces de théâtre, mais il tâte aussi de la réalisation par des courts-métrages. Il accepte également de jouer des petits rôles dans Au petit Marguery (Bénégui, 1995) et Nos vies heureuses (Maillot, 1999).
Les premiers longs-métrages à tout petit budget
Toutefois, c’est bien la réalisation qui motive Stéphane Brizé avec un premier long-métrage qui attire l’attention des critiques : Le bleu des villes (1999). Ce premier essai intéresse 98 108 spectateurs, ce qui est plutôt encourageant. Toutefois, il est difficile d’envisager un deuxième long qui n’arrivera que plusieurs années plus tard avec l’excellent Je ne suis pas là pour être aimé (2005) avec Patrick Chesnais. Le métrage séduit cette fois-ci 262 874 spectateurs et peut donc être considéré comme un beau succès qui confirme en même temps la sensibilité d’un auteur à suivre.
La collaboration avec Vincent Lindon
Retour toutefois au petit film d’auteur avec Entre adultes (2006) qui est un beau film à la carrière malheureusement trop discrète (46 499 tickets vendus). Stéphane Brizé va alors faire une rencontre décisive avec l’acteur Vincent Lindon qui va devenir une sorte d’alter-égo. Il l’associe à Sandrine Kiberlain pour le bouleversant Mademoiselle Chambon (2009), l’un des plus beaux films de cette année-là. Le métrage est d’ailleurs un franc succès avec 504 385 personnes sensibles dans les salles. Cela permet à Stéphane Brizé de glaner un César de la meilleure adaptation. Décidément, un grand auteur était né.
Il nous chavire à nouveau avec son film sur le suicide assisté intitulé Quelques heures de printemps (2012) avec un duo magnifique formé par Hélène Vincent et Vincent Lindon. Sur un sujet grave et parfois difficilement supportable, le film est parvenu à fédérer 329 374 spectateurs qui voulaient être bouleversés. Ils ont été servis.
Le succès d’une trilogie sur le travail au cœur du système capitaliste
En 2015, Stéphane Brizé décide de politiser encore plus son cinéma et décrit les dérives du capitalisme dans La loi du marché qui reçoit le Prix spécial œcuménique et surtout le prix d’interprétation pour Vincent Lindon au prestigieux festival de Cannes. Ce film offre également un César du meilleur acteur à Vincent Lindon. De quoi confirmer la parfaite alchimie entre le réalisateur et l’acteur. Outre les récompenses, La loi du marché est le plus gros succès à ce jour de Stéphane Brizé en dépassant le million de tickets vendus.
Après un tel plébiscite, Stéphane Brizé tente l’adaptation littéraire d’un classique de Maupassant avec Une vie (2016) qui s’écrase à 109 478 entrées. Un camouflet. Le cinéaste revient sur un terrain qu’il maîtrise mieux et retrouve Vincent Lindon pour le formidable En guerre (2018), film très fort sur les luttes syndicales. Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes mais repart bredouille, tandis que le succès n’est pas vraiment au rendez-vous avec 285 274 adeptes de la radicalité idéologique dans les salles. Le film méritait mieux.
Finalement, Stéphane Brizé poursuit son exploration du capitalisme en se plaçant cette fois-ci du point de vue des patrons de sites industriels tenus par des groupes internationaux. Pour cela, il réunit à nouveau son couple de Mademoiselle Chambon, à savoir Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain. Cela donne Un autre monde (2021), un excellent film social qui devrait séduire un large public.
Stéphane Brizé délaisse son acteur fétiche pour Guillaume Canet, en 2024, et sort Hors-saison chez Gaumont, après un passage au Festival de Berlin. Il a co-écrit le film avec Marie Drucker.