Réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, Peter Bogdanovich est le fils du peintre yougoslave Borislov Bogdanovich. Il naît à New York en 1939 et se passionne très vite pour le cinéma. Dès l’âge de 16 ans, il suit des cours d’art dramatique au Théâtre Studio de Stella Adler et débute une carrière de comédien de théâtre.
Un jeune talent repéré par Roger Corman
Toutefois, parallèlement, Bogdanovich entame une carrière de critique de cinéma. A cette occasion, il s’entretient avec les plus grands comme John Ford ou Alfred Hitchcock. Repéré par Roger Corman, Bogdanovich est employé dans sa firme comme script doctor sur des films comme Les anges sauvages (Corman, 1966). Finalement, très satisfait du jeune homme prometteur, Corman lui confie la réalisation d’un premier long-métrage de fiction avec Boris Karloff. Il s’agit de La cible (1968) qui est un habile thriller. Toutefois, c’est avec son troisième long-métrage intitulé La dernière séance (1971) que Peter Bogdanovich devient un cinéaste à suivre. Son évocation en noir et blanc du Texas des années 50 séduit le public aux États-Unis (la France, elle, reste de marbre) et obtient deux Oscars pour saluer les seconds rôles du film.
© 1973 Saticoy Productions – Paramount Pictures / Affiche : Rosebud Advertising Corp. Tous droits réservés.
Désormais considéré comme un cinéaste qui compte, Bogdanovich se voit offrir la réalisation de la comédie On s’fait la valise, docteur ? (1972) avec les stars Barbra Streisand et Ryan O’Neal. Le succès commercial américain (la France reste en retrait avec 395 151 entrées) lui permet de retrouver O’Neal pour La barbe à papa (1973). Si le long-métrage est une réussite artistique qui permet à Tatum O’Neil d’obtenir l’Oscar du meilleur second rôle féminin à l’âge de 10 ans, il ne trouve pas son public (128 208 entrées en France).
Une série d’échecs au milieu des années 70
Bogdanovich s’entiche ensuite de l’actrice Cybill Sheperd à qui il offre deux rôles majeurs dans Daisy Miller (1974) et Enfin l’amour (1975) qui sont deux échecs publics. Le cinéaste tente un retour fracassant avec Nickelodeon (1976) et c’est à nouveau un échec commercial. Cette fois-ci, Bogdanovich s’impose trois ans de réflexion avant de proposer Jack le magnifique (1979) avec Ben Gazzara qui laisse indifférent, puis Et tout le monde riait… (1981) avec Audrey Hepburn. Autant de films qui passent inaperçus.
Intervient un terrible drame dans la vie de Bogdanovich puisque sa nouvelle petite amie, l’actrice Dorothy Stratten, est assassinée en 1980 par son mari jaloux. Une cassure indéniable dans une vie d’artiste qui l’éloigne pendant quelque temps des studios.
L’affaire Mask
Peter Bogdanovich attend plusieurs années et semble opérer un retour gagnant avec le drame Mask (1985) qui permet à Cher de gagner un prix d’interprétation à Cannes. Malheureusement, ce beau succès est terni par une polémique qui a opposé le cinéaste au studio Universal. Bogdanovich est ainsi en désaccord avec la version montée par le studio et entame ainsi ses chances de revenir sur le devant de la scène. Il est ensuite contraint d’accepter un peu n’importe quoi pour pouvoir tourner. Avec 651 927 entrées en France, Mask est son plus gros succès chez nous, mais aussi son dernier film à connaître une sortie digne de ce nom.
Une fin de carrière plus confidentielle
En 1988, il réalise la comédie pour ados Illégalement vôtre avec Rob Lowe : un accident industriel. Il paraît revenir aux choses sérieuses avec Texasville (1990) qui est la suite de La dernière séance. Le film n’est distribué en France que quatre ans plus tard et ne glane que 306 pauvres entrées. On touche le fond. La suite n’est guère plus enthousiasmante avec Nashville Blues (1993) qui est le dernier métrage tourné par River Phoenix avant son décès tragique.
© 2014 Lagniappe Films / Affiche : M’A (Paris) (agence) – Nathalie Cagnat (dessinatrice). Tous droits réservés.
A partir du milieu des années 90, Peter Bogdanovich travaille essentiellement à la télévision où il tourne notamment un épisode des Soprano. Sinon, au cinéma, on lui doit encore Un parfum de meurtre (2001) et on reparle enfin de lui à l’occasion de la sortie de son Broadway Therapy (2014) qui ressemble un peu trop à du Woody Allen. Le film n’attire que 156 009 spectateurs français pour un revival raté. Depuis, le cinéaste a consacré un documentaire à Buster Keaton intitulé The Great Buster (2018).
Finalement, on retiendra de l’ensemble quelques belles réussites et surtout son important travail de critique. Sa carrière cinéma, elle, est marquée par de nombreuses déceptions et cela se ressent lors des entretiens où Peter Bogdanovich semble très amer. Le cinéaste décède le 6 janvier 2022 à l’âge de 82 ans.
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