Nuri Bilge Ceylan

Réalisateur, Scénariste, Producteur, Monteur
Portrait de Nuri Bilge Ceylan sur le tournage des Herbes sèches

Personal Info

  • Nationalité : Turc
  • Date de naissance : 26 janvier 1959, Istanbul (Turquie)
  • Crédit : Nuri Bilge Ceylan sur le tournage des Herbes sèches. © Nuri Bilge Ceylan

Biographie

Note des spectateurs :

Nuri Bilge Ceylan est le plus grand cinéaste turc en exercice dans les années 2000-2020, succédant à Yilmaz Guney au panthéon d’une cinématographie méconnue dans le monde.

Nuri Bilge Ceylan n’a pas toujours voulu devenir cinéaste. Des études d’ingénieur chimiste dans un premier temps, à partir de 1976, puis de cinéma, son appétence pour la photographie qu’il gardera dans tous ses films remarquablement photographiés, il l’exerce comme photographe professionnel. En 1993, il réalise un premier long court-métrage, format ironique pour peu que l’on sait qu’il deviendra un champion du cinéma contemplatif au format long, dans les années 2010. Ce court métrage, Koza, est le premier issu de Turquie à être sélectionné à Cannes.

Son premier long métrage, Kasaba (1997), dont la sortie française devra attendre 2023, voit son auteur porter toutes les casquettes : scénariste, directeur de la photographie, producteur… Le cinéaste trouve la voie des salles françaises en 2001 : les Films du Paradoxe distribuent Nuages de mai, qui bénéficie de deux prix à Berlin. Le cinéaste y explore déjà la thématique du retour à en Anatolie, thématique récurrente à travers son oeuvre. Le film d’art et d’essai rigoureux, distribué dans deux cinémas, connaîtra un excellent bouche-à-oreille en France, avec pas moins de 11 746 spectateurs en fin de carrière, malgré une sortie initialement réduite à 2 écrans en première semaine.

Le successeur de Yilmaz Guney, l’autre cinéaste turc palmé à Cannes, en 1982

Le cinéaste va devenir une évidence de programmation pour le Festival de Cannes qui voient dans ce chantre du cinéma contemplatif un nouveau Yilmaz Guney, l’un des seuls cinéastes turcs à avoir percé dans le monde, avec notamment la Palme d’or Yol, en 1982, qui avait dépassé le million d’entrées en 1982, avec l’aide de Marin Karmitz. Tous les films de Nuri Bilge Ceylan seront en compétition entre 2002 et 2023, avec de nombreux prix pour conforter l’approche psychologique et esthétique d’un poète de l’image qui aime grater sous le vernis sociologique de son pays.

En 2002, Uzak, son 3e film, est récompensé d’un prix d’interprétation masculine. En 2007, l’auteur retrouve la Sélection officielle avec Les climats, Prix FIPRESCI de la critique internationale. Il est honoré du prix de la mise en scène pour Les trois singes en 2008, puis gratifié du Grand Prix en 2011 avec Il était une fois en Anatolie qui dépasse les 2h30 de durée. Il s’agit alors de son premier film fleuve.

Nuri Bilge Ceylan intègre le clan des auteurs palmés avec Winter Sleep

Avec Winter Sleep, en 2014, Nuri Bilge Ceylan triomphe avec une Palme d’or récompensant 3h16 de cinéma exigeant. Les spectateurs essaient de découvrir le film par curiosité. 360 000 entrées, c’est à la fois peu pour une Palme, mais beaucoup pour un cinéma aussi radical dans sa lenteur inhérente au travail du réalisateur-peintre des émotions et de l’atavisme déprimé.

En 2018, l’auteur de marque réitère avec Le poirier sauvage, un retour en Anatolie pour 3h08 de métrage. Le jury de Cate Blanchett ne le récompensera pas pour autant. Le cinéaste a à peu près tout obtenu et l’Australienne ne semble pas sensible au charme réel de son cinéma pour des spectateurs courageux.

En 2023, avec Les herbes sèches, Nuri Bilge Ceylan retrouve Memento Distribution qui le suit depuis 2011 et Il était une fois en Anatolie. Le distributeur français a d’ailleurs coproduit ce long très long de 3h17, avec la Turquie et l’Allemagne. Cette nouvelle collaboration, écrite, produite et montée par le cinéaste aux casquettes toujours multiples, obtient la satisfaction d’une septième sélection en compétition. Décidément, l’auteur doit tout à ce festival, notamment un succès en France qui ne se dément pas, avec des productions de moins de 3 millions d’euros qui écoulent leur rythme auprès de 120 à 150 000 spectateurs, si l’on écarte la Palme (360 000), son premier long à être sorti en France (Nuages de mai, 2001, aux chiffres anecdotiques) et Les trois singes en 2009 dont l’échec se soldera aussi par une séparation avec le distributeur Pyramide Films.

Frédéric Mignard

Filmographies :

  • 1997 : Kasaba (The Small Town)
  • 1999 : Nuages de mai (Mayıs Sıkıntısı)
  • 2002 : Uzak
  • 2006 : Les Climats (İklimler)
  • 2008 : Les Trois Singes (Üç Maymun)
  • 2011 : Il était une fois en Anatolie (Bir Zamanlar Anadolu’da)
  • 2014 : Winter Sleep (Kış Uykusu)
  • 2018 : Le Poirier sauvage (Ahlat Ağacı)
  • 2023 : Les Herbes sèches (Kuru Otlar Üstüne)
Winter Sleep, affiche du film

Affiche : Le Cercle Noir pour Fidelio

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