Miloš Forman fut en Tchécoslovaquie l’un des meilleurs représentants du renouveau du cinéma de l’Est dans les années 60, avec des films satiriques et poétiques (L’as de pique, Les amours d’une blonde, Au feu les pompiers !).
Exilé aux États-Unis, il y réalisa ses meilleures œuvres, dont les oscarisés Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) et Amadeus (1984). Il se partagea ensuite entre Hollywood (Larry Flint) et le cinéma européen (Valmont).
De la nouvelle vague tchèque aux Oscars de Vol au-dessus d’un nid de coucou
Né à Čáslav dans l’actuelle république tchèque, Miloš Forman est formé à l’Académie du film de Prague, Il y réalise des courts métrages avant de signer des longs influencés par la Nouvelle Vague française alors à son apogée. Ce sont de petits chefs-d’œuvre de satire sociale, sous des allures de comédie décalée, et qui témoignent d’un regard incisif. L’as de pique (1964) décrit les premières déceptions amoureuses et les difficultés relationnelles d’un adolescent timide et gauche. Les amours d’une blonde (1965), dans la même veine, cerne les aspirations de la jeunesse tchécoslovaque des années 60 à travers les yeux d’une jeune ouvrière. Le film est présenté au Festival de Cannes et nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, tout comme Au feu les pompiers (1967), métaphore d’un système communiste à la dérive, percutante et réjouissante. Mais l’œuvre suscite la colère des cadres du Parti, et des autorités soviétiques de tutelle. Miloš Forman devient persona non grata.
Exilé aux États-Unis, où il donne des cours de cinéma, le réalisateur y entreprend Taking Off (1971), portrait de la middle class américaine, qui obtient le Grand prix du Jury à Cannes, mais est un échec en salle. Le cinéaste a par contre un triomphe unanime avec Vol au-dessus d’un nid de coucou (1974), interprété par Jack Nicholson et Louise Fletcher. Ce quasi-huis clos dans un hôpital psychiatrique est une réussite absolue et gagne cinq Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Naturalisé américain en 1977, Miloš Forman passe ensuite à la comédie musicale avec Hair (1979), adaptation d’un succès de Broadway. Le film est une réussite mais connaît une carrière commerciale en demi-teinte. Vaste fresque ambitieuse, Ragtime (1981) séduit la critique internationale mais s’avère un autre échec public pour Forman, qui ne concrétise aucune de ses huit nominations aux Oscars.
Miloš Forman entre les États-Unis et l’Europe
Miloš Forman retrouve un accueil unanime avec Amadeus (1984), qui marque un autre sommet de sa filmographie. Cette brillante adaptation de la pièce de Peter Shaffer qui relate la relation professionnelle difficile entre Mozart et le compositeur Salieri remporte huit Oscars dont, dix ans après Vol au-dessus d’un nid de coucou, ceux des catégories film et réalisateur. Par la suite, Miloš Forman témoigne d’un bel éclectisme même si ses longs métrages connaissent un accueil contrasté. En 1989, son adaptation des Liaisons dangereuses, Valmont (coproduction franco-américano-britannique), vaut bien celle de Frears, sortie quelques mois plus tôt, mais ne connaît pas la même réception critique et publique. Le film ne glane que quelques modestes récompenses dont les César des meilleurs costumes et décors.
Tourné aux États-Unis, le biopic Larry Flint (1996), Ours d’argent à Berlin, est un modèle du genre, tout comme Man on the Moon (1999), qui l’amène à diriger Jim Carrey. Les fantômes de Goya (2006), coproduction hispano-américaine, est son dernier film distribué en France. Il retourne ensuite en République tchèque pour tourner Dobre placená procházka (2009), coréalisé avec son fils. Miloš Forman qui a en outre été vu comme acteur dans trois films dont Les bien-aimés (2011) de Christophe Honoré, a reçu d’autres récompenses dont le Prix Lumière du Festival Lumière pour l’ensemble de sa carrière (2010) et le Lifetime Achievement Award au Directors Guild of America Awards (2013).