Martin Sheen a traversé un demi-siècle de cinéma, et tourné plusieurs films majeurs signés Malick, Coppola, Cronenberg et Oliver Stone.
Des rôles d’adolescents écorchés au capitaine Willard
Acteur américano-hispano-irlandais, Martin Sheen est le père des comédiens Charlie Sheen, Emilio Estevez et Ramon Estevez. Après des débuts sur la scène et à la télévision, il se fait remarquer au cinéma par son rôle de jeune délinquant terrorisant des usagers de métro dans L’incident (1967) de Larry Pierce. Il se voit ensuite nommé au Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour Trois étrangers (1968) d’Ulu Grosbard, avant d’incarner des militaires tourmentés ou inquiétants dans Catch 22 (1970) de Mike Nichols et Rage (1972) de George C. Scott. Martin Sheen connaît ensuite un jalon marquant de sa carrière avec son rôle de marginal sociopathe et romantique dans le film culte La balade sauvage (1973) de Terrence Malick, dont il partage l’affiche avec Sissy Spacek. Il gagne pour cette prestation le prix d’interprétation masculine au Festival de San Sebastián.
Puis il participe à un projet plus commercial avec la coproduction Le pont de Cassandra (1976), film de guerre de George Cosmatos. La même année, il est à l’affiche du thriller horrifique La petite fille au bout du chemin de Nicolas Gessner, aux côtés de Jodie Foster. Ce long métrage lui fait remporter le prix du meilleur acteur décerné par The Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films (Los Angeles). Mais c’est Apocalypse Now (1979), Palme d’or du Festival de Cannes et chef-d’œuvre démesuré de Francis Ford Coppola, qui marque la consécration de Martin Sheen. Il y joue le capitaine Willard, chargé de chercher dans la jungle le colonel Kurtz (Marlon Brando), et de le tuer. Martin Sheen obtient pour cette composition une nomination au BAFTA du meilleur acteur.
Martin Sheen, visage familier du cinéma hollywoodien
Pendant les quatre décennies qui suivent, Martin Sheen ne cesse d’être présent sur les écrans. S’il est covedette du thriller de SF Nimitz, retour vers l’enfer (1980) de Don Taylor, et du polar Loophole (1981) de John Quested, il incarne désormais plus souvent des seconds rôles. Il est ainsi journaliste dans Gandhi (1982) de Richard Attenborough, politicien véreux dans Dead Zone (1983) de David Cronenberg, ou père de yuppie dans Wall Street (1987) d’Oliver Stone.
Dans les années 90, il se lance dans la réalisation avec le drame Cadence, présenté au Festival de Deauville, mais qui rencontre peu d’écho. Et les films dans lesquels il joue deviennent moins prestigieux. Il campe notamment le général Lee dans Gettysburg (1993) de Ronald F. Maxwell, le conseiller du président dans Le président et Miss Wade (1995) de Rob Reiner, et le directeur de prison sadique dans Free Money (1998) d’Yves Simoneau.
On retrouve Martin Sheen dans un cinéma plus ambitieux, père d’Amy Adams dans Arrête-moi si tu peux (2003) de Steven Spielberg, ou capitaine de police dans Les infiltrés (2006) de Martin Scorsese. Dans les années 2010, il est dirigé par Stephen Daldry, Ava DuVernay, Warren Beatty et Edward James Olmos. Et une nouvelle génération de spectateurs le découvre en oncle du super-héros dans The Amazing Spider-Man (2012) et The Amazing Spider-Man : Le destin d’un héros (2014) de Marc Webb. Martin Sheen a également été très actif à la télévision. Il est lauréat du Golden Globe du meilleur acteur dans une série dramatique (2002) pour À la Maison-Blanche.
En 2021, il incarne J. Edgar Hoover en étant méconnaissable dans le film événement Judas and the Black Messiah de Shaka King.