Kirill Serebrennikov est une personnalité importante de la scène et du cinéma russe. Trois de ses films ont été présentés en sélection officielle au Festival de Cannes.
Théâtre, opéra et cinéma
Kirill Serebrennikov entreprend des études scientifiques jusqu’en 1992 avant de se tourner vers le théâtre et le cinéma. Il met en scène Gorki, Brecht ou Shakespeare dans des théâtres de Moscou, signe des opéras au Bolshoï et en Europe, et crée trois spectacles au Festival d’Avignon. Son théâtre est engagé et audacieux. Kirill Serebrennikov aborde le cinéma en 1998 avec le thriller Razdetyye. Il se consacre ensuite à la télévision avant de revenir au grand écran en 2004. Il tourne alors six longs métrages qui ne connaissent pas d’exploitation dans les salles françaises.
Ragin (2004) est primé au Festival de Karlovy, Jouer les victimes (2006) au Festival de Rome, et Jour sans fin à Youriev (2008) au Festival de Locarno, L’adultère (2012) est sélectionné à la Mostra de Venise, avant d’être récompensé au Festival de Wiesbaden. C’est également en 2012 que les autorités russes confient à Srebrennikov la direction du Gogol Center. Cette période voit le prestige européen de l’artiste augmenter, sur les planches et au grand écran. En même temps, il conforte son image de personnalité subversive.
Kirill Serebrennikov, un artiste engagé
Son long métrage Le disciple (2016) est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes et obtient le Prix François-Chalais. Ce récit d’un adolescent en pleine crise mystique et glissant dans l’obscurantisme s’avère incisif et efficace. Il constitue aussi une satire au vitriol de la société russe. Le film est par ailleurs le premier de son auteur à être distribué en France. Leto (2019) relate l’ascension de Viktor Tsoï, chanteur-compositeur et cofondateur de Kino, l’un des groupes musicaux les plus talentueux de la scène russe. Le biopic est en compétition officielle au Festival de Cannes et y obtient le Cannes Soundtrack Award.
Mais Serebrennikov connaît depuis 2017 des déboires judiciaires : il fait l’objet d’un procès pour détournement de fonds publics ; de nombreuses voix s’insurgent pour dénoncer une volonté étatique d’étouffer un artiste dissident. Assigné à résidence, Kirill Serebrennikov ne peut se rendre à Cannes pour présenter Leto. Il en sera de même pour La fièvre de Petrov qui est également en compétition officielle au Festival de Cannes 2021. Petrov raconte une journée dans la vie d’un auteur de bandes dessinées et de sa famille, dans la Russie post-soviétique.
En 2022, le cinéaste est de nouveau en compétition à Cannes, avec le biopic contrarié La femme de Tchaïkovski.