Réalisateur, scénariste et monteur, Jean Delannoy est né quasiment en même temps que le cinématographe. Après avoir obtenu sa licence de lettres, ce féru de journalisme se tourne vers le cinéma où il fait ses premiers pas en tant qu’acteur, avant de s’orienter vers le montage.
Delannoy, grand cinéaste des années 30-40
Fort de cette expérience concluante, il devient réalisateur à part entière au début des années 30 avec le film Paris-Deauville (1934). Il réalise ainsi une série d’œuvres qui marquèrent cette période : La Vénus de l’or (1937) ; Macao, l’enfer du jeu (1939) ; Pontcarral colonel d’Empire (1942). Pourtant, c’est surtout sa collaboration avec Jean Cocteau que l’on retiendra pour le poétique L’éternel retour (1943) interprété Jean Marais et Madeleine Sologne.
Son penchant pour le mélodrame l’entraîne à adapter Gide en faisant de La symphonie pastorale un succès critique (une belle victoire à Cannes en 1946) et public, consacrant Michèle Morgan. Alors très en forme, le réalisateur se penche ensuite sur Sartre et en tire un étrange film fantastique intitulé Les jeux sont faits (1947), avec Micheline Presle.
L’académisme des années 50-60
Malheureusement, Delannoy se laisse aller à son goût pour un certain académisme, durant toutes les années 50. Si Le garçon sauvage (1951), Notre-Dame de Paris (1956) ou encore l’excellent Maigret tend un piège (1957) avec Jean Gabin sont encore des spectacles classiques, mais à l’imparable efficacité, on ne peut pas en dire autant d’autres adaptations littéraires trop académiques et rigides telles que La princesse de Clèves (1961) ou Vénus impériale (1962). Edulcorant le roman à scandale de Roger Peyrefitte, ses Amitiés particulières (1964) sont bien timides, même si non dénuées de charme.
Malmené par les féroces critiques de la Nouvelle Vague, Jean Delannoy ne signe plus dans les années 70-80 que des métrages empesés par une forme démodée et une thématique chrétienne qui tient plus de l’hagiographie que du travail historique (Bernadette en 1987). Parfois excessives, les critiques qui ont fusé durant les années 60 ont sans doute été trop cruelles. On doit ainsi reconnaître à Delannoy un certain savoir-faire technique et un indéniable talent pour diriger les acteurs. Son seul défaut fut sans doute de ne pas correspondre à la politique des auteurs si prisée en France.
Jean Delannoy s’est éteint le 18 juin 2008 à l’âge de 100 ans.