Formée au Conservatoire de Genève, Héléna Manson débute au théâtre en intégrant la troupe de Georges Pitoëff. De 1920 à 1939, elle joue dans les plus grands spectacles du metteur en scène, de Naissance de la paix de Descartes à la salle communale de Plainpalais (Suisse) à La Mouette de Tchekhov au Théâtre des Mathurins, en passant par Six personnages en quête d’auteur de Pirandello à la Comédie des Champs-Élysées. Jusqu’en 1979, elle accordera la priorité aux planches, collaborant avec Sacha Pitoëff, André Barsacq ou Jean Meyer. Elle a fait également beaucoup de télévision.
Héléna Manson, l’éternelle Marie Corbin du Corbeau de Clouzot
Au cinéma, Héléna Manson joue des seconds rôles de 1925 à 1989. Ses emplois oscillent entre des personnages de femme effacée et des figures de femme inquiétante et malveillante. On la croise en épouse de mineur blessé dans La tragédie de la mine (1931) de Georg Wilhelm Pabst, première Madame Bovary (1933) pour Jean Renoir, ou rentière dans Pension Mimosas (1935) de Jacques Feyder.
On la retrouve dans des films importants du cinéma de l’Occupation avec L’assassinat du père Noël (1941) de Christian-Jaque, L’inconnu dans la maison (1942) de Henri Decoin, Marie-Martine (1943) d’Albert Valentin et surtout Le corbeau (1943) de Henri-Georges Clouzot : le rôle de la sèche infirmière Marie Corbin est son interprétation la plus célèbre, qui aurait certainement été honorée par le César de la meilleure actrice dans un second rôle si les récompenses du cinéma français avaient existé à l’époque…
Des femmes effacées aux personnages inquiétants
Dans l’après-guerre, Héléna Manson est mère de hussard dans L’homme au chapeau rond (1946) de Pierre Billon, et commère dans Manon (1948) de Clouzot. Les années 50 la voient mère malade dans Deux sous de violette (1951) de Jean Anouilh, épouse de procureur dans Le dossier noir (1955) d’André Cayatte, ou avorteuse dans Des gens sans importance (1956) de Henri Verneuil. Et Max Ophuls en fait l’épouse de Jean Gabin dans le segment « La maison Tellier » du Plaisir (1952) et la sœur d’Ivan Desny dans Lola Montès (1955) de Max Ophuls.
Les apparitions d’Héléna Manson se font tout aussi brèves mais non moins percutantes dans les décennies qui suivent. On lui confie encore des rôles d’infirmière peu rassurante, opérant Dany Carrel dans Piège pour Cendrillon (1965) d’André Cayatte, ou rabrouant Roman Polanski dans Le locataire (1976).
Elle est toujours vaillante en logeuse de Gérard Depardieu dans Mon oncle d’Amérique (1980) d’Alain Resnais ou de Lino Ventura dans Les misérables (1982) de Robert Hossein. Elle termine sa carrière en campant une directrice de musée dans Agent trouble (1987) de Jean-Pierre Mocky et une mère possessive dans Les maris, les femmes, les amants (1989) de Pascal Thomas. Héléna Manson est décédée le 15 septembre 1994 à l’âge de 96 ans.
