Guillaume Léglise sort avec Auto Fictions un premier opus qui synthétise toutes les bonnes impressions des premiers EP et se situe au-delà des promesses.
Projet au sonorité des années 80, Auto Fictions s’émancipe enfin des bonnes intentions de producteur pour s’imposer comme un premier abouti. Têtu de quatre ans de travail, Guillaume Léglise, connu également pour ses remixes et ses collaborations abouties (Lisa Li-Lund), a sorti de ses fourneaux bellevillois, où se niche son studio de musique, tout juste 10 morceaux, dont un court instrumental en dernière piste (Les rives du lac). Il aurait pu les compléter par des chansons valeureuses tirées de ses anciens EP – on pense par exemple à Love in Shanghai, sur le quatre titres Riviera (2019), mais finalement il n’en recyclera qu’un titre. Il s’agit du sensuel et rétrospectif Flashback, présent sur le premier EP. Une évidence de par la thématique, celui des réminiscences de vie, principalement amoureuses, qui égrainent cet hymne à l’intériorité retrouvée.
On passera vite sur le single Les Dunes, duo guilleret avec Cléa Vincent (Les nuits sans sommeil), dont on peut apprécier les arrangements musicaux, mais un peu moins la mélodie légère et la sonorité du duo qui – subjectivement -, ne marche pas forcément énormément. La musique rattrape le tout. L’autre single de service L.O.V, avec son acronyme facile en guise de titre, ne percute pas non plus. La production est pourtant bonne.
Guillaume Léglise : Auto Fictions, des promesses musicales tenues
En revanche, le reste propose des évidences, comme l’érotique A la lueur de l’eau, un bijou de New Wave à la française qui s’impose de par son efficacité concise, comme l’un des temps forts de l’album, entre Alain Bashung et Perez. Il rejoint Prononce mon nom, duo fort avec Lisa Li-Lund, parmi les hauteurs d’Auto Fictions. On retrouve dans ce dernier des mots qui pincent, une atmosphère qui trouble. Guillaume Léglise a un talent pour érotiser les instants avec des mots triviaux, mais toujours justes.
Le plus beau moment de l’album est sans conteste Elle, troisième piste où l’artiste évoque la félicité de voir l’autre s’endormir ivre, s’oublier dans le rêve et le sommeil qui estompe les peurs. Le morceau évoque magnifiquement la béatitude face à une scène de l’intime. Le plus beau moment relaté de ces Auto Fictions.
Avec Auto Fictions, Guillaume Léglise trouve le ton et les sons, et nous entraîne avec brio dans son foisonnement sensoriel. On est conquis. On suggèrera toutefois au musicien de finir sur des morceaux plus longs. A peine 1’42 pour un instrumental aussi beau, avec un tel potentiel de densité, méritait au moins le double.