Note des spectateurs :

Après deux EPs, Alma Forrer livre enfin son très attendu premier album, L’année du loup, regorgeant d’intenses émotions de beauté diaphane.

Alma Forrer, souffle de voix, chemin de vie tout court, mais déjà intense d’un vécu qui se ressent dans les ondes passées, les expériences évoquées, toute une mélancolie qui se vit dans l’intimité des mots, avec une féminité moderne qu’elle insuffle sans rougir (je fais la course entre mes amants, murmure-t-elle, sans rougir).

Alma Forrer et ses errances automnales sur L'année du loup
Label : BMG – photo ©Boby (recadrée pour l’article)

L’album a la beauté acoustique automnale, puisque dans la simplicité des arrangements vocaux, la forme est souvent volontairement dépouillée, y compris dans des morceaux aux positions essentielles, on pense à N’être que l’hiver qui a l’audace d’imposer sa saison effeuillée en première piste, sans chercher l’adhésion immédiate du tube bien ficelé.

Le rythme s’accélère parfois, comme sur L’année du loup, comptine garou qui appelle la touche repeat tant la mélodie est saisissante et ne semble plus vouloir décrocher. Il en va de même pour le morceau 120 qui emballe d’un même élan. Pourtant, l’écriture est plus bio que synthétique, comme le démontre le très folk Relève-toi.

Alma Forrer livre avec L’année du loup est album automnal

N’être l’hiver, mais Songe d’une nuit d’été, La raison de mon retard ou La course également, participent tous à la modestie poétique du projet. L’habillage électronique est toujours subtilement revêtu sans chercher à tromper l’auditeur par l’artifice. Les textes subtils et la voix joliment fragile ne sont pas des objets de honte à dissimuler, mais bien des atouts qui confèrent à cette Année du loup de la force, du caractère, et la personnalité de son artiste, auteure compositrice qui ne transige pas avec son art, quand beaucoup d’autres contemporains insèrent du second degré et développent différemment la profondeur par des abîmes musicaux qu’elle ne souhaite pas sonder.

Alma Forrer pour la promotion de Solstice
Label : BMG – ©Boby

Alma Forrer, qui a collaboré avec Renan Luce sur deux morceaux, ou avec Thousand pour la chanson-titre, a de l’âme jusque dans son prénom. C’est son essence-même. On reste conquis. Ses murmures sont d’or.

Au final, la beauté diaphane de l’album, parfaitement de saison, reste transcendée par le single Conquistador, deuxième morceau sur la galette, parmi les plus beaux entendus en 2019 et qui se situe vraiment un cran au-dessus de la mêlée des sentiments, parvenant à combiner tous les atouts de la chanteuse sans jamais faire poindre l’ennui d’un titre un peu plus languissant.

Sortie CD, Vinyle, Digital le 25 octobre 2019 / Label : BMG

Frédéric Mignard

Alma Forrer pour L'année du loup, son premier album
Label : BMG – photo ©Boby