Pornhub : Gros plan sur le géant du sexe est un pur documentaire Netflix, pontifiant de naïveté, dicté par la trivialité de l’algorithme.
Synopsis : Pornhub, la plateforme pour adultes la plus célèbre du Web, a bouleversé le mode de fabrication et de distribution de la pornographie. Cette évolution a permis aux créateurs de contenus pornographiques de toucher les spectateurs en masse, faisant gagner des milliards de dollars à la société. Mais Pornhub a fini par être rattrapée par des accusations d’exploitation d’images de rapports non consentis et de trafic sexuel sur son site.
Alors que des organisations de lutte contre le trafic sexuel se battent pour que justice soit rendue aux victimes, le géant du Web peut-il protéger celles et ceux grâce auxquels il s’enrichit ou s’agit-il d’une nouvelle vague de censure visant des adultes acteurs de contenus pornographiques mettant en scène des rapports consentis ?
Un documentaire avec le mot “sexe” et “porn” dans le titre pour exploser les streams
Critique : Les documentaires sur Netflix se suivent et se ressemblent dans leur médiocrité de ton et d’arguments. Pas un seul qui ne soit construit sur cette même structure pyramidale : ascension charismatique, controverse et scandale, puis chute, même si dans le cas du géant du porno, le déclin semble tout relatif au vu de sa grande puissance (numéro 1 du contenu pour adultes dans le monde et dans le top 10 des sites les plus consultés mensuellement, avec un taux de rebond considérable).
En explorant l’empire opaque d’un géant de la pornographie, Pornhub : Gros plan sur le géant du sexe essaie de s’attirer une audience coquine (intrusion du mot “sexe” dans le titre français), et probablement adolescente, à qui l’on assène une gentille leçon de morale, sans pour autant les détourner des écrans torrides, car cela serait mauvais pour les travailleuses du sexe et la communauté homosexuelle, selon le discours progressiste engagé par les auteurs du film.
Pornhub : Gros plan sur le géant du sexe confidences sur l’oreiller
Pornhub : Gros plan sur le géant du sexe enchaîne les entretiens et les confidences avec des acteurs de l’industrie du X plutôt cool, des femmes lumineuses, présentées étonnement bien dans leurs pompes, sans jamais approfondir leurs personnalités emblématiques d’une superficialité de milieu. Des protagonistes qui se résument à des tempéraments autonomes, qui aiment le sexe, mais s’inquiètent de la perte des revenus générés par le X quand le système est ébranlé par les révélations outrageantes mais guère étonnantes d’articles de presse en 2020.
Vulgarisation d’un article de presse de 2020 sur des cas de viols avérés sur Pornhub
Le documentaire est en effet la vulgarisation d’un article édifiant – mais passionnant -, du New York Times, en 2020, qui avait enquêté sur la présence de contenus pédopornographiques, de viols d’adolescents, sur la plateforme Pornhub dont la modération était attaquée de toute part. Celle-ci est d’ailleurs résumée de façon effroyable par l’une des intervenantes qui révèle le nombre ahurissant de vidéos soumis, par jour, à des modérateurs en sous-effectif.
Tout en étant légitime et peut-être pertinent pour une tranche d’âge concernée par la découverte de la sexualité en ligne, Pornhub : Gros plan sur le géant du sexe esquive surtout les débats sociétaux qui pourraient faire avancer les lignes dans une société que l’on dit gavée et malade de pornographie.
Quid d’une société dans l’interdiction de ces sites? Quid de la sexualité des hommes contemporains sans un recours occasionnel à la pornographie? Quid de l’évolution des relations hommes femmes dans les conditions d’un monde sans Pornhub et consorts ? Est-ce que les violences sexuelles conjugales et sexuelles s’estomperaient ou au contraire exploseraient elles? Le porno entretient-il l’inexorable violence ou sert-il de bouclier ?
Une manne publicitaire inespérée pour Pornhub
En gros, qu’est-ce que la société deviendrait dans un monde sans Pornhub qui est au contenu X ce que Netflix est au divertissement des masses? Une alternative jamais envisagée car jugée trop conservatrice. Pornhub : Gros plan sur le géant du sexe revendique le droit fondamental à la liberté individuelle et n’engage aucune réflexion satisfaisante.
En occultant l’homme réduit aux décisionnaires de l’entreprise canadienne MindGeek, le film de Suzanne Hillinger (Totally Under Control, documentaire sur la gestion calamiteuse de la crise de la Covid 19 par Donald Trump) ne se pose pas la question complexe du rapport de l’homme aux addictions de l’image, au sexe en particulier, et ne semble qu’effleurer les raisons qui expliquent comment des viols et autres contenus pédopornographiques puissent être présents sur pareilles plateformes, accessibles à tous et également dupliqués à l’infini au désespoir des victimes dont on ne sonde même pas le désespoir pour ne pas trop faire frémir les foyers.
In fine, Pornhub : Gros plan sur le géant du sexe est un documentaire de télévision sans point de vue, jamais révoltant mais toujours ronflant dans sa litanie de témoignages convenus qui ne valent pas la plume des journalistes de la presse écrite. Mindgeek peut dire merci aux auteurs. Une telle publicité malsaine dans un média mainstream, c’est une manne de streams supplémentaires inespérée.
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