Julien Perez, dit Perez, est l’un des artistes électro les plus destroy de la scène française des années 2010. Sa radicalité sonore qui confine au gré des sorties au minimalisme éclaté, en fait l’un des talents les plus hypnotiques de sa génération. Retour sur la carrière extatique de ce génie des sonorités bruyantes et cauchemardesques qui confinent à la transe.
Retour aux origines
Perez démarre de façon assez confidentielle au sein de la formation rock Adam Kesher, en 2006-2008. Le son est différent. Le papillon reste chenille. Au gré des collaborations, il se trouve. Il est vite canonisé par les aficionados d’humeurs électroniques françaises quand sort son premier EP, l’indépendant, Cramer (chez DIRTY). Sa musique sonne alors comme un mélange de synthpop à la radicalité musicale parfois transgressive. Les débuts sont flatteurs. On attend la suite.
©Yann Stofer
Saltos, un premier album accessible exaltant
Perez, fils des années 90, surprend avec l’EP suivant, Perez (2014). Annonciateur du premier album à venir, cet EP éponyme se distingue par des mélodies plus accessibles (Une autre fois, Gamine, Le rôdeur), sans pour autant sombrer dans la facilité d’une pop radiophonique.
En 2015, l’artiste, partagé entre le désir refoulé de hit remarquable (Les vacances continuent) et celui d’expérimentations (Chrystler), délivre le single Les vacances continuent, son plus gros succès. La chanson principale est agrémentée d’un clip gore par le cinéaste subversif Yann Gonzalez (Les rencontres d’après minuit). L’univers foisonnant des deux artistes se marie dans un style visuellement flamboyant en forme d’hommage au cinéma de genre qu’affectionnent les deux chantres de la scène indépendante.
En 2015, Perez dévoile enfin Saltos chez Barclay, fort du succès des clips qui ont jalonné l’incipit de sa carrière en construction. L’album est d’une puissance pop qui le singularise et le range parmi les artistes les plus doués de sa génération. Saltos est remarqué par la presse spécialisée qui l’encense. Néanmoins, exit les artifices mélodiques trop linaires : Perez, trentenaire, ne réitère pas l’exploit mélodique. Le Bordelais d’origine espagnol préfère s’investir davantage dans une démarche artistique totale où les arts se mélangent, sans jamais tomber le commerce.
Cavernes : virage assumé dans la radicalité et l’expérimentation
Investi dans une musique azimutée, l’artiste fonde son label, Étoile Distante Records, qui éditera coup sur coup les albums Cavernes et Surex. Les deux expériences démontrent un univers éclaté et hypnotique qui lui valent un succès moindre. Cavernes, malgré Le dernier tube de l’été qui est extrait en mise en bouche plus accessible, déroute certains, fascine les autres. Le projet est également marqué par le single Niki. Animaux pour Surex échouera aussi à stimuler les envies, face au cauchemar de pistes sonores de ce troisième opus qui s’obstine.
Surex sort quelques semaines avant le grand confinement, rendant la promotion de l’album sur scène difficile. Il propose néanmoins de nombreux clips promotionnels pour présenter cette nébuleuse de complexité . Tous sont agrémentés de l’étrangeté ambiante de son troisième album chaotique, à la démence acide aux portes du surréalisme.
Julien Perez dit Perez par ©Yann Stofer
2022, retour de Perez avec des projets pluriels
Perez profite de la crise sanitaire pour se retirer pendant près de deux ans et ne proposera aucun nouveau morceau en streaming, à l’exception d’une cover de Laurie Anderson de huit minutes, en avril 2020, Ô Superman. L’artiste profite de la réalité de chaos pour poursuivre un travail de composition riche, dont sortira dans un premier temps un nouvel EP prévu pour janvier 2022. Sados est une sélection de quatre morceaux qui ouvre une réflexion sur le thème de la méchanceté qu’il poursuivra au printemps en 2022 au centre d’art l’Onde à Vélizy, mais cette fois-ci en tant que plasticien.
Le morceau Vanille sera proposé en avant-goût de l’EP, avec, le 26 novembre 2021, un clip étonnant de Florian Jomain et Sébastien Martinez Barat. Tout s’inscrit dans la nouvelle réalité créative de l’auteur compositeur et musicien en extase, bidouilleur d’amplis et maître-rêveur/raver lors d’installations sonores marquées par son sens du paroxysme sensoriel, à l’opéra Garnier notamment. Déjà en 2019, sa collaboration avec Dominique Gonzalez-Foerste, Exotourisme, avait accouché d’une véritable introspection alternative et parallèle à sa propre carrière. Ce n’était pas un coup d’essai. Ceux qui ont une bonne mémoire encore, se souviendront d’Un album de collection, un LP de 11 titres paru en 2017 aux Presses du Réel, indépendamment de sa carrière commerciale, afin d’apposer son art musical aux arts plastiques.
Julien Perez revient en 2022. Une date au Point Éphémère, le 15 février, a d’ores et déjà été posée.
Work in progress.
Discographie (Albums)
- 2015 : Saltos
- 2017 : Un album de collection
- 2018 : Cavernes
- 2020 : Surex
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