Née en Californie en 1971, Patty Jenkins a été élevée dans l’Arkansas. Professionnellement, elle voyage beaucoup : New York, puis Los Angeles qui la rapproche toujours plus de sa destinée, devenir réalisatrice.
Une auteure aux débuts intransigeants
Son œuvre de réalisatrice se situe essentiellement à la télévision. Patty Jenkins réalise deux courts métrages en 2001 et surtout un film indépendant, Monster, qui bénéficie d’une critique solide. Les débuts sont prometteurs ; elle démontre un travail abouti dans la direction d’acteurs, défigurant Charlize Theron dans un rôle à contre-emploi de tueuse psychopathe basée sur un personnage du réel.
Curieusement, Patty Jenkins est redirigée vers la publicité et des séries à succès comme Arrested Development, Entourage, et les pilotes de Betrayal et Exposed.
En 2011, elle réalise le pilote de The Killing qui sera diffusé sur Netflix par la suite : un énorme succès.
Après la télé, Patty Jenkins se retrouve super-réalisatrice
On évoque son nom pour réalise Thor : le monde des ténèbres, mais finalement, ce n’est pas chez Marvel en 2013, mais bel et bien chez DC Comics qu’elle explose en 2015 avec Wonder Woman. Premier film de super-héros léger et divertissant chez Warner, après des films jugés trop sérieux pour pouvoir atteindre les sommets du box-office des productions Marvel, Wonder Woman offre surtout au cinéma sa première super-héroïne à succès, juste avant que n’éclate le scandale Weinstein, producteur et agresseur sexuel en série à Hollywood. Le film de Patty Jenkins devient un symbole au-delà de sa réussite artistique relative. Le divertissement ouvre des perspectives gigantesques à la réalisatrice qui peut enfin ambitionner complètement le grand écran, ce qui était son ambition première, au début des années 2000.
Patty Jenkins réalise le sequel de son succès personnel, le film coronavirussé Wonder Woman 1984 dont la sortie événement est coulée coup sur coup par la crise du coronavirus, et l’incapacité du président américain Donald Trump de gérer le fléau outre-Atlantique où les salles et Hollywood souffriront lourdement des décisions sanitaires.
Warner décide finalement de lancer Wonder Woman 1984 en décembre 2020 sur sa nouvelle plateforme de SVOD et en salle en catimini. L’événement médiatique récolte à peine 44M$ aux USA, dans un circuit d’écrans restreint, contre 412 000 000 pour le premier film. L’événement est malmené par la critique et le public. Wonder Woman 1984 devient donc essentiellement un film de SVOD comme un autre, avec toutefois une belle sortie salle en Australie et un score décevant (euphémisme) en Chine.
Patty Jenkins et le rêve américain
Malgré ce semi-échec, Patty Jenkins est enrôlé à la mise en scène d’une production épique sur Cléopâtre, avec son égérie, Gal Gadot. Elle deviendra également la première réalisatrice à mettre en scène un épisode de la saga Star Wars, à savoir Star Wars : Rogue Squadron, dont Disney annonce l’atterrissage pour 2023.
Entre sa réussite dans le cinéma d’auteur, ses succès à la télévision et ses aventures heureuses aux commandes d’un film de super-héros et prochainement d’un nouvel épisode de La guerre des étoiles, Patty Jenkins a connu une trajectoire que seul le rêve américain peut promettre. On peut regretter toutefois qu’elle devient un énième grand nom du cinéma américain à se cantonner aux superproductions, quand Monster promettait un regard d’auteur intransigeant qui fait défaut à ses derniers divertissements.