Réalisateur et scénariste tchèque, Otakar Vávra est né dans une famille aisée à Prague. Très jeune, il se destine à l’architecture, puis s’intéresse de plus en plus au cinéma au point d’écrire des chroniques dans des journaux. Il commence sa longue carrière à l’âge de 20 ans en coréalisant des courts-métrages documentaires, notamment pour promouvoir l’idéologie de gauche à laquelle il adhère dès le début des années 30.
Après avoir coréalisé plusieurs œuvres, il demeure seul maître à bord d’Un conte philosophique (1938) et de Virginité (1938). Parallèlement, il a également mené une intense activité de scénariste et se révèle très à l’aise dans l’adaptation de classiques littéraires. Parmi ses œuvres majeures de cette époque, on peut compter La confrérie des demoiselles de Kutna Hora (1939), Humoresque (1939), Le conte de mai (1940), La turbine (1941). On notera d’ailleurs qu’il a réussi à se maintenir en place malgré l’occupation des nazis.
Après la guerre, Otakar Vávra adhère officiellement au Parti communiste et participe au coup de Prague de 1948 en signant une tribune favorable à la prise du pouvoir par les communistes. Cela lui assure la possibilité de tourner en toute tranquillité pendant plusieurs années. Il a notamment réalisé La barricade muette en 1949 et passe les années suivantes à signer des œuvres plus académiques sur fond historique comme Jan Hus (1955), Jan Zizka (1956) et Contre tous (1957). On peut ajouter des films très classiques comme Le citoyen Brych (1959). Si ses œuvres des années 60 indiffèrent quelque peu, l’homme se voit pousser des ailes avec l’arrivée de la nouvelle vague tchèque et une certaine libéralisation du régime. Dans ce style novateur, il s’illustre avec La reinette d’or (1965) et Romance pour bugle (1966).
Mais c’est avec Un marteau pour les sorcières (1970) qu’Otakar Vávra prend vraiment des risques. Il s’en prend effectivement directement aux méthodes staliniennes à travers une métaphore historique qui n’échappe pas au pouvoir en place. Le long-métrage est rapidement retiré de l’affiche et tombe dans un purgatoire jusqu’à la chute du régime. Pour se faire pardonner cet écart, Otakar Vávra a tourné des œuvres plus conformes aux volontés du régime avec ses films historiques suivants : Les jours de la trahison (1973), Sokolovo (1974) et La libération de Prague (1976). Les années suivantes, il n’a eu de cesse de tourner, y compris après la chute du régime, sans retrouver l’éclat de ses débuts.
En République tchèque, la figure d’Otakar Vávra est marquée d’une forte ambiguïté. Beaucoup saluent la prolixité de son œuvre et sa contribution à la création de la fameuse école FAMU. D’autres soulignent ses nombreuses compromissions avec les régimes autoritaires nazis et communistes afin de continuer à tourner. Il décède en 2011 à l’âge de 100 ans.