Réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, Jules Dassin est né en 1911 à Middletown dans le Connecticut. Il vient d’une famille juive émigrée depuis la Russie. Son patronyme n’est aucunement d’origine française, mais a été attribué par le service migratoire américain après une mauvaise compréhension du russe.
Jules Dassin, un acteur du Théâtre Yiddish
Le petit Jules Dassin grandit dans le quartier de Harlem à New York, ce qui lui permet d’avoir une prise directe avec les inégalités sociales aux States. D’ailleurs, il adhère au Parti communiste dès le début des années 30 pour s’en détacher en 1939 lors de la signature du pacte germano-soviétique. Au cours des années 30, il devient un acteur de théâtre réputé au sein du Théâtre Yiddish.
Cette petite notoriété lui permet d’être sollicité par la compagnie cinématographique RKO en tant qu’acteur. Toutefois, c’est la MGM qui lui offre la possibilité de tourner un premier court métrage en tant que réalisateur. Immédiatement, Jules Dassin se voit offrir des réalisations de long métrage comme Quelque part en France (1942) où brille l’étoile Joan Crawford. Il livre aussi un film de propagande typique de l’époque avec Nazi Agent (1942), même si l’on préfère retenir de cette période la sympathique comédie Le fantôme de Canterville (1944).
Le temps des chefs d’œuvre du film noir
Pourtant, Jules Dassin n’est aucunement satisfait des propositions de la MGM et il la quitte pour la Universal. Après deux films sans importance, il tourne enfin un film valeureux dans le genre du cinéma noir alors en vogue. Les démons de la liberté (1947) est une œuvre qui met en scène Burt Lancaster au sein d’une prison. Le long métrage est désormais considéré comme un classique. De même que La cité sans voiles (1948) où le cinéaste investit les rues de New York à la suite de la police. Cette incursion très sombre reçoit deux Oscars pour sa photographie en noir et blanc et son montage.
Passé à la Fox, Jules Dassin poursuit dans la même veine avec Les bas-fonds de Frisco (1949) avec Richard Conte. Décidément très en verve, Dassin enchaîne avec Les forbans de la nuit (1950), porté par Richard Widmark. Le long métrage est un pur bijou du film noir et constitue le point d’orgue de la carrière américaine du cinéaste.
Une carrière brisée par le maccarthysme
Effectivement, le cinéaste Edward Dmytryk le dénonce à la commission des activités anti-américaines mise en place par le maccarthysme et Jules Dassin est inscrit sur la fameuse liste noire qui l’empêche de travailler aux Etats-Unis. C’est d’ailleurs pour fuir cette situation que Jules Dassin a tourné Les forbans de la nuit à Londres avec des capitaux américains.
Ne pouvant revenir dans son pays, Jules Dassin s’installe en Europe, et tout d’abord en France où il parvient à tourner Du rififi chez les hommes (1955) avec Jean Servais. C’est à cette même époque qu’il fait la connaissance de l’actrice Melina Mercouri lors du Festival de Cannes. Les deux amoureux décident de s’installer durablement en Grèce où le cinéaste réalise Celui qui doit mourir (1957). Par la suite, il tourne encore La loi (1959), Jamais le dimanche (1960) ou encore Phaedra (1962). Son plus gros succès populaire français intervient avec Jamais le dimanche qui dépasse les deux millions d’entrées et qui rend le couple Mercouri – Dassin très populaire. L’actrice obtient le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes, tandis que la musique est récompensée aux Oscars. Par ailleurs, le titre Les enfants du Pirée devient un tube planétaire.
Après Phaedra (1962), Jules Dassin réalise un autre film populaire à vocation de pur divertissement, à savoir Topkapi (1964). Le film de casse obtient un joli succès aux Etats-Unis et séduit 1,7 million de spectateurs en France. Enfin, l’acteur Peter Ustinov reçoit l’Oscar du meilleur second rôle masculin pour ce divertissement sans conséquence. En réalité, il s’agit du dernier coup d’éclat d’une carrière qui va décliner progressivement au cours des décennies suivantes.
Un nouvel exil, cette fois de Grèce
Ainsi, on peut oublier l’adaptation de Marguerite Duras intitulée Dix Heures et demie du soir en été (1966). Jules Dassin et Melina Mercouri sont contraints de fuir la Grèce en 1967 à cause de la dictature des colonels. Une fois de plus, ils se réfugient en France où le réalisateur tourne La promesse de l’aube (1970) qui s’avère assez décevant malgré le matériau littéraire dû à Romain Gary.
A la fin de la dictature des colonels en 1973, le couple revient en Grèce et le cinéaste livre sa version des faits dans The Rehearsal (1974). Durant ce retour au pays, Melina Mercouri devient ministre de la Culture. Jules Dassin livre encore deux drames intitulés Cri de femmes (1978) et Les âges du cœur (1981). Toutefois, le cinéaste semble en manque d’inspiration et il choisit d’abandonner le cinéma pour se concentrer sur la mise en scène de théâtre et d’opéra.
Le cinéaste décède en 2008 des complications d’une grippe à l’âge très avancé de 96 ans. Entre-temps, il est devenu citoyen d’honneur de Grèce et son œuvre cinéma des années 40 est toujours considérée par les cinéphiles comme majeure.