Johnnie To est un cinéaste hongkongais de grande renommée, connu pour les films The Mission, PTU, Breaking News, Election 1 et 2 ou Vengeance, avec Johnny Hallyday. Il est régulièrement sélectionné au festival de Cannes et dans divers grands festivals mondiaux.
Le premier long métrage de Johnnie To à sortir en France est un film de genre coréalisé avec Andrew Kam (alias Yeung-Wah Kam), L’or ensorcelé. On est alors en 1981 et il ne trouve sa place que dans des cinémas de quartier. En fait, il faudra attendre 2001 et le très célèbre The Mission pour que le cinéaste puisse trouver une sortie nationale dans l’Hexagone ; pourtant il a tourné pas moins de 21 films entre temps. Proposé durant l’été par le distributeur Océan Films, désormais disparu, Cheung Fo, son titre original, est un petit succès, avec pas moins de 41 152 curieux dans le pays.
Qui est Johnnie To ?
Producteur très connu à Hong Kong, très actif dans les années 80 à la télévision, notamment pour la série culte The Flying Fox of Snowy Mountain, dont il a coécrit et réalisé de nombreux épisodes, il trouve dans les années 2000 sa décennie la plus riche et prospère. Il tourne pas moins de 27 films entre 2000 et 2009, en dehors de ses productions. Un chiffre vertigineux pour celui qui a remporté des prix majeurs avec The Mission en Asie, en 1999.
La France découvrira de nombreux opus du cinéaste pendant 8 ans, essentiellement des thrillers, films noirs… Mais l’auteur est aussi un réalisateur de comédies et divertissements populaires qui ne parviendront pas sur nos rivages.
Johnnie To, réalisateur cannois sur le tard
En décembre 2002, c’est CTV Distribution qui propose l’après The Mission avec Full Time Killer mais le succès sera moindre. Johnnie To collabore sur ce polar avec Wai Ka-fai, le futur coréalisateur de Mad Detective (2007), et scénariste émérite sur de nombreux succès de l’auteur.
En 2005, Pathé sort de façon assez anonyme PTU (Police Tactical Unit) qui ne reste que 5 semaines à l’affiche avec 11 032 fans de l’artiste, malgré un Prix du Jury à Cognac (le prédécesseur de Beaune).
Cinéaste officiellement cannois depuis 2004, Johnnie To est de nombreuses éditions. Hors Compétition, en 2004, avec Breaking News et son fameux plan-séquence inaugural, il incorpore la prestigieuse compétition avec Election 1 (2005) et Election 2 (2006), des triomphes dans son pays d’origine. Le premier volet du diptyque mafieux n’apparaîtra dans nos salles qu’en janvier 2007, soit près de deux ans après sa sélection à Cannes. 62 534 spectateurs feront le déplacement. La suite, toujours distribuée par ARP, une semaine plus tard, divise l’affluence par deux (31 854). Le grand public français ne semble pas vouloir suivre, laissant l’auteur aux aficionados du cinéma hongkongais.
La même année, ARP propose en juillet Exilé, sélectionné à Venise en 2006: un petit succès d’estime, avec 45 269 spectateurs. Le film, très réussi, n’est pourtant pas sans évoquer The Mission.
On notera qu’en 2007, Johnnie To est de nouveau présent à Cannes, hors Compétition, avec Triangle, film à sketches où les noms prestigieux de Tsui Hark et Ringo Lam s’ajoutent au sien. Wild Side, éditeur vidéo chevronné, s’essaie alors à la distribution salle en solo, mais l’exercice de style ne dépasse pas les 10 933 spectateurs, en janvier 2008.
Johnny Johnnie
Cette même année, CTV propose une sortie discrète pour Mad Detective, co-réalisé avec Wai Ka-fai, qui était passé par Venise auparavant. 9 692 spectateurs en mars, essentiellement sur Paris-Périphérie, le découvriront. Pourtant, à l’international, le film se vend très bien. Plus léger et féminin que la plupart de ses œuvres parues en France, Sparrow s’installe en salle à son tour, en juin 2008 via ARP Sélection et réalise 57 727 spectateurs.
En 2009, ARP coproduit son film le plus célèbre sur le territoire français, le désabusé Vengeance. Cette grosse production coécrite par Wai Ka-fai, est invitée en compétition à Cannes. Elle met en scène Johnny Hallyday dans le rôle d’un ancien tueur professionnel venu à Hongkong venger sa fille. Le buzz à Cannes est énorme, mais le succès très limité, y compris en France où seulement 115 319 spectateurs courent voir l’ancienne idole des jeunes en mai. On peut même parler d’un échec à ce niveau là.
Johnnie To passe de mode en France
Dans les années 2010, Johnnie To ne réalise qu’une dizaine de films dont les succès asiatiques de Drug War, Blind Detective et Don’t Go Breaking My Heart 1 et 2. En France, sa carrière est déchue. ARP et le cinéaste chinois ne semblent plus collaborer. Deux de ses films sortiront péniblement sur le grand écran : La vie sans principe, en 2012, distribué par Les Films Sans Frontières (29 835 entrées) ; et la comédie musicale en 3D Office qui sort en France deux ans après la Chine, en 2017. Carlotta, autre éditeur vidéo qui propose de temps à autres des sorties en salle (essentiellement des reprises), n’en tire que 3 297 spectateurs, principalement sur Paris. Carlotta proposera également le film en blu-ray.
On notera d’ailleurs, en 2021, la sortie en support physique HD de Judo (Throw Down) chez ce même éditeur, une œuvre culte de 2004, mais restée inédite en salle de par chez nous. Cette relecture du premier film d’Akira Kurosawa, La légende du grand judo (1943) est une découverte précieuse par un cinéaste au sommet de ses moyens. Il avait été disponible en 2010, en DVD, chez Pathé.
En 2016, le Hollywood Reporter annonce la possibilité d’un Election 3, mais celui-ci, cinq ans plus tard, demeure toujours un projet non accompli.
On n’a plus vraiment de ses nouvelles à Cannes depuis 2011 et sa présence dans le jury présidé par De Niro. On aurait tant aimé une collaboration entre les deux hommes…