John ‘Bud’ Cardos est l’un des noms incontournables de la série B des années 70 et 80, un vétéran habile et humble dont le talent ne fut pas récompensé à sa juste valeur.
Cet ancien acteur, qui commença comme enfant vedette dans Les petites canailles, à la télévision, évolue dès le plus jeune âge dans le cinéma grâce à son cousin, Spiros Skouras, l’un des pontes de la Fox dans les années 30, et son père qui tenait un cinéma mythique d’Hollywood Boulevard. John ‘Bud’ Cardos tourne môme, beaucoup, sans savoir dans quoi car son père, décédé en 1951, gérait tout. Le jeune homme gardera ce goût pour le jeu, même s’il aime surtout se défouler dans l’action et la tension des cascades.
Jaquette VOD de Mutant de John “Bud” Cardos (Multicom)
John ‘Bud’ Cardos officie alors sous le nom de John Cardos ou Johnny Cardos, dans une série B qu’il adore et dans laquelle il est tour à tour acteur, dresseur, cascadeur… Le gaillard, le bec nuageux de ses clopes, est très sollicité pour ses capacités physiques dans les années 60.
John ‘Bud” Cardos : l’acteur qui savait tout faire
En tant qu’acteur, on le voit entre autres dans Deadwood’ 76 de John Landis, Le retour des anges de l’enfer de Richard Rush, avec Jack Nicholson et Adam Roarke, Les 7 sauvages, toujours de Richard Rush, avec Robert Walker Jr. et Larry Bishop. Il fait partie du casting des 3 fauves se déchaînent (Killers Three) de Bruce Kessler, avec Robert Walker Jr., Un monde psychédélique encore un film de Rush, avec Dean Stockwell, Nicholson, et Bruce Dern. En 1969, il participe au tournage de La horde sauvage en tant qu’acteur, cascadeur, et réalisateur de seconde équipe. Il s’y forge un beau carnet d’adresses et des amis pour la vie. Il est performant et loyal. Il multiplie les casquettes sur les tournages et parfois produit notamment pour ses potes. Il a tourné quatre films avec Richard Rush et huit avec Al Adamson, autre prestidigitateur de la série B à tendance Z dont Les Sadiques de la mort (Satan’s Sadists) en 1969, Le rescapé de la vallée de la mort, avec Robert Dix, Hell’s Bloody Devils (1970) Les Amazones du désir, Les monstres de la planète des singes (Horror of the Blood Monsters), avec John Carradine et Robert Dix ; il produit Black Samouraï avec Jim Kelly en 1976…
La liste des méfaits de John ‘Bud’ Cardos est longue et savoureuse (Les motos sauvages, Nightmare in Wax, Coup de sang…). Il tourne même dans Coup de sang de Bob Clark, cinéaste dont il avait été directeur de production sur le culte Le mort-vivant. Un régal pour les amateurs d’un bis tourné vers l’esprit foutraque des années 70 où le système D, toujours à l’œuvre dans son cinéma de la débrouille, enivre.
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Le réalisateur aimait les pattes velues
En tant que réalisateur, John ‘Bud” Cardos a d’abord l’expérience de l’observation sur les nombreux tournages, des tournages en tant que main d’œuvre de seconde équipe et des interventions improvisées derrière la caméra qui démontreront toujours un certain talent pour filmer l’action et un goût pour le rythme. Sur une dizaine de réalisations entre 1970 et 1988, le quinquagénaire tâcheron réalise un beau succès de l’ère de la VHS, L’horrible invasion (1977), avec William Shatner, qui est sélectionné à Avoriaz en 1978. Le film d’invasion arachnide reflète une époque de terreur animale à l’écran : des fourmis aux abeilles, tout y passe pour mélanger les genres, le film d’horreur à la façon des Dents de la mer, et les films catastrophes en vogue. L’horrible invasion laissera une trace indélébile grâce à un succès prolongé en VHS. Cela sera par ailleurs son seul film distribué à grande échelle en France, via UGC Distribution.
Le cinéaste prend en route des projets qui ne lui sont pas destinés, comme The Dark (Les nuits de la violence), que Tobe Hooper lâche en cours de préparation (1978). Le film sort discrètement en province en France et demeure méconnu. Il est aussi le réalisateur de Mutant, encore une fois projet abandonné par son cinéaste qui ne supporte pas les orientations qui lui sont imposées. Pour Charles Band, le cinéaste tourne La nuit de la fin des temps, aka La nuit des extra-terrestres, sur un scénario co-écrit par David Schmoeller.
A la fin de sa carrière, le vétéran réalise deux films pour la société Cannon Group, alors mise sous assistance respiratoire. Il dirige Skeleton Coast avec Ernest Borgnine, Daniel Greene et Oliver Reed, Gor II (Les bannis de Gor), avec Urbano Barberini et Jack Palance. Son dernier long, Act of Piracy lui permet de collaborer une fois de plus avec Igo Kantor, déjà à l’œuvre sur L’horrible invasion, The Dark ou Mutant. Il y dirige Gary Busey (Peur bleue d’après Stephen King, et L’arme fatale).
Entre les films, l’artisan du bis est aussi chauffeur pour des acteurs de seconde catégorie. Il faut savoir gagner la croûte jusqu’à la retraite américaine, consistant à travailler jusqu’à la fin.
John ‘Bud’ Cardos décède dans son ranch en Californie, dans son sommeil. On est la veille du passage à l’an 2021, un 31 décembre. Onze jours plus tôt, ce passionné de la vie célébrait ses 91 ans. Avec lui, c’est toute une célébration du système alternatif à Hollywood qui s’éteint, en toute discrétion. Passionné du western, il laissera néanmoins sa marque dans l’horreur. Life is a Witch.
Ils nous ont quittés en 2020
Filmographie (réalisateur) :
- 1970 : The Red, White, and Black
- 1972 : Drag Racer
- 1977 : L’Horrible Invasion (Kingdom of the Spiders)
- 1979 : The Dark
- 1979 : Le Jour de la fin des temps (The Day Time Ended)
- 1984 : Mutant (Mutant – Night Shadows)
- 1988 : Skeleton Coast
- 1988 : Les Bannis de Gor (Outlaw of Gor)
- 1988 : Act of Piracy
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