Gaby Morlay fut une actrice importante du cinéma français en noir et blanc. Monstre sacré des années 30 et 40, elle a tourné avec Maurice Tourneur et Sacha Guitry.
Gaby Morlay, une star du muet et du parlant, de la scène et du cinéma
Actrice française, Gaby Morlay a pour vrai nom Blanche Fumoleau. Elle débute au grand écran en 1914 et joue dans des courts métrages de Max Linder. En même temps, elle connaît une notoriété croissante à la scène dans des drames mondains de Henry Bataille ou Louis Verneuil. Elle devient dans les années 1920 à la fois une vedette de théâtre et de cinéma. On la voit notamment au Théâtre de l’Athénée dans Les nouveaux messieurs (1926) de Robert de Flers et Francis de Croisset, dont elle reprend le rôle principal dans le long métrage éponyme de Jacques Feyder, en 1928. L’arrivée du parlant fait de Gaby Morlay un monstre sacré du cinéma français des années 30, statut qu’elle gardera jusqu’à la Libération.
Son jeu est certes caractérisé par une série d’effets : « une diction très sèche, une tendance à minauder, des airs défaits, un rire en cascade » (Philippe Pallin, Une histoire du cinéma français, 1930-1939). La comédienne cartonne dans des mélos à succès dont Accusée, levez-vous ! (1930) de Maurice Tourneur et Mélo (1932) de Paul Czinner : cette adaptation d’une pièce de Bernstein sera également l’objet d’un film éponyme d’Alain Resnais en 1986, avec Sabine Azéma (César de la meilleure actrice). Avec le recul, on préfère Gaby Morlay dans des comédies, où elle se montre pétulante et spirituelle, comme Quadrille (1937) de Sacha Guitry, Hercule (1937) d’Alexandre Esway et Carlo Rim, ou Paris-New York (1940) d’Yves Mirande.
De la gloire excessive à l’oubli injuste
Pendant l’Occupation, l’attitude de Gaby Morlay est exemplaire mais elle est associée à une certaine morale de Vichy en tournant Le voile bleu (1942), mélo redoutable où elle symbolise le sacrifice féminin. Le film a pourtant des qualités techniques et narratives indéniables et la comédienne y révèle un vrai tempérament dramatique, sans surjeu ni effets larmoyants. Cette étiquette d’actrice tire-larmes lui collera pourtant, et elle connaîtra après sa mort un oubli relatif, contrairement à une Arletty, moins prestigieuse à l’époque, mais qui elle accèdera au mythe.
En attendant, Gaby Morlay est associée à des réussites ou succès de l’après-guerre et des années 1950 dont Un revenant (1946) de Christian-Jaque, Gigi (1948) de Jacqueline Audry et Papa, maman, la bonne et moi (1954) de Jean-Paul Le Chanois. Et elle connaît un effacement méritoire dans deux films culte : on apprécie Gaby Morlay en épouse désabusée dans le segment « Le masque » du Plaisir (1952) de Max Ophüls ; et elle incarne avec classe une vieille institutrice clairvoyante dans L’amour d’une femme (1953) de Jean Grémillon. Gaby Morlay tourne jusqu’en 1964, année de son décès à l’âge de 71 ans.