Chishû Ryû a une carrière qui se déroule de 1928 à 1992, avec plus de trois cents films à son actif. Il reste dans l’histoire du cinéma comme l’un des interprètes emblématiques de Yasujirô Ozu.
Chishû Ryû, indissociable du cinéma d’Ozu
Parmi ses rôles avec le cinéaste dans les années 30 et 40, on peut citer le camarade de classe dans J’ai été recalé, mais… (1930), le professeur dans Le fils unique (1936), l’ami de la famille dans Les frères et sœurs Toda (1941), l’enseignant démissionnaire d’Il était un père (1942), le diseur de bonne aventure de Récit d’un propriétaire (1947), ou le père de famille de Printemps tardif (1949).
Le cinéaste lui donne des emplois encore plus denses à la décennie suivante et le voici retraité, décidé avec son épouse à rendre visite à ses enfants à l’occasion d’un Voyage à Tokyo (1953), ou père dépassé dans Bonjour (1959).
On le voit aussi dans ces chefs-d’œuvre d’épure que constituent Été précoce (1951), Le goût du riz au thé vert (1952), Crépuscule à Tokyo (1957), Fleurs d’équinoxe (1958) et Herbes flottantes (1959).
Dans les années 60, il incarne le défunt autour duquel s’effectuent les retrouvailles de Fin d’automne (1960), un paysan dans Dernier caprice (1961) et le veuf hésitant à marier sa fille dans Le goût du saké (1962), ultime film d’Ozu.
Un acteur pour d’autres cinéastes
Le talent sobre de Chishû Ryû a été utilisé par d’autres maîtres du cinéma japonais. Commerçant dans L’armée (1944) de Keisuke Kinoshita, promeneur dans Filles, épouse et une mère (1960) de Mikio Naruse, ou médecin de quartier dans Barberousse (1965) d’Akira Kurosawa, il alterne premiers et seconds rôles avec une belle régularité.
Sa longévité le voit figurer au casting de Funérailles (1984) de Jûzô Itami, dans le rôle du prêtre. Il termine sa carrière en interprétant un vieil homme dans Rêves (1989) d’Akira Kurosawa, et un juge dans La moisson lumineuse (1992) de Kei Kumai.
Wim Wenders lui a rendu hommage dans le documentaire Tokyo-Ga (1985), et en lui offrant un rôle dans Jusqu’au bout du monde (1991).
Chishû Ryû est lauréat de plusieurs récompenses dont le Prix spécial de la Japan Academy, qui lui fut décerné à titre posthume en 1994.